Hello tous,

En cette heure avancée de la nuit, me voici devant vous pour vous faire part, comme promis, de mon expérience de la Nvidia Shield. Si vous ne connaissez pas la machine, n'en soyez pas inquiets : la petite portable n'est pour l'heure pas disponible de ce côté-ci de l'Atlantique, et c'est uniquement au prix de pas mal d'efforts (et d'euros) que vous parviendrez à mettre la main dessus en la commandant directement aux Etats-Unis (aux alentours de 300 dollars). Ce qui en vaut la peine pour les vieux de la vieille, comme nous l'allons voir dans les lignes ci-dessous.

La Shield a vu le jour chez Nvidia à partir d'un postulat tout simple : la nécessité d'imaginer une machine polyvalente associant les avantages d'une véritable manette et d'un écran de taille respectable, le tout dans un hardware orienté portable et doté de spécifités techniques capables de tenir en respect les consoles dédiées de la concurrence ( PS Vita et 3DS, suivez mon regard). Nvidia, que l'on connaît davantage pour ses cartes graphiques, a relevé le défi et développé un hardware répondant à ce cahier des charges assez contraignant. Résultat, un concept associant des capacités techniques au top et une manette ressemblant furieusement  à un pad Xbox 360, le tout surmonté d'un écran Rétina tactile 6 pouces de résolution 1280*720, ce qui s'avère fort respectable une fois devant les yeux. Belle bête, de fait, et dont la prise en main est tout-à-fait remarquable. Pour un hardware Android, c'est une première.

Le 31 juillet dernier, la machine débarquait donc outre-Atlantique : au menu, un processeur Tegra 4, une puce graphique Geforce, 2Go de RAM, 16Go de disque dur (et un port SD pour accroître cette capacité...) Autant dire une véritable petite bête de course, fonctionnant sous Jelly Beam mais sans commune mesure avec les smartphones du moment tant la puce graphique fait des merveilles. Les capacités du hardware, de fait, laissent pantois quiconque peut avoir la machine entre les mains. Les benchmarks font état de performances pouvant dépasser allègrement le triple de la puissance développée par un Galaxy Note 3. C'est dire...

Car la Shield est un monstre. Capable, tout d'abord, de streamer les jeux compatibles via Steam, pour peu que le PC affichant le jeu soit doté d'une carte graphique de modèle Geforce 650Gtx ou supérieur. Pour tout dire, jouer à Bioshock Infinite sur l'écran de la portable en activant toutes les options de rendu, à une résolution de 1280*720 pixels, est une expérience assez bluffante. Lancer les applications Android les plus gourmandes sans souffrir du moindre ralentissement est également un indice de la puissance du hardware. Mais ce qui impressionne le plus, c'est la capacité de la Shield à émuler des consoles et des CPU arcade, que l'on parle de 2D ou de 3D (pour peu que l'émulateur soit bien optimisé dans le cas de la 3D, ce qui n'est pas encore toujours le cas, cf l'émulation de Soulcalibur). Que l'on soit clair sur ce point : voici certainement la machine la plus performante en termes d'émulation que j'ai eue entre les mains de toute ma vie.

Les applications sont simples à installer, OS Android oblige. Le hardware se comporte comme un simple périphérique de stockage une fois branché en USB sur le PC. Y installer les émulateurs et les ROMS (dont vous possédez évidemment les originaux, of course) est un challenge relevé en quelques minutes à peine, et l'on en arrive bien vite à profiter de logiciels extrêmement performants, à l'image de Mame4droid ou de Retroarch. Le premier se concentre sur les titres arcade et Neo Geo, tandis que le second est une véritable bible vivante des jeux vidéo : Master System, Megadrive, Nes, Super Nes, arcade, Playstation, PC Engine, Wonderswan, Gameboy, Neo Geo Pocket, N64... Tout y passe, et surtout se lance sans sourciller. Profiter d'un PC Kid à 60 images par seconde, avec une colorimétrie parfaite et un pad totalement adapté : voici l'exemple type de ce que peut proposer la Shield, sans même avoir l'air d'y penser.

C'est que l'on parle d'un combo software-hardware qui a banni les ralentissements de son vocabulaire : les titres ayant du mal à tourner en version émulée sur le support sont extrêmement rares, et quand un problème se fait jour, c'est principalement pour des soucis d'ergonomie. Le problème, notamment, de l'émulateur SCUMM, qui fait tourner les point and clic de l'âge d'or de LucasArts : l'absence de touche d'option empêche de sauvegarder sa progression. En revanche, pas de souci pour lancer un Street Fighter 3 third strike version CPS3: pourtant gourmand en ressources, le jeu de Capcom tourne sans sourciller (sur Finalburn via Retroarch, le titre étant incompatible avec Mame) et propose à peu de choses près les sensations arcade dont je peux profiter sur mon Aero City. Il en va de même pour pas mal de shmups CAVE, pourtant connus pour être particulièrement délicats à émuler. Difficile de prendre en défaut la Shield, de fait : puissante et bénéficiant, côté suite logicielle, d'une bonne optimisation, elle fait des merveilles dans quelque configuration que l'on parle. N'oubliez pas, néanmoins, de désactiver le frameskip dans les options de votre émulateur : la machine tend, par défaut, à supprimer quelques images par seconde de crainte de voir l'image saccader. Ce ne sera jamais le cas - ou presque -, rassurez-vous.

 On pourrait croire que la taille réduite de l'écran rend l'expérience plus plaisante que sur un 40 pouces. Grosse erreur, car la Shield sort, face à cette méprise, son atout maître : une connectique mini-hdmi to HDMI qui lui permet de diffuser son image et son son directement sur un écran de télévision, en 720p, 1080i voire même 1080p. La chose peut laisser dubitatif... jusqu'au moment où elle s'affiche à l'écran : le rendu, upscalé par rapport à la version console ou jamma originale, est absolument bluffant. Je vous renvoie, en la matière, à cette vidéo d'une émulation de l'excellent Crazy Taxi version arcade : vous y noterez que la fuidité est au rendez-vous, mais aussi que la résolution est vraiment propre. A ma connaissance, la Shield est la seule machine à proposer une telle option, et elle le fait à la perfection.

Voici maintenant un peu plus de trois semaines que la Shield est entre mes mains. Pour tout dire, je ne lui ai guère trouvé de défauts pour l'instant, à tel point qu'il s'agit désormais de la portable qui se promène dans ma poche au quotidien. Certes, son poids (580 grammes) et son encombrement son un peu supérieurs aux machines dédiées de Sony et Nintendo, mais mon goût pour le retrogming, la possibilité d'installer une partie sur grand écran chez n'importe quel ami, la durée de la batterie (dix heures !) et l'ergonomie offerte par le pad me la rendent indispensable. Tout au plus dois-je affronter un bug de l'OS qui semble assez récurrent sur la machine, mais sans gravité : la Shield freeze parfois au démarrage, nécessitant un ou deux reboots avant de s'initialiser correctement. La chose est un peu frustrante lorsque l'on y est confronté pour la première fois, puis on s'habitue, d'autant plus aisément qu'un reset ne prend qu'une grosse quinzaine de secondes. Et je ne désespère pas de voir apparaître une mise à jour du firmware réglant le souci...

La Shield, hélas, ne semble pas destinée à voir le jour en Europe. Une deuxième version,  équipée du processeur Tegra V, pourrait cependant être commercialisée en 2014 et atteindre cette fois le vieux continent. Vous l'aurez compris, je vous recommande chaudement, si la chose devient réalité, de vous y intéresser de près...