Les musées consacrés aux jeux-vidéo rétro sont non seulement l'occasion de découvrir de vieux titres, mais également d'apprendre beaucoup de choses sur les difficultés et opportunités qui ont émaillé leur développement. C'est le cas de Gauntlet, pièce maîtresse dans le portfolio d'Atari. Les nombreux dessins de conception de cabine d'arcade dévoilés montrent toute la complexité de la tâche.
 
 
 
Le cas Gauntlet est emblématique car ce hit d'époque proposait un mode quatre joueurs en coopératif, une option totalement quasi inédite en arcade (1985). Selon le directeur de la société organisatrice de cette exposition, le jeu d'Atari constituait à lui seul un défi : "l'industrie était dominée par des expériences joueur contre ordinateur, à l'exemple de Space Invaders. Il existait bien des modes deux joueurs mais la norme était un joueur". Le géant d'alors, avait pour habitude de créer de coûteux meubles inévitablement répercutés sur le prix d'une session de jeu.
 
 
Cependant, les études de marché commandées par la compagnie américaine, ont fait apparaître l'existence d'un prix psychologique plafond à partir duquel les joueurs rechigneront à mettre la main à la poche. Afin de poursuivre sa croissance, Atari a rusé pour augmenter de manière significative le revenu par tête : fabriquer des jeux multijoueurs. Au lieu des 25 cents, c'est la somme d'un dollar qui était récoltée pour une partie d'une durée presque similaire au jeu solo (la difficulté était nettement rehaussée).
 
 
 
La partie n'était pas gagnée pour autant. Lorsqu'Ed Logg, génial créatif de Centipede et Asteroids, présente pour la 1ère fois au cabinet marketing d'Atari Gauntlet, l'accueil a été glacial : "ils se sont interrogés sur la possibilité de fédérer quatre personnes qui ne se connaissent pas" déclare le directeur. Un test grandeur nature sera mis en place afin de trancher la question : "cela a été une réussite. Ce titre avait prouvé qu'il n'était pas nécessaire de se connaître pour jouer ensemble".
 
 
 
Bien en amont de production, le design du meuble a donné du fil à retordre aux ingénieurs d'Atari. Le placement des quatre joueurs était très problématique (les coudes, la visibilité de l'écran...), le panneau de contrôle cassait les standards d'ergonomie des jeux d'arcade. Les images de prototypes griffonnés témoignent des nombreuses tentatives qui ont été proposées afin de garantir le succès commercial du jeu. Le numéro un américain engrangera des millions de dollars notamment grâce aux adaptations sur consoles et micros.