Vous le savez déjà, alors nous n'allons pas vous refaire l'histoire : après une (première) fin de carrière bien maladroitement gérée, la saga Tony Hawk's Pro Skater joue comme tant d'autre la carte magique de la compilation remasterisée, en accolant ensemble les deux premiers opus, rehaussés par un nouvel écrin propre à l'affichage en haute définition. Soucieux de s'assurer de notre intérêt toujours prompt à rejoindre la scène skate-punk, Tony Hawk's Pro Skater 1+2 nous a ouvert les portes de son célèbre entrepôt, le temps de sortir quelques 900° des familles et de choper quelques ecchymoses au genou.

Ouvrez grand les Vans

Commençons par planter le décor : cette démo disponible pour les skaters boys (and girls) qui auraient précommandé la version finale se contente très clairement du strict minimum, puisque l'expérience se borne à un libre tour du propriétaire pour retrouver les bonnes sensations d'antan. En clair, n'espérez pas boucler la liste d'objectifs qui nous tenaient en haleine à l'époque ou la série ne nous accordait que des runs de deux minutes : si le compteur de temps reste bien présent, l'Entrepôt ne propose dans cette première version aucun item. Un choix pour le moins curieux, qui nous amène évidemment à nous demander ce que nous réservera la version finale. Contacté à ce sujet, l'éditeur Activision nous a demandé de patienter et nous promettant plus d'informations sous peu.

Qu'importe : les sensations sont elles bien présentes, et les joueurs qui ont laissé la série au sommet de sa gloire (il y a donc une bonne quinzaine d'années) retrouveront quasi-instantanément leurs marques, puisque cet opus reprend les bases installés par Tony Hawk 's Pro Skater et sa suite, non sans emprunter quelques ajouts ultérieurs histoire de fluidifier le tout. Dans des décors liftés du siècle dernier, vous pourrez donc faire péter le compteur en poursuivant un combo à la retombée via le revert, ou gratter quelques transferts avec une pression conjointe des gâchettes L2 et R2, un mélange anachronique mais tellement indispensable pour profiter d'un gameplay toujours aussi plaisant, et assurément barré. Que les puristes reposent leurs fourches : Vicarious Visions a pensé à eux, puisqu'ils pourront choisir entre une maniabilité plus fidèle aux versions d'époque, qui nous rappelle surtout à quel point le premier opus était raide. En revanche, nos inquiétudes concernant la fluidité du titre se sont envolées : malgré un out of bound sorti de nulle part, le jeu tient clairement la route, et ne souffre plus des saccades qui accompagnaient ses premiers extraits. On a failli avoir peur.

Nos artistes ont du Talent

Seul le père Faucon était ici jouable, et si le visage le plus connu de la discipline enchaîne toujours sans broncher les figures de style avec l'aisance d'un adolescent va-t-en guerre, la sensation de gravité s'avère un peu plus présente qu'il y a vingt ans. Le feeling arcade demeure intact, que l'on se le dise, mais les sauts surréalistes qui ont entre autres fait le succès de la série nous amènent à une autre interrogation : quid des statistiques de l'époque, qui permettait d'améliorer progressivement son poulain ? Loin de nous l'idée de spéculer sur la présence d'un stage lunaire que les vieux keupons n'auront pas oublié, mais l'on ne peut s'empêcher de se demander si ce choix plus "réaliste" (à l'échelle de la série, entendons-nous) ne permettraient pas aux nouveaux venus de briller un peu plus. Tant de questions et pour le moment si peu de réponses.

La présence du skateur éponyme permettait en revanche sans pouvoir s'en équiper de jeter un oeil à ses tenues supplémentaires, qui collent forcément plus au quinquagénaire de 2020. Les planches à roulettes s'avèrent encore plus nombreuses, et au moins aussi inaccessibles, mais laissent présager d'une variété suffisante, surtout lorsque l'on découvre le généreux casting de ce remaster, distillé un à une dans l'introduction, portée par un Zack de la Rocha toujours aussi énervé et... censuré. Oui, même en 2020, impossible de glisser un petit shit des familles. Triste. Heureusement, les petits nouveaux invités à participer à la bande-son se voient ici représentés par le groupe Billy Talent, dont le morceau Afraid of Heights et qui date de 2016 s'intègre fort bien au rock de la fin des années 1990. Chaque chute sera d'ailleurs sanctionnée par le fameux bruit dit du "vinyle qui dérape" (d'aucun diraient jazz music stops), qui offre ainsi une raison supplémentaire de surveiller ses atterrissages pour ne pas voir son multiplicateur voler en éclats.

Tonycoti, Tonycoton

Gageons que toute nos tentatives de briller sur le plan du scoring seront également récompensées dans la version finale, puisqu'il nous était ici impossible de dépenser les précieux dollars gagnées toutes les deux minutes. En revanche, un petit tour dans les nombreux menus du jeu nous a permis de passer quelques minutes à personnaliser la grille de tricks et grabs spéciaux, qui ne pourront s'exécuter qu'une fois la barre de Spécial remplie. Une fois sûr de votre coup, vous pourrez alors tenter de sortir l'iconique 900° et autres 5-0 Overtun du père Hawk, avec à la clé un supplément de classe certain.

Et quitte à parcourir les menus, notons ce qui s'apparente à un certain franchissement du Rubicon, en la présence immédiate d'un onglet de triche, qui permet à la volée de s'assurer un équilibre parfait, et de dire adieu aux chutes, celles qui stoppent brutalement la musique, pour mieux vous rappeler votre excessive gourmandise. Après tout, certains ne sont sans doute pas là pour le beau jeu, mais pour oublier que nous ne sommes plus en 2000, et que personne ne vous attendra ce soir au skate-park du coin. En tous cas, personne de votre crew.

ON L'ATTEND... POUR SAVOIR SUR QUEL PIED GRINDER
Inutile de se le cacher : enchaîner grind, revert, manual pour finir sur un grab à 540° alors que John Feldman pousse la chansonnette fera son petit effet à n'importe quel joueur peiné par l'absence de la série Tony Hawk's Pro Skater, qui n'en finissait plus de se perdre. Alors certes, les sensations sont au rendez-vous, les promesses nombreuses, mais il reste rageant de devoir patienter jusqu'à la sortie de cette compilation 1+2 pour vraiment découvrir ce que le quinquagénaire et sa joyeuse troupe ont réellement dans le ventre. Quid des objectifs ? De la gestion de carrière ? Du mode Création ? Pour connaître la réponse, il faudra malheureusement patienter jusqu'au 4 septembre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. C'est qu'au vu de l'attente, il ne faudrait pas décevoir son public, cher Tony.