Attention : cet article contient une dose d'ironie.

Ce qu'il y a toujours eu de fascinant avec Internet est la facilité avec laquelle le moindre péquin peut débarquer sur votre forum préféré pour y balancer (en moins d'une centaine de mots) son opinion grossière sur votre dernier jeu préféré. Le problème évidemment, c'est qu'il se trompe complètement.

Or donc, c'est arrivé, voilà que vous parcourez votre forum favori (et avec un peu de chance, c'est celui de Fureur) et vous constatez soudain avec horreur que quelqu'un a osé critiqué un jeu que vous adorez. Certes, vous êtes quelqu'un d'occupé, et qui préfèrerait perdre son temps à lire d'autres forums, voire même à jouer au jeu dont il est question. Mais, non, c'est impossible : vous *devez* rectifier les choses, et les remettre à leur place.

A savoir : faire comprendre à ce péquin qui a osé dire du mal de votre jeu qu'il n'est rien de plus qu'un imbécile - vous ne pouvez vous permettre de continuer votre ballade sur Internet sans qu'il l'ait clairement compris. En effet, les gens qui refusent d'apprécier un jeu aussi génial que le vôtre ne peuvent être que des débiles et neuf fois sur dix, leur cervelle en perdition ne peut qu'être emplie de confusion et d'erreurs grossières.

Comment faire alors ? Que dire, que répondre pour faire triompher la bannière de votre jeu face aux hordes ignorantes ? Ne vous inquiétez pas, Tonton Pyram a pensé à vous et vous propose ci-après toute une batterie d'arguments prêts à servir dans votre imminente flamewar. Grâce à ce guide, vous deviendrez le fanboy dont tous les jeux rêvent. Chacun de ces dix points est une réponse prête à l'emploi, n'hésitez donc pas à en user et en abuser en l'habillant chaque fois des habituelles remarques cinglantes et/ou désobligeantes.

1. Eviter de juger un jeu qu'on sait déjà à l'avance qu'on n'aimera pas.

C'est l'évidence, mais pourquoi diable critiquer un jeu qui manifestement n'est pas pour vous ? Si vous savez que ce jeu, ou son genre, ne vous plaît pas, pourquoi perdre de l'énergie à en faire une critique ? Laissez donc cela aux connaisseurs - et Dieu sait qu'il y en a pour le faire.

2. Eviter de parler d'un jeu auquel on n'a même pas joué.

Autre argument massue, ce point a déjà été mentionné par votre humble serviteur lors d'un précédent article mais il reste toujours aussi important : il est injuste (voire inepte) de juger un jeu auquel vous n'avez pas joué, plus encore quand il n'est pas sorti, ou encore de décider que vous n'achèterez pas un jeu alors que vous ne l'avez même pas essayé.

Pour un journaliste sérieux, c'est incroyablement manque de professionnalisme, et pour les amateurs, c'est sans doute un geste désespéré pour attirer l'attention.

3. Le mode solo ne suffit pas pour juger.

Quand un péquin se permet de dire du mal du gameplay de votre jeu préféré, tout ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en réalité, ce type est complètement nul - il a du mourir une centaine de fois au cours du tutoriel et est, tout simplement, nul à chier une manette entre les mains (ou un clavier, ou une série, qu'importe).

A vrai dire, peut-être est-il même tellement mauvais qu'il ne voit pas à quel point votre jeu est génial ?

4. Le mode multijoueur ne suffit pas pour juger.

A l'inverse, peut-être que votre jeu repose sur une ambiance, un scénario, qui s'exprime mieux dans le mode solo qu'en multi ? N'hésitez pas à rappeler à votre interlocuteur que l'histoire du jeu lui paraîtrait sans doute meilleure s'il avait fait l'effort de lire le roman ou voir le film correspondant.

Parallèlement, critiquer un jeu à cause de la mauvaise qualité de sa communauté est proprement injuste. Après tout, les game designers n'y sont pour rien.

