Le 1er février 2011 :

Il est 18h11, et ma première journée d'examen est passée. Bien passée, certes, mais cela reste un hors-d'œuvre par rapport au gros morceau de demain.
Qu'est-ce qui m'a pris de prendre une garde ce soir-là... Ah oui : elle avait 50% de chances de sauter. Les jeux de hasards ne me réussissent décidemment pas...


18h20 : Je tombe sur Anas, un des anciens avec qui j'avais sympathisé, à l'époque où je n'étais qu'un jeune P2. Il est actuellement en 3ème semestre de MG et est absolument enchanté par ce qu'il fait. A méditer...

18h44 : Je tombe sur Florian, mon coexterne du soir, qui est arrivé un poil plus tôt que moi (ou bien, c'est moi qui suis en retard ? Je refuse de le croire...). Nous essayons d'élaborer une stratégie pour sortir plus tôt.
Qui tombe à l'eau quand nous voyons à quel point les urgences sont remplies.
D'ailleurs, pas le temps de réfléchir. Cyril, le CCA, nous prend directement, disant avoir besoin de nous.

Nous allons dans le couloir, où un patient, entouré d'une dizaine d'aides-soignants et d'infirmiers, a l'air de s'énerver tout seul. Cyril lui dit de se calmer, mais celui-ci répond en éclatant violemment son portable au sol. Il cire : « Qui veut se battre ? J'ai fait du karaté ! ». Il veut vraiment en découdre...
Cyril arrive néanmoins à le pousser vers son box, en tentant de le rassurer.
Mais une fois arrivé sur le pas de la porte, il se rebiffe et d'un seul coup, moi, Florian, Cyril et les autres nous jetons sur lui pour le forcer à s'allonger dans le lit afin de lui mettre des contentions.
Cela dure un long moment, les infirmières ayant apparemment du mal à les verrouiller.

Cela n'empêche pas le malade de se débattre et de nous promettre « qu'il se souviendra de nous au jugement dernier ». Après mille efforts pour lui baisser son pantalon, une piqure dans les fesses, et nous pouvons passer à autre chose.

Début de garde sportif...

19h03 : Nous nous posons avec Florian et commençons à discuter de mon stage actuel, vu qu'il y est passé le trimestre dernier...

 

L'enthousiasme et le regard pétillant, voici Florian !

19h26 : Cyril nous appelle encore. Un patient alcoolisé qui s'excite. Hop, rebelote, on tombe dessus et on l'attache au brancard en évitant de se prendre des coups de genou. Sauf qu'en plus, il sent mauvais ! Super...

19h52 : J'accompagne Florian en pose clope. On va négocier notre départ en cours de soirée, ça fera moins fumiste.

20h19 : Marie-Jeanne, la chef de garde, nous demande d'aller voir une patiente. On lui fait l'interrogatoire et l'examen neurologique. Et on jette un coup d'œil à son scanner, prescrit le 25 janvier et qu'elle n'a montré à son médecin qu'aujourd'hui. La dame se plaignait de maux de tête : elle avait une poche de sang dans le crâne qui lui comprime le cerveau. C'était limite bizarre qu'elle n'ait pas d'autre symptôme. A peine ai-je évoqué la possibilité d'une hospitalisation que celle-ci se braque et dit ne pas avoir que ça à faire. Haha, elle est bien bonne !
Marie-Jeanne la voit, constate, et appelle le neurochirurgien.

20h30 : Je tombe sur Ossama, le FFI d'ortho. Il a besoin d'aide pour un plâtre sur une fracture du poignet. Nous mettons la patiente sous Kalinox pour atténuer la douleur, et celle-ci, devenu totalement raide, nous parle de douche et des différents types de pommeau.
J'en prendrai un bonbonne !

21h04 : Une patiente hurle dans la salle : « Parallèle parallèle parallèle parallèle parallèle parallèle parallèle »... Ne pas devenir fou.

21h29 : Elle recommence de plus belle : « Nathalie Nathalie Nathalie Nathalie Nathalie Nathalie Nathalie Nathalie »... Ach !

21h30 : Ça fait un certain temps maintenant que je n'ai pas vu Florian.
Ornella, l'externe de médecine, me dit qu'ils sont en train de faire une ponction lombaire, avec Marie-Jeanne. Je ne m'y rends pas tout de suite, j'ai une furieuse envie de prendre l'air.

21h47 : Le patient alcoolisé réclame depuis plusieurs minutes un verre d'eau. Je me dévoue donc pour l'hydrater et par la même occasion le faire taire.

21h50 : Florian est allé faire une suture. Je l'attends pour manger.

22h00 : Marie-Jeanne veut que j'aille aider l'interne de garde pour la PL. J'enfile un masque et je fournis le matériel nécessaire au prélèvement. Après plusieurs essais, il parvient à faire couler un liquide clair de l'aiguille.

22h20 : Le patient alcoolisé dit être prêt à partir. Après quelques questions et avoir appelé la psy, il a l'air assez net pour partir. On lui enlève donc ses liens.

22h50 : Coup de téléphone. Un homme demande si sa femme qui a un panari au niveau de la main doit se rendre aux urgences. Euh... Pas de médecin autour... Euh, bon, un panari, c'est une infection donc euh, « oui, oui, venez, il faut évaluer ça ! ».
Excès de précautions valent mieux qu'absence.

23h00 : Je commence sérieusement à accuser le coup.

23h35 : Marie-Jeanne vient nous chercher pour une suture. D'accord, du moment qu'on sort avant minuit !
Donc, nous avons un jeune septuagénaire qui se baladait sur les bords de Marne et qui, pris d'un malaise, est tombé dedans. Une jeune femme qui passait là est allée le repêcher.
Il s'est ouvert la base du cinquième doigt durant l'incident, en plus de s'être luxé l'épaule droite.
Avec l'assistance de Florian, nous terminons dare-dare et à 23h55, au revoir !

00h30 : Et je me casse la figure en Vélib' juste avant d'arriver chez moi. Je hais les pluies verglaçantes...