Le 2 novembre 2010 :

Ça y est, les nouveaux internes sont arrivés... A la fin du staff, le Pr. JA, le deuxième nom sur l'organigramme du service, leur fait une visite guidée. Ce qui fait qu'aucun d'entre eux ne peut se rendre au bloc. Qui va donc servir d'aide-opératoire dans ce cas ? C'est nous...

Vincent, mon coexterne qui n'était pas censé avoir bloc aujourd'hui, jouera le rôle de l'externe qui tient la jambe. Au programme ? PTH... J'ai donc tenu les écarteurs dans toutes les positions possibles pendant au moins deux heures, tandis que CH opérait. Je me plains sans doute trop, mais ce fut un véritable calvaire...

Normalement, une deuxième opération était à suivre ; mais sachant qu'elle allait être supervisée par R.zi et Iz, devenu attaché, je me suis dit : "chouette, l'occasion de prendre la poudre d'escampette" ! Je fonce au vestiaire ; m'habille en vitesse, mais à peine ai-je ouvert la porte menant vers la liberté, je tombe sur CH qui avait pris le relais pour le tourisme des internes.

 

Evidemment, celui-ci me renvoie vertement au bloc. Bon... Faisons contre mauvaise fortune bon cœur...
Pour apaiser ma douleur, j'ai eu droit de participer à une Latarjet, opération pas très commune dans le service (mais je pense l'avoir déjà précisé auparavant).
Rien à signaler de particulier, sauf peut-être le moment où R.zi coagulait quelques vaisseaux au bistouri électrique. Subitement, le bras du patient se soulève d'une manière telle que nous sommes tous surpris. Que s'est-il passé ? Eh bien, il a juste grillé pendant un quart de seconde le nerf musculocutané, qui contrôle la flexion du coude. Ses localisations sont très variables, d'où l'accident. J'espère qu'il n'aura pas de séquelles...
Après cela, je quitte péniblement le bloc.

Le 4 novembre 2010 :

Après un cours très instructif donné par R.zi à propos des entorses de la cheville, direction, une fois n'est pas coutume, le bloc 14 : la salle 3 subissant quelque aléa, les neurochirurgiens nous prêtent une salle. Je croise là-bas mon professeur d'anatomie de première année, qui a l'air bien trop vieux pour continuer à opérer...

J'accompagne le docteur D. et un des nouveaux internes, François. Au programme ? Devinez... Une PTH, si, si, extraordinaire... Le premier a quasiment laissé ce dernier faire l'intervention de A à Z, avec moi qui tenait la jambe d'une main et faisait l'aide opératoire qui donnait les ustensiles de l'autre.
Je n'avais pas l'habitude de faire cela, mais je ne m'en suis pas mal sorti ; de plus, avoir un rôle qui sorte un peu de l'ordinaire est plutôt plaisant...

Ensuite, de l'exotique : un patient avec une pseudarthrose de scaphoïde. L'objectif ? Mettre une vis pour resynthéser les deux morceaux et utiliser un peu de moelle de l'os iliaque pour la réinjecter dans la fracture du poignet mal consolidée et ainsi augmenter ses chances de succès.
Dit comme cela, le plan peut paraître simple, mais c'est oublier que le poignet, en plus d'être une zone peu étendue, est riche en tissu divers et variés : tendons, nerfs, artères. En gros, mieux vaut se montrer délicat.
Ce fut une opération difficile, et bien que D. m'ait dit que je pouvais partir dès que je le voulais, je m'en suis allé un quart d'heure avant le début de mon cours à la fac. La magie de la psychologie inversée, je présume...
Mais plus sérieusement, je me suis vraiment senti utile, et ça reste un sentiment que j'ai trop peu ressenti pour l'instant.

Le 5 novembre 2010 :

Je me sens plus frais que jamais (ou pas). L'opération d'hier s'est bien terminée, c'est déjà ça.
Aujourd'hui, c'est bloc 12, avec Amine, un des nouveaux et Alex, le PH. Pour... une PTH. Aaaaaaaaaaaaaargh ! Je ne peux plus les blairer !!!

Au moins, Alex est très agréable et l'interne s'en tire bien. En une heure et demie, c'est plié. Trente minutes plus tard et c'est reparti avec les mêmes pour une autre PTH.
Sauf que pour corser le tout, le patient, ostéonécrosé de la tête fémorale de stade avancé, avait déjà du matériel dans le fémur. Aucun problème pour trouver les broches et la première vis, mais impossible de trouver la seconde. Les deux chirurgiens ont mis une heure à tenter de la dénicher, sans succès. Finalement, on appelle la radio mobile, et une fois le cliché à l'écran, on comprend tout de suite pourquoi : la vis récalcitrante était dissimulée sous 5mm d'os...

Je reste le temps de couper la tête et de mettre la surface en alumine dans le cotyle, puis le PH m'affranchit aux alentours de 13h.

Enfin, la fin de semaine s'offre à moi ! Ah, bah non. Demain, garde...