Je n'ai pas pour habitude d'écrire des « première impressions », mais cette fois, je vais tenter l'exercice, autant parce que  j'ai eu le jeu un peu en avance que parce que je pense que j'aurais énormément de choses à dire dans mon test final.

Bioshock Infinite, c'est un jeu que  j'attends impatiemment, on pourrait même dire fébrilement, depuis environ 2 ans. Il faut savoir que cette série a durablement marqué ma culture vidéo-ludique, et même philosophique. Le premier Bioshock mais fait comprendre à quel point la Direction Artistique, mais aussi la portée philosophique du récit, pouvaient faire d'un basique shooter un jeu totalement culte. Rapture, la ville sous-marine, m'avait elle aussi fortement impressionnée, par sa sublime décadence, son évolution art déco autarcique mais aussi par son idéologie individualiste.

 

Autant dire que pour reprendre le flambeau avec Bioshock Infinite s'annonçait difficile, que ce soit en termes d'esthétique, d'identité et de philosophie. Or les tout premiers instants du jeu surprennent par leur extrême ressemble avec Bioshock : probablement une blague de Ken Levine qui, in fine, réussit à rendre le premier contact avec la ville aussi « breath taking » que dans le jeu d'origine.

 

Columbia est au moins aussi captivante et "breath taking" que Rapture

Première rencontre du jeu : Columbia. On déboule donc assez rapidement dans la nouvelle ville pour ce qui s'annonce rapidement comme une sorte de grosse introduction qui va durer quelques heures. Autant le dire tout de suite, la première heure de jeu est largement contemplative...mais quelle contemplation ! Dès les premières images de Columbia, on comprend que Bioshock Infinite fait partie de ces jeux qui éludent complètement des graphismes pas extraordinaires (c'est pas moche non plus hein) par une DA qui explose la rétine. Le héros Booker DeWitt évolue ainsi dans un environnement très fin 18ème (le jeu se déroule en 1912), et surtout très différent de la Rapture de 1949 : C'est très coloré, très ensoleillé, et surtout très vivant. Car ces premiers instants montrent que Columbia n'est pas une ville mourante comme l'était Rapture. Les habitants vivent leur petite vie, sans vous sauter à la gorge. Bref, on arpente donc les rues (pas totalement des couloirs, mais pas non plus très ouvert), s'arrêtant de si de là pour être témoin de la vie de tous les jours de Columbia. L'idée du didactitiel fondu dans la fête foraine est d'ailleurs excellente.

Pour le moment du moins donc, Columbia rassure : Cette ville à une âme propre, comme l'avait Rapture, mais une âme qui se démarque très nettement du passé sous-marin de la série.

 

Saint Washington, Saint Franklin et Saint Johnson : Dès le début, le ton est donné

Mais Bioshock, c'était aussi une critique sociale et politique. Et dés le début de Infinite, on est confronté à la critique « fil rouge » du jeu : la religion, le racisme. Georges Washington, Benjamin Franklin et Samuel Johnson érigés en saints, la symbolique du baptême, les affiches et messages prônant la pureté de la race : Là ou Rapture était une critique de l'Objectivisme Randien, Columbia est dès le départ posée en égérie de l'Amérique blanche, puritaine, qui illumine le monde de sa liberté. Bref, le début du jeu vous en mets plein la face et tranche encore une fois avec les premiers Bioshock par une atmosphère et une critique bien  différentes de l'original. Maintenant reste à voir les différents thèmes qui seront abordés tout au long du jeu (Bioshock abordait par exemple la science, l'art, l'industrie,...).

 

Les gunfights restent très classiques, mais ce n'est pas là qu'on cherche à être surpris 

Chose étonnante, les premiers gunfights n'ont lieu qu'après environ une heure de jeu. L'ambiance plutôt bonne enfant dégénère d'ailleurs assez brutalement, et vous voilà jeté dans l'arène, avec votre pistolet à abattre à la chaine des gardes. Bon allons droit au but, je n'ai pas ressenti quelque chose de très différent de ce que j'ai pu ressentir sur le premier Bioshock, quoique la prise en main est peut-être un peu plus nerveuse. Une main tire, l'autre envoie divers pouvoirs, du lancer de corbeaux assez voraces aux boules de feu, on retrouve plus ou moins les grands classiques d'Irrationnal Games. La principale nouveauté vient des phases sur les « rails » de la ville, ou Booker se lance dans de beaux (mais pour le moment assez contemplatifs) roller coaster entre les buildings. Bref, on est plutôt en terrain connu, et ça ne dérange pas, étant donné que ce n'est globalement pas ce qu'on cherche dans un Bioshock.

 

Les premiers contacts avec Elizabeth laissent présager un personnage utile, intéressant et surtout vivant

Enfin, ce qui est un peu la conclusion de ces « premières impressions », la première rencontre avec Elizabeth. Après une longue phase contemplative (mais tellement bien menée) au cours de laquelle vous aurez l'occasion de prendre conscience de l'isolement de la belle, c'est le premier contact entre nos deux héros. Après une échappée de la tour qui restera probablement longtemps gravé dans ma mémoire (Quel extraordinaire mix de musique, stress et beauté visuelle), j'ai enfin l'occasion de voir que les vidéos promotionnelles n'avaient pas menti. Jusqu'à maintenant, Elizabeth n'est jamais un boulet, toujours utile en combats, et surtout, elle est vivante. Vivante car elle ne reste pas en pied de grue en attendant que vous bougiez pour vous suivre.  Elle vaque à ses occupations, observe les alentours, s'amusent avec les éléments du décors : Bref, Elizabeth n'est pas une potiche, même si j'attends de voir ce que ça donne a plus long termes.

Voilà ce que je peux dire pour l'instant. Après 3-4 h de jeu, je peux dore et déjà dire que je ne suis pas prêt de lâcher la manette. Tous les éléments que j'attendais, à savoir un vrai univers, intelligent, riche, vivant, une vrai critique sociale et politique, et enfin une DA juste puissante, sont présents.  Très clairement, le jeu commence assez bien pour que je songe a en faire mon GOTY assez rapidement. J'avais peur d'être déçu, et là, je me retrouve avec un début au moins aussi riche, si ce n'est plus, que celui de Bioshock.