Depuis une semaine, une polémique s'est mise à enfler lorsque certains se sont rendus compte pleinement qu'en multijoueurs, il était possible d'incarner le camp des Talibans dans les parties de Medal of Honor. Les "amis et familles des soldats tombés au combat" ont ainsi réagit vivement, et Electronic Arts a décidé de retirer les talibans du jeu. Ou plutôt, de renommer l'équipe affrontant l'armée US en "force adverse".

Greg Goodrich, producteur exécutif de Medal of Honor, a déclaré que cette décision n'est intervenue qu'en réponse aux réactions des proches de soldats décédés, uniquement.

C'est une voix très importante pour l'équipe de Medal of Honor. Une voix qui a gagné le droit d'être entendue. C'est une voix à laquelle nous sommes très attachés. Pour ces raisons, et parce que l'âme de Medal of Honor a toujours résidé dans le profond respect des soldats Américains et Alliés, nous avons décidé de renommer l'équipe adverse dans le multijoueurs de Medal of Honor, de Taliban à Force Adverse.

Pourtant, alors que la polémique prenait de l'ampleur, Frank Gibeau, Président d'EA Games, avait dit à Develop que le jeu ne serait pas altéré à cause d'une levée de bouclier des politiques ou des médias.

Les jeux qui prennent des risques soulèvent beaucoup de passion - comme les jeux qui vous laissent jouer des terroristes dans des aéroports, massacrant des civils. Chez EA nous sommes intimement convaincus que le jeu vidéo est une forme d'art, et je ne vois pas pourquoi des films et des livres se déroulant en Afghanistan ne se font pas attaquer, alors que les jeux le sont. Qu'il s'agisse de "Le Rouge Insigne de Courage", ou "Démineurs", les médias d'une époque peuvent être une plate-forme pour les gens désireux de raconter leurs histoires. Les jeux sont en train de devenir cette plate-forme.

Malgré toutes ces déclarations, le changement aura donc bien lieu, mais il n'impactera en rien les mécaniques et le jeu lui-même, a ajouté Goodrich. Mais, à l'évidence, d'autres réactions ont suivi, critiquant l'éditeur en arguant qu'il ne défendait pas le média, revenait sur ses déclarations, et n'assumait pas ce qui relève de la liberté d'expression. La réponse légèrement hors-de-propos d'EA, par l'intermédiaire de son vice-président de la communication Jeff Brown, ne s'est pas faite attendre :

La raison pour laquelle nous sortons la démo multijoueurs (...), c'est pour permettre aux gens de juger par eux-mêmes.Est-ce que changer un mot sur l'écran de menu a un quelconque impact sur le jeu en lui-même qui se déroule en Afghanistan ? S'ils pensent que nous n'aurions pas dû le faire, je les invite à y jouer.

Après l'épisode de Six days in Fallujah, abandonné par Konami, la question demeure donc : le jeu vidéo peut-il, doit-il, utiliser des conflits d'actualité comme base ? Jusqu'où peut-on aller en matière de docu-fiction ou de fiction tout court dans le jeu vidéo par rapport aux autres médias ?