Blog Game Over

 

Ce billet est la retranscription de celui qui a été publié aujourd'hui sur le blog dédié jeu vidéo de Rue89 ; Game Over. Pour ceux qui auront noté qu'il sort après quelques posts de blogs et une news spécifique sur le sujet, il a été écrit il y a deux semaines. Les billets de Rue89 sont tous systématiquement relus par les journalistes, ce qui explique qu'il y ait parfois un décallage entre écriture et publication ;) . Vous pouvez le consulter dans son contexte original ici.

L'Anti-Counterfeiting Trade Agreement (ACTA) ou accord commercial anti contrefaçon soulève bien des questions sur la toile. Concernant les biens physiques tout autant que les œuvres numériques, cet accord semble mettre en danger la liberté d'expression sur internet.

 

Fournir des données personnelles sur les utilisateurs

Les termes de l'accord semblent donner la part belle aux industries du divertissement qui auraient ainsi des outils coercitifs et répressifs d'importance sans passer par les processus légaux en vigueur. L'accord prévoit par exemple que les fournisseurs d'accès puissent, sur simple demande, fournir des informations personnelles sur certains utilisateurs. Ces demandes sont pudiquement maquillées sous des termes explicites comme «  mesures extra judiciaires  » et «  alternatives au procès  ». Plus besoin de passer par un processus démocratique impliquant la justice, les ayants droits souhaitent le faire eux même.

Les sanctions restent très floues dans la mesure où la définition même de l'infraction est vague. L'ACTA parle de violations «  à échelle commerciale  » sans aller plus loin. Une vidéo critique d'un jeu par exemple ou une émission utilisant des images de jeux serait-elle définie comme étant à l'échelle commerciale  ? Si le but de telles vidéos est souvent au départ de partager une passion, le succès de certains auteurs a fait qu'elles peuvent aujourd'hui générer un certain nombre de revenus.

Une fois le processus ratifié, il pourrait même être modifié à loisir par un comité ACTA qui, sans aucun vote préalable, pourrait apporter les modifications souhaitées. La quadrature du net, déjà mise en avant par sa lutte contre les lois HADOPI est évidement très impliquée dans cet autre combat contre ACTA. C'est en réponse à son appel de relai d'information qu'un certain nombre de blogs et de gamers ont répondu à l'appel.

 

Les vidéomakers se mobilisent

Certains des plus connus l'ont fait sous forme d'une vidéo regroupant des «  stars  » du milieu gamer comme «  Le joueur du Grenier  », «  Bob Lennon  », «  Usul  », «  TheFantasio973  », «  Realmyope  » ou encore «  coeurdevandale  ». A eux seuls ils rassemblent déjà des millions de spectateurs. A l'instar de tous les bloggeurs qui réalisent des vidéos de jeux ils sont parmi les premiers concernés par les éventuelles conséquences de l'ACTA.

En effet, toutes ces vidéos comportent des images de jeux plus ou moins connus. Bob Lennon et TheFantasio ont fait leurs armes sur Minecraft, le joueur du grenier ainsi qu'Usul reviennent souvent sur d'anciens jeux pour illustrer leur propos. Le joueur occasionnel qui met en ligne une vidéo pour permettre aux autres de découvrir un titre voit aujourd'hui déjà régulièrement des messages d'alerte informant que «  le contenu affiché appartient peut être à un tiers  » s'il utilise une plateforme comme Youtube.

En résonnance à l'appel de ces joueurs très connus, des messages d'information fleurissent sur divers blogs. Le débat sur l'ACTA continue et après un épisode visant à retarder l'échéance d'un vote final sur le sujet, le projet sera bientôt soumis aux urnes des parlementaires. Le parlement européen votera donc sur l'ACTA en juin prochain et malgré la ratification par la France du projet, il risque d'être rejeté par les députés. Les opposants au projet sont invités à utiliser tous les outils mis à disposition et en particulier à contacter les députés pour les interpeler à ce sujet.