L’objet interstellaire baptisé 3I/ATLAS (la fameuse comète) continue de fasciner la communauté scientifique. Repéré pour la première fois le 1er juillet par le système ATLAS, spécialisé dans la détection des astéroïdes potentiellement dangereux, cet objet traverse actuellement notre système solaire sur une trajectoire de fuite. Il s’agit seulement du troisième visiteur interstellaire jamais observé, après ‘Oumuamua en 2017 et 2I/Borisov en 2019. Depuis sa découverte, les astronomes multiplient les observations et découvrent des caractéristiques pour le moins inhabituelles. La plus récente concerne sa queue, c’est-à-dire la traînée de gaz et de poussières libérée par l’objet lorsqu’il s’approche du Soleil. Son orientation semble en effet avoir changé de manière spectaculaire au fil des mois.

Une comète qui défie les habitudes des comètes

Les nouvelles données, issues notamment du Nordic Optical Telescope aux îles Canaries, montrent que 3I/ATLAS possédait initialement une anti-queue, c’est-à-dire une traînée de gaz et de poussières orientée vers le Soleil, un phénomène extrêmement rare. Lorsqu’une comète ou un objet similaire s’approche du Soleil, la chaleur fait s’évaporer les glaces présentes à sa surface. Ce processus libère des gaz et des particules qui sont ensuite repoussés dans l’espace par le rayonnement solaire. Ils forment alors une longue traînée visible derrière l’objet, appelée queue cométaire.

Une anti-queue peut parfois apparaître, mais il s’agit le plus souvent d’une illusion d’optique liée à la position de la Terre. Dans le cas de la comète 3I/ATLAS, les astronomes estiment qu’il s’agissait d’une véritable anti-queue physique, un phénomène rarement observé.

comete anomalie

Une observation hors norme

Les observations réalisées entre juillet et septembre montrent une évolution progressive du phénomène. La traînée de gaz et de poussières, d’abord orientée vers le Soleil, s’est peu à peu transformée en une queue cométaire plus classique, pointant à l’opposé de notre étoile. D’après les chercheurs, ce changement s’explique par la taille et le comportement des particules libérées par la comète. Les poussières seraient relativement grosses et projetées lentement, ce qui les empêche de réagir immédiatement aux effets du rayonnement solaire. En se rapprochant du Soleil, ces particules finissent par être repoussées vers l’arrière. Elles forment la queue habituelle observée sur les comètes.

Les analyses indiquent également que l’activité de 3I/ATLAS serait principalement alimentée par du dioxyde de carbone, et non par la vapeur d’eau, du moins dans un premier temps. Les scientifiques estiment que 3I/ATLAS pourrait être âgé de près de 10 milliards d’années, ce qui en ferait un véritable vestige d’une époque très ancienne de l’univers. Depuis son expulsion de son système d’origine, l’objet aurait erré dans l’espace interstellaire à des températures extrêmement basses. C’est précisément ce qui rend son observation si précieuse. Avant son passage au plus près du Soleil en 2025, les astronomes ont une occasion unique d’étudier la montée progressive de son activité et d’en apprendre davantage sur les matériaux présents dans d’autres systèmes planétaires.

La parenthèse extraterrestre

Comme souvent lorsque des phénomènes inhabituels sont observés, certaines hypothèses plus audacieuses ont refait surface. Le physicien Avi Loeb, déjà connu pour ses spéculations autour d‘Oumuamua, a évoqué la possibilité, très controversée, d’un objet technologique pour cette comète. Il suggère que si 3I/ATLAS était une sonde extraterrestre en phase de ralentissement, l’anti-queue pourrait correspondre à une forme de poussée de freinage. Dans ce scénario, le passage progressif d’une anti-queue à une queue classique serait attendu à l’approche du Soleil...

Source : iflscience.