On la croit immobile, fidèle, presque éternelle. Pourtant, la Lune s’éloigne. Depuis des millions d’années, notre satellite naturel s’échappe très lentement de l’attraction terrestre. Un mouvement minuscule à l’œil nu, à peine quatre centimètres par an, mais qui modifie en profondeur l’équilibre de notre planète.

Quand la Lune s'éloigne

Si l’on pouvait remonter le temps jusqu’à l’époque des dinosaures, nos journées seraient plus courtes. Il y a 70 millions d’années, la Terre tournait un peu plus vite sur elle-même, une journée ne durait que 23 heures et demie. Cette différence peut sembler insignifiante, mais elle raconte une longue histoire, celle du lien gravitationnel entre la Terre et la Lune.

Des chercheurs l’ont confirmé en étudiant des coquillages fossilisés. En comptant les fines stries laissées par leur croissance quotidienne, ils ont constaté qu’une année comptait alors 372 jours. Autrement dit, la Terre tournait plus rapidement, la Lune était donc bien plus proche et exerçait une influence plus forte sur notre planète.

Lune et Terre.

Le ballet des marées

Tout part d’un jeu de forces entre la rotation terrestre et l’attraction lunaire. À chaque passage au-dessus des océans, la Lune attire les eaux et crée deux grandes bosses, les marées. Mais comme la Terre tourne plus vite, ces masses d’eau ne sont jamais parfaitement alignées avec elle. Ce léger décalage agit comme une “poussée” gravitationnelle qui accélère la Lune et la propulse un peu plus loin.

Les missions Apollo ont permis de mesurer ce recul grâce à des réflecteurs posés sur la surface lunaire ,chaque année, la Lune s’éloigne d’environ 3,8 cm. Pendant ce temps, la Terre, elle, perd un peu d’énergie de rotation. Résultat, nos journées s’allongent, lentement mais sûrement.

À très long terme, ce phénomène pourrait conduire à une forme d’équilibre, la Terre finirait par tourner aussi lentement que la Lune orbite autour d’elle. Ce serait le “verrouillage gravitationnel”, où chaque face de la Terre verrait toujours la même face de la Lune. Les marées, privées de mouvement, deviendraient presque immobiles. Mais inutile de s’inquiéter, dans un milliard d’années, les océans auront probablement disparu sous l’effet du rayonnement solaire croissant. Sans eau, plus de marées, et donc plus de moteur pour ce lent éloignement.

Source : theconversation