En 1984, James Cameron lançait Terminator. À l’époque, ce film de science-fiction sonnait comme un simple divertissement futuriste. Mais derrière les explosions et les robots, le réalisateur canadien passait déjà un message : méfiez-vous de l’intelligence artificielle. Quarante ans plus tard, son avertissement résonne plus fort que jamais.

James Cameron avait prévenu

Dans une interview avec Rolling Stone, Cameron n’a pas mâché ses mots. Selon lui, nous suivons une trajectoire inquiétante, très proche de celle décrite dans Terminator. Le réalisateur craint surtout une militarisation massive de l’IA. Son scénario ? Des systèmes capables de prendre des décisions à une vitesse que l’être humain ne peut plus suivre. Dans ce contexte, adieu négociations et compromis. Les machines décideraient seules du sort de leurs ennemis, sans laisser de place au dialogue.

Dans Terminator, Skynet devenait conscient et voyait l’humanité comme une menace à éliminer. Aujourd’hui, la situation est différente, mais les échos sont troublants. L’IA s’invite déjà dans tous les secteurs : santé, transports, cinéma, armement… Ce qui relevait autrefois de l’imaginaire est désormais concret. Et pour Cameron, le danger vient justement de cette banalisation.

James Cameron
James Cameron

Cameron veut agir, pas seulement alerter

Malgré ses mises en garde, James Cameron n’est pas resté spectateur. Il a rejoint l'année dernière le conseil d’administration de Stability AI, une entreprise spécialisée dans l’IA générative. Une décision qui peut surprendre, mais qu’il justifie par la nécessité d’accompagner le mouvement. Selon lui, il vaut mieux s’impliquer pour orienter cette technologie plutôt que de la laisser se développer sans contrôle.
Le réalisateur voit aussi un potentiel positif : l’IA pourrait devenir un outil puissant pour les artistes, offrant de nouvelles manières de raconter des histoires et d’enrichir la création.

Hollywood n’échappe pas non plus à cette vague technologique. De plus en plus de réalisateurs et de studios testent l’IA pour accélérer leurs processus créatifs ou imaginer de nouvelles formes de narration. Andy Serkis, par exemple, s’intéresse déjà à des projets intégrant des personnages générés, tandis que Lionsgate a passé des accords pour exploiter des outils comme Runway dans certaines productions.

Terminator

Un climat de méfiance

Mais derrière ces expérimentations se cache un climat de méfiance assez global. La grève des scénaristes en 2023 avait mis le sujet en lumière : beaucoup redoutent que les algorithmes ne remplacent, tôt ou tard, une partie des métiers créatifs. Les questions éthiques restent donc vives, qu’il s’agisse des droits d’auteur, de la place des artistes ou même de la sécurité de données sensibles. En France, le débat autour des métiers du doublage est vif : les comédiens craignent eux aussi d’être remplacés par des IA vocales.

Pour James Cameron, l’enjeu est clair : l’intelligence artificielle ne va pas disparaître, elle est déjà au cœur de notre époque. Tout l’enjeu consiste désormais à décider si elle sera mise au service de la création et de l’humanité, ou si elle échappera à tout contrôle. Quarante ans après Terminator, ce qui ressemblait à une dystopie hollywoodienne se rapproche dangereusement de notre réalité. Il suffit de voir, d’ailleurs, les progrès des robots humanoïdes, Tesla Optimus en tête mais pas seulement, pour se dire que l’ère de la robotique à grande échelle n’est peut-être pas si lointaine.

Source : Rolling Stone