C’est le sujet du moment. Le cloud gaming remplit les pages des sites web et des magazines spécialisés. Et pour cause, l’avènement de Stadia est comme venu donner un coup d’accélérateur à cette technologie que les bons connaisseurs de cette spécialité réservaient un peu trop vite aux acteurs historiques. Mais une étude fraîchement publiée par le cabinet d’analyse IHS Market douche l’euphorie médiatique…

Il se dit que ce secteur à forte capitalisation pousse les ennemis d’hier à s’associer, à l’image de l’alliance sans précédent entre MS et Sony. Même Nintendo, aux positions traditionnellement très conservatrices, étudie sérieusement un rapprochement avec le géant nord-américain. Ce bouillonnement portera le jeu en nuage de 387 millions de dollars en 2018 à 2,5 milliards de dollars en 2023.

Ce dynamisme fait cependant illusion selon Piers-Harding Rolls, responsable du secteur jeux vidéo chez IHS Market : « nous pensons qu’il existe un décalage important entre l’agitation qui règne dans l’industrie et la transition effective du marché du cloud gaming ». Bien que le chiffre de 2,5 Mds de $ donne le vertige, cela ne représentera pas plus de 2% du marché du jeu vidéo. L’analyste anticipe un démarrage lent avant une adoption « rapide à long terme ».

Le grand gagnant de ce nouvel eldorado du jeu vidéo ? « Sony est le principal acteur du marché s’octroyant 36% du chiffre d’affaires total de 2018 (…) adoptant une approche très mesurée pour déployer le PS Now avant de devenir plus agressif dans l’acquisition d’utilisateurs au cours de ces douze derniers mois », plaide-t-il. Cette performance commerciale donnerait au géant japonais l’opportunité de développer « une solide qualité d’expertise dans le cloud gaming ». A condition, et c’est le défi de cette prochaine décennie, « de développer de nouvelles superproductions » car le nerf de la guerre sera celui du contenu.

La gestion d’infrastructure réseau, devenue rapidement un mur infranchissable en raison des investissements colossaux que cette technologie impose, a conduit la société à se rapprocher de Microsoft. « Le meilleur choix pour Sony, en dépit de la dynamique concurrentielle entre la Xbox et la PS ».

Reste à identifier les modèles commerciaux et fixer un prix viable pour le consommateur et suffisamment rémunérateur pour l’ensemble des acteurs de ce marché.