5. Il ne faut pas juger un jeu à son seul scénario.

Deux choses à répondre ici.

La première, c'est qu'une invraisemblance scénaristique n'en est pas forcément une tant que vous n'avez pas une vision globale de la fin du jeu. C'est bien simple, il ne faut pas juger un livre sur ses dix premières pages, et bien c'est pareil avec un jeu. Profitez-en aussi pour rappeler à votre interlocuteur à quel point vous êtes plus intelligent que lui.

La seconde, c'est qu'au final, les jeux ne se résument pas à un scénario, qui, cela dit, n'a même pas à être bon pour proposer un bon gameplay. Là, glissez des références incontestables comme Pac-Man et Mario.

6. Ne pas critiquer un jeu parce qu'il est trop réaliste.

Pac-man, c'était il y a trente ans ! Il y a des jeux de nos jours qui vous demandent de réfléchir et de penser, et pas seulement de tirer sur tout ce qui bouge. Alors même si le jeu paraît un peu compliqué au début, et bien il faut s'y faire. C'est pareil dans la vraie vie, hein.

7. Ne pas critiquer un jeu parce qu'il est trop irréaliste.

Un jeu est censé vous amuser. S'il faut pour cela que votre personnage se mette à danser pour récupérer ses points de vie et que des gobelins se mettent à dropper des mitrailleuses lourdes, ainsi soit-il. Si vous voulez tant que ça jouer à un truc réaliste, éteignez votre PC et allez vous promener dans la rue. Après tout, un jeu comme Worms vous propose de jouer des vers de terre se bourrant le mou au bazooka, donc bon...

8. Ne pas critiquer un jeu à moins d'avoir joué à tous ses opus.

C'est une règle simple, bien que l'argument puisse se retourner contre vous. Dites à votre interlocuteur que s'il n'a pas joué aux neuf premiers opus du jeu en commençant par le premier qui date de 1986, en passant par toutes ses versions portables, ses spin-offs, le MMO dérivé et tous ses remakes next-gen, alors son opinion est inepte. On n'est pas en droit de parler du jeu et d'en discuter tant qu'on ne sait pas de quoi on parle.

Pour le coup, faites bien attention à ce que vous soyez vous-même irréprochable...

9. Ne pas critiquer un jeu parce que ses graphismes sont rudimentaires.

Inutile de s'attacher autant aux graphismes. Les bons jeux reposent sur un bon gameplay. Si vous voulez de jolies images, retournez voir Avatar.

10. Ne pas critiquer un jeu parce que ses graphismes sont trop avancés.

C'est évident, et c'est irrémédiablement de la faute de votre interlocuteur : soit son PC est nul, soit il l'a acheté sur une console de puissance inférieure, c'est pour ça que le jeu lui paraît mauvais. Ce n'est pas la faute du jeu si vous avez été trop stupide pour l'avoir acheté sur une plateforme de seconde zone.

Voilà voilà, avec cela, je pense que le fanboy que vous êtes est paré pour sa prochaine flamewar. Dans tous les cas, n'oubliez pas que pour être un vrai fanboy (ou girl, je ne suis pas sexiste), tout le monde doit avoir exactement les goûts et centres d'intérêt que vous et que vous devez vous montrer intransigeant et implacable : si quelqu'un n'aime pas un bon jeu, cela veut dire qu'il est soit stupide, soit trop nul, et il est de votre devoir de le lui faire comprendre.

Vous aurez par ailleurs remarqué que ces arguments génériques peuvent a priori défendre n'importe quel jeu, quels que soient le genre et la plateforme (oui, vous pourrez même défendre un jeu Wii avec). Cela ne doit pas vous empêcher, malgré tout, de les enrichir avec des éléments propres à votre expérience, mais cela devrait suffire comme structure de départ.

Sur cette bonne parole donc, mesdames et messieurs, je vous souhaite de bonnes flamewars.