On le sait, la Chine est la reine des constructions pharaoniques modernes. Et justement, dans ce contexte, le pays s’apprête à bâtir un barrage tout simplement gigantesque, qui pourrait même avoir une influence sur la rotation de la Terre.
Sur le plateau du Tibet, la Chine vient de lancer un projet d’une ampleur rarement égalée, le barrage hydroélectrique de Motuo. Conçu pour devenir le plus puissant au monde, cet ouvrage marquera une nouvelle étape dans la stratégie énergétique du pays, mais aussi dans sa quête de contrôle sur les grandes ressources naturelles d’Asie.
Une construction symbole de puissance pour la Chine
Le site choisi, au cœur des montagnes himalayennes, alimente le Yarlung Zangbo, un fleuve qui devient le Brahmapoutre en rejoignant l’Inde, puis le Bangladesh. Ce choix n’a rien d’innocent pour la Chine. En contrôlant la source de ce cours d’eau vital, Pékin se dote d’un levier stratégique majeur dans une région où près de deux milliards d’habitants dépendent de ces eaux pour vivre. Selon les premières estimations, le barrage pourrait produire près de 300 milliards de kilowattheures par an, soit de quoi alimenter un pays de la taille du Royaume-Uni.
Officiellement, l’objectif affiché est de renforcer la transition énergétique chinoise et de réduire la dépendance au charbon. Mais ce méga-projet soulève de nombreuses inquiétudes. Sur le plan écologique, la construction d’un tel colosse en zone sismique représente un risque considérable. La fonte des glaciers du Tibet, accélérée par le réchauffement climatique, rend également le débit des fleuves plus imprévisible. Les associations locales en Chine, quant à elles, pointent le manque de concertation avec les populations déplacées, rappelant que les grands projets hydrauliques chinois ont déjà forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leurs terres.

Une influence qui dépasse les frontières
Ce n’est pas la première fois que les ambitions hydrauliques de la Chine inquiètent ses voisins. Le barrage des Trois Gorges, mis en service en 2012, avait déjà modifié la circulation des eaux dans plusieurs bassins fluviaux d’Asie du Sud-Est. Sa masse colossale, environ 39 milliards de tonnes d’eau retenues, a même été associée à un ralentissement minime de la rotation de la Terre, estimé à 0,06 microseconde par jour.
Le projet de Motuo, quatre fois plus massif, pourrait accentuer ce phénomène. Bien que ce décalage reste imperceptible pour l’être humain, il illustre la puissance physique de telles infrastructures sur l’équilibre global de la planète.
Pour Pékin, ce chantier n’est pas qu’une source d’électricité, c’est un symbole de puissance et de maîtrise technologique. Mais en cherchant à dompter la nature, la Chine prend aussi le risque d’en bousculer les équilibres.
À terme, le barrage de Motuo pourrait redessiner la carte énergétique de l’Asie, et rappeler, une fois encore, qu’aucune prouesse humaine ne se fait sans conséquences sur la Terre elle-même.
Source : theconversation