L’humanité évolue avec les technologies, c’est un fait. Mais parfois, cela se fait au détriment de compétences acquises depuis des milliers d’années.
Un constat récent attire l’attention des chercheurs : près de 40 % des jeunes de la gen Z auraient aujourd’hui des difficultés avec l’écriture manuscrite. C’est ce que révèle une étude menée par l’Université de Stavanger (Norvège), qui pointe une perte progressive d’une compétence pourtant pratiquée depuis plus de 5 500 ans
Une tradition millénaire mise à l’épreuve chez la Gen Z
L’écriture à la main a longtemps été au cœur de la transmission du savoir et de la culture. Lettres, journaux intimes, copies scolaires ou signatures officielles : elle a structuré la communication humaine à travers les siècles. Mais l’essor du numérique change la donne. Les jeunes privilégient désormais les messages instantanés, truffés d’abréviations et de symboles, au détriment de textes rédigés avec soin. Pour beaucoup, l’occasion de prendre un stylo est devenue rare.
Une enseignante citée dans le rapport raconte qu’écrire une lettre à la main lui donnait autrefois l’impression d’un acte réfléchi et personnel. À l’inverse, les échanges numériques sont aujourd’hui rapides, pratiques, mais souvent impersonnels.

Les effets sur le cerveau et la mémoire
Ce recul de l’écriture manuscrite n’est pas seulement culturel, il est aussi cognitif. Plusieurs études rappellent que le geste d’écrire active des zones cérébrales spécifiques, qui favorisent la mémorisation et l’organisation des idées. La Dre Linda Martinez, psychologue spécialisée en sciences cognitives, souligne :
« Écrire à la main mobilise des compétences motrices et des fonctions cérébrales que la frappe au clavier n’active pas. Ce geste aide à ancrer l’information en mémoire et à mieux traiter des concepts complexes. »
Moins les jeunes écrivent, moins ils bénéficient de ces effets. Certains enseignants remarquent déjà que leurs élèves de la Gen Z et Alpha peinent à structurer leurs textes ou à garder un fil logique dans une copie manuscrite. Les conséquences se font sentir dès la scolarité. Rédiger un devoir long, organiser une argumentation ou simplement prendre des notes en cours devient plus difficile pour une partie des élèves. Et cette fragilité peut peser plus tard, dans les études supérieures ou le monde professionnel, où la clarté et la précision restent essentielles.
Le poids des outils numériques
Il serait simpliste de pointer uniquement la responsabilité des jeunes de la Gen Z ou Alpha. Leur environnement a profondément évolué. Smartphones, tablettes et ordinateurs sont devenus des instruments quotidiens. Les réseaux sociaux, eux, encouragent des formats courts et des réponses immédiates. Cette culture de la rapidité entraîne souvent un appauvrissement de la construction de la pensée. Faites le test vous-même : écrivez un long texte avec un stylo plume ou un crayon. Vous verrez que, même si l’habitude revient vite, les premières minutes peuvent être complexes.
Pour les chercheurs, il ne s’agit pas d’opposer numérique et papier, mais de trouver un équilibre. Introduire plus d’exercices manuscrits dans les classes, encourager la prise de notes à la main, ou même redonner goût aux lettres et carnets personnels : autant de pistes pour maintenir cette compétence vivante.
Des organisations comme l’UNESCO rappellent que l’écriture manuscrite n’est pas qu’une technique, mais un patrimoine culturel. Elle incarne une forme d’identité, un rapport intime au langage et au temps, difficile à reproduire à l’écran. Si la génération Z parvient à conserver ce double savoir-faire, elle préservera à la fois l’efficacité du numérique et la richesse cognitive et culturelle de l’écriture manuscrite.
Source : Université de Stavanger