Comme grand nombre d'entre vous, j'attendais avec une certaine impatience (et tout autant d'anxiété)  le fruit de la première collaboration entre Netflix et Marvel, le bien nommé Daredevil. Au même moment, le géant de la VOD a récupéré (effet d'aubaine?) les droits de diffusion de la première saison d'Arrow, carton d'audiences pour la CW et maitre étalon des séries DC. N'ayant pas encore eu l'occasion d'en découvrir un quelconque épisode, j'ai pu ainsi constater à quel point le traitement accordé au genre super-héroïque pouvait différer selon l'orientation artistique du projet...

  • Du second au premier rôle...

news_illustre_1429972947_655Nombreux sont les points communs entre ces 2 personnages: aucun des 2 n'est une figure de proue de leurs éditeurs (Spiderman et les X-men d'un côté, Batman et Superman de l'autre), dénués de  véritables super-pouvoirs, en quête de vengeance suite au décès de leurs pères respectifs, dotés d'un physique plutôt avantageux (être aveugle a ses avantages de ce point de vue là, semble t'il^^), tout semblait fait pour que leurs aventures sur petit écran aient un résultat similaire. Je me trompais lourdement!

 

  • Des univers bien différentsdaredevil-poster

L'action de Daredevil se déroule dans le quartier d'Hell's kitchen, un ghetto multi-ethnique de New York tout ce qu'il y a de plus crasseux, dangereux et corrompu. C'est là qu'a grandi le petit Matt Murdock, fils de boxeur irlandais de seconde zone, dont le destin va basculer 2 fois: le jour où il perdra la vue suite à un accident, ce qui va le pousser à surdevelopper ses autres sens, et lorsque son père sera assassiné pour une sombre histoire de combat truqué, poussant le très croyant Matt à se ranger du côté de la justice en devenant un brillant avocat. Malheureusement, constatant son impuissance face à celles et ceux qui détiennent les rennes  dans son quartier, il décide d'utiliser ses poings, malgré son handicap et  ses conflits intérieurs.

De son côté, Arrow narre les exploits d'Oliver Queen, playboy milliardaire de Starling city, qui voit son avenir tout tracé se dérober sous ses pieds quand le yacht du paternel coule avec lui dans les mers de Chine, le faisant passer pour mort pendant 5 ans. Une période durant laquelle il a parfait son art du tir à l'arc sur une île avant de se faire secourir par des pêcheurs. De retour dans sa ville natale, profondément changé par cette expérience douloureuse et persuadé que la mort de son père n'avait rien d'accidentel, il décide de s'attaquer aux pourris qui gangrènent sa ville sous l'identité secrète de Green Arrow (l'Archer vert, pour les anglophobes^^)

 Ce petit rappel des faits montre la différence de moyens entre les 2 héros, l'un n'ayant que son courage, son intelligence, sa ténacité et sa maitrise des arts martiaux pour affronter les puissants quand l'autre bénéficie de capacités physiques et financières bien plus conséquentes pour partir à la chasse aux traitres. Il est amusant de noter que s'il on fusionnait les 2, on obtiendrait à peu de choses près le portrait-robot d'une célèbre chauve-souris...Passons. Ce grand écart justifie,en tout cas partiellement, les choix effectués pour l'adaptation en série TV.

  • Le grand fossé des genres

Vu le contexte, c'est tout naturellement que les producteurs de Daredevil se sont orientés vers le polar urbain, notre petit diablotin menant l'enquête pour découvrir qui se cache derrière l'ensemble des trafics qui gangrènent son quartier. Si l'action est présente (et plutôt bien chorégraphiée), ce n'est jamais au détriment de ses personnages. Le format choisi (13 épisodes de 55 minutes) donne le temps à ces derniers de s'étoffer, parfois de manière convenue et/ou agaçante mais toujours dans l'idée d'aller au bout des choses, ce qui amplifie grandement l'effet émotionnel quand certains d'entre eux disparaissent,quel que soit leur camp. La mise en scène léchée contraste avec la violence exacnetflix_daredevil_motion_postererbée de certaines scènes, qui impacte d'autant plus le spectateur. Là encore, l'ambiance crépusculaire, avec un héros en proie au doute et la confrontation de 2 visions de la justice, porte la marque de Jeph Loeb, producteur sur la série et bien connu pour son travail de scénariste sur .... Batman (Un long halloween, Amére victoire, Silence...). Coïncidence? Rien n'est moins sûr... Tout ceci est rendu possible par une interprétation sans fausse note, Charlie Cox endossant parfaitement le rôle du casse-cou aveugle. Mais c'est bien Vincent D'Onofrio, par son mélange de douceur infantile et de fureur bestiale qui tire la série vers des cimes qu'on pensait inenvisageables pour une production Marvel. 

Arrow n'a pas (et n'a jamais eu) cette prétention: de par son format classique (23 épisodes de 40 minutes) et de ses moyens limités ( cf. des effets spéciaux un peu Arrow-s2-muské-olalalalacheaps), la série se concentre essentiellement sur l'action, chaque épisode faisant figure de stand alone où s'insère le fil rouge de la vengeance du héros masqué. Les épisodes défilent à grande vitesse, très rythmés, mais faute de mise en scène originale, ils peinent à vraiment marquer, malgré des cliffhangers plutôt habiles. Un constat amplifié par un défilé impressionnant de personnages secondaires comme autant d'étoiles filantes qui disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues...Ca sauterait moins aux yeux si les personnages récurrents étaient bien développés, mais malheureusement tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, avec des personnages féminins particulièrement indigents. Puis ce culte des corps! Tout le monde donne l'impression d'être sorti de Vanity Fair, la lissitude en prime, le sang en moins...Tout ceci donne l'impression qu'Arrow n'est qu'une base arrière pour lancer des personnages qui pourront être utilisés dans les futures productions DC. Une usine à héros, en quelque sorte...

Pour conclure, on pourra dire que les 2 séries ne visent pas tout à fait le même public: celles et ceux qui dévorent les séries comme du pop-corn  sans être trop regardants privilégieront l'action frénétique d'Arrow, quand ceux pour qui les personnages priment sur tout le reste seront contentés par Daredevil. Pour ma part, cette dernière a ma préférence, car elle transcende le genre super-héroïque, comme a su le faire Nolan avec sa trilogie...Batman. On y revient toujours...^^