En Alaska, la fonte accélérée du permafrost dévoile peu à peu un monde figé depuis l’Âge glaciaire. Et cette fois, ce ne sont pas seulement des ossements ou des fragments de plantes qui refont surface, mais de véritables formes de vie
Les profondeurs gelées de l’Alaska viennent de livrer une nouvelle étonnante, des organismes microscopiques restés figés pendant des dizaines de milliers d’années ont été réveillés avec succès par une équipe de chercheurs américains. Une expérience qui éclaire à la fois l’histoire du vivant… et les transformations rapides imposées par le réchauffement climatique.
Une plongée dans un monde figé depuis l’Âge glaciaire en Alaska
Le travail des scientifiques commence dans un endroit plutôt inhabituel : un long tunnel creusé directement dans le permafrost alaskien. C’est une véritable archive naturelle où l’on aperçoit, incrustés dans les parois, des restes d’animaux préhistoriques et une matière organique qui n’a pas vu la lumière depuis des millénaires.
L’un des chercheurs raconte avoir été surpris par l’odeur lourde et persistante qui règne dans ces galeries en Alaska. Pour lui, ce n’est pas un simple détail sensoriel, mais l’indice que d’innombrables microorganismes ont été piégés là, parfaitement conservés.

Une expérience pensée comme un futur possible
L’objectif n’était pas de ressusciter des “microbes zombies”, mais de comprendre comment ces organismes réagiraient à un changement de température progressif. Les équipes ont donc placé les échantillons dans des conditions rappelant un été d'Alaska légèrement plus chaud que la normale.
Les premières semaines, presque rien ne bouge. Puis, très lentement, les cellules recommencent à échanger de l’énergie, à croître, à se multiplier. Après plusieurs mois, certaines formes de vie produisent même des amas visibles sans microscope, une preuve claire que l’activité biologique a repris.
Pas de risque sanitaire, mais un signal climatique fort
Les scientifiques l’assurent : les microbes réveillés en Alaska ne représentent pas un danger pour les humains. Il s’agit d’organismes adaptés à un environnement extrême, pas d’agents infectieux prêts à émerger. En revanche, l’expérience souligne un point essentiel, si des microbes sont capables de repartir après 40 000 ans de gel, d’autres pourraient faire de même ailleurs dans le monde, à mesure que le permafrost fond. Le processus est lent, mais le réchauffement, lui, s’accélère. Hors de l'Alaska aussi.
On a souvent tendance à limiter le permafrost à quelques régions arctiques, alors qu’il s’étend sur une grande partie de l’hémisphère Nord, de la Sibérie au Canada en passant par le Groenland. Même certaines zones montagneuses plus au sud en contiennent. Autant dire que les échantillons étudiés en Alaska ne représentent qu’une infime fraction de ce réservoir biologique colossal.