Aussi incroyable que cela puisse paraître Dust : An Elysian Tail est le fruit du travail d'un couple, celui de Dean et Elisabeth Dodrill. Elisabeth est la créatrice du web comic Vicki Fox , alors que Dean n'est autre que l'animateur du personnage de la série Jazz Jackrabbit, un jeu de plateformes PC des années 90. Et si le qualificatif d' "incroyable" n'est pas de trop, c'est que dès que l'on découvre Dust : An Elysian Tail, on est saisi par la qualité graphique du titre, véritable dessin animé, aux décors sublimes, colorés, rappelant immédiatement le formidable Muramasa sorti sur Wii il y a quelques années.

Furry en Metroidvania

Dust : An Elysian Tail est un beat'em all auquel s'ajoute des éléments de RPG (inventaire, crafting) empruntant dans sa structure les principes des "Metroidvania". C'est à dire que le joueur devra revisiter certains un lieu une fois une capacité découverte (en l'occurrence dans ce jeu, la glissade ou la possibilité de s'accrocher à des racines aux murs) pour progresser. Dust, un furry au visage masqué et au charisme indéniable est le héros de cette aventure et sera accompagné d'une petite fée aux airs de peluche, Fidget. Amnésique, muni d'une épée douée de parole et qui semble en savoir bien plus sur le passé et le destin de Dust que le héros lui-même, le voici parti pour débarrasser les terres de Falana des monstres qui y sèment le chaos et retisser la toile mystérieuse de son passé pour se donner un futur. Empruntant encore une fois au RPG, le petit trio aura une quête principale à faire avancer mais aussi des petites missions annexes à remplir pour au final proposer au joueur une durée de vie assez conséquente d'une grosse dizaine d'heures.

From dust...

De nombreux objets à collecter seront disponibles pour faire augmenter les capacités de Dust : des bagues, des vestes, à équiper, certains éléments récoltés sur les ennemis servant aussi à fabriquer des artefacts plus puissants encore. Dust gagne en niveau au fil des combats et il faudra attribuer à chaque nouveau palier, un point supplémentaire à son attaque, sa barre de vie, sa défense, la puissance des attaques de Fidget, etc. Au moment de découvrir le système de combat, il est immédiatement très plaisant : vif, spectaculaire, on envoie valdinguer les monstres dans les airs, on contre dans un effet de ralenti bienvenu et surtout on veille à ne pas casser sa chaîne de combos, élément vraiment accrocheur. Comme en plus, on peut combiner l'attaque tornade de Dust avec les boules d'énergie, de feu, de foudre de Fidget, les ennemis s'en prennent plein la tronche le compteur grimpe à toute vitesse. Trop vite ?

... to dust, en trois secondes

Parce que voilà, si d'emblée on est séduit par la direction artistique du titre et ce système de combat aisé à prendre en main et immédiatement jouissif, au bout de quelques heures de jeu, la lassitude s'installe. Déjà, le même type de monstre revient tout le temps, mais surtout la palette de coups du personnage n'évolue pas, le joueur répétant ainsi toujours les mêmes attaques au fil des heures. Mais le pire, c'est que le titre est mal calibré dans sa difficulté et quand on a ajouté le bon objet puissant (on en trouve assez vite dans le jeu) et chopé le truc, plus rien, ni horde d'ennemis, ni boss, ne résiste à nos attaques. Par une utilisation simultanée des quatre boutons de la manette, Dust frappe dans les airs avec son attaque tornade cumulée aux attaques magiques dévastatrices de Fidget et fait le ménage en moins de deux. Il m'est ainsi arrivé de passer certains niveaux (le jeu est découpé en grands tableaux), sans m'arrêter ou en cherchant à savoir ce qu'il s'y passait. De cette manière bourrine qui est une faille énorme de gameplay, les boss ne tiennent pas plus de deux minutes chrono, quel que soit le mode de difficulté. Je ne suis pas là en train de vous dire que je suis super balèze, c'est bien la jauge de challenge trop sous-dosée qui enlève une grosse partie de son intérêt au titre. Pourquoi écouter ce que les PNJ (dont les sprites qui s'affichent en grand me rappellent quand même les pâles copies de Sherlock Holmes de Miyazaki qu'on trouvait pour trois sous en VHS dans les supermarchés quand j'étais mioche), alors qu'il suffira de nettoyer sans discernement une zone en appuyant sur les quatre boutons. Il y a bien une jauge faite pour limiter ce genre de choses, mais une pause d'une à deux secondes et un coup classique de mélée, votre jauge est remplie de nouveau, et c'est reparti. Enfin, pour revenir sur les boss, leur charisme n'a rien à voir avec ceux de Muramasa autrement plus impressionnant, et qui rappelons-le proposait deux combattants et de multiples épées.

En résumé, Dust : An Elysian Tail a beaucoup de choses pour lui : il n'est pas cher, son aventure s'étale sur au minimum douze heures de jeu, il est visuellement très beau (si l'on excepte la plupart des PNJ en gros sprites que certains titres sur CD-i n'auraient pas renié) et son système de combat ainsi que ses ajouts typiques du RPG sont de prime abord plaisants. Mais de système de combat, on se rend compte assez vite qu'il n'y en a pas vraiment, rien n'évoluant du début à la fin dans la manière de se débarrasser des monstres, les combats de boss étant des non-événements. Difficile alors d'accrocher à l'histoire pourtant moins enfantine qu'on pourrait le croire au début des dialogues un peu lourdingues entre Dust et Fidget. Et que voulez-vous, que l'on soit deux ou cent à réaliser un jeu, au final, ce genre de chose ne compte pas...