Reportage intéressant hier soir sur France 2 dans Envoyé Spécial. La quatrième partie de l'émission était consacrée au cinéma d'animation. Visite de Pixar, bilan rapide sur les films d'animation qui marchent mais aussi les projets de séries exportées en Inde ou encore les formations du métier en France. Tout y passe, beaucoup trop vite et en lissant bien les choses, mais permet au quidam de voir rapidement les dessous de ce milieu. Décryptage.

Le reportage commence par la visite de Pixar et de ses dessous, en la présentant dignement, et en faisant miroiter les petits jeunes qui veulent y bosser. On a donc l'interview de Mathieu Cassagne, lighter chez Pixar et qui parle rapidement de son boulot. Effectivement, ça donne envie, mais ce n'est pas tout rose non plus. En fait, il faut savoir que contrairement à la France ou d'autres pays en Europe, les gros studios américains demandent à être spécialisé dans un domaine en particulier. Chacun a sa spécialité et est un balèze dans son domaine. En France, la taille des studios étant plus variable, les graphistes sont beaucoup plus polyvalents, ce qui permet de faire plus de choses. Dans un gros studio comme Pixar, quand un graphiste lighter bosse sur un film, il ne bossera que sur une vingtaine (peut-être plus) de plans sur tout le film pendant plusieurs mois, ce qui n'est pas forcément des plus créatifs. Après, ce n'est pas non plus un mal, et ça permet de bosser véritablement à fond son sujet et de se dépasser. Tout dépend de ce que l'on veut faire.

Pour la formation en France, c'est plus délicat. La sortie de l'école peut se faire plus ou moins facilement, souvent influencé par les court-métrages de fin d'études. Des écoles comme Supinfocom ou l'ESRA profitent de ces courts-métrages pour réunir un jury constitué de pointes chez de gros studios, qui en profitent pour faire directement leur marché sur place et voir ceux qui ont un potentiel. Les autres, ben, ils se démmerdent, à se faire connaître, à monter en haut de l'échelle. Surtout qu'en France, les graphistes ont le plus souvent le statut d'intermittent, ce qui ne rend pas les choses simples (statut non stable, difficulté pour trouver un logement...).

Enfin, il y a la délocalisation en Inde. Effectivement, la main d'oeuvre y est moins cher, et est souvent utilisé pour les séries d'animation. Et c'est justement le principal argument de la plupart des séries d'animation. Même si les boîtes tentent tant bien que mal de produire toute une série en France, c'est de moins en moins souvent le cas, les producteurs étant difficilement flexible en ce qui concerne le budget, et la seule solution pour rentrer dans les frais et de délocaliser une partie en Inde ou en Chine. Ce qui est bien pour eux, mais pas génial pour nous, qui nous retrouvons avec du boulot en moins.

Un reportage efficace donc mais qui ne prend pas forcément le temps d'étudier la chose précisemment et se contente d'établir le plus de faits possible, sans creuser plus loin. Le milieu de l'animation est un milieu très fragile, preuve s'il en est de tous les échos que j'ai de films d'animation français qui ont du mal à accoucher de leur bébé, comme Un Monstre à Paris, dont la sortie est prévu pour octobre 2011, presque au même moment qu'un certain Tintin de Spielberg...

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