Depuis des années, les astronomes scrutent les confins du Système solaire à la recherche d’une mystérieuse “Planète Neuf” censée expliquer les étranges trajectoires d’objets lointains. Mais c’est un tout autre corps céleste, beaucoup plus discret, qui vient de relancer le débat : Ammonite, une nouvelle planète naine découverte à plusieurs milliards de kilomètres de la Terre.

Un monde glacé longtemps resté invisible dans le système solaire

C’est au sommet du Mauna Kea, à Hawaï, que le télescope japonais Subaru a détecté pour la première fois ce petit monde gelé. Après plusieurs campagnes d’observation et des analyses croisées avec d’autres instruments, les chercheurs ont confirmé qu’Ammonite évolue bien au-delà de l’orbite de Neptune.
D’un diamètre estimé entre 220 et 380 kilomètres, l’objet suit une orbite particulièrement allongée, similaire à celle de Sedna, la première planète naine de ce type découverte en 2003. Les scientifiques regroupent désormais ces corps célestes sous le nom de “sednoïdes”, vestiges d’une époque où le Système solaire était encore en construction.

Selon les calculs des chercheurs, l’orbite d’Ammonite serait stable depuis plus de 4,5 milliards d’années. Cela signifie que ce corps est resté presque inchangé depuis la formation du Soleil. Pourtant, en remontant le temps à l’aide de modèles informatiques, les scientifiques ont observé un détail intrigant, il y a environ 4,2 milliards d’années, Ammonite et d’autres objets lointains semblaient partager une configuration similaire, avant qu’un événement cosmique majeur ne les disperse. Cette perturbation pourrait provenir du passage d’une étoile errante ou de l’expulsion d’une planète hors du Système solaire. Une hypothèse qui séduit de plus en plus les astronomes, car elle expliquerait la diversité des trajectoires observées aujourd’hui.

Un fossile dans l'espace

Pour l’astrophysicien Fumi Yoshida, qui dirige le programme “Formation de l’espace lointain” (FOSSIL), Ammonite est un véritable témoin du passé du Système Solaire.
Comprendre la trajectoire et la composition de ces objets reculés, c’est remonter aux origines mêmes de notre système planétaire”, explique-t-il. Ces mondes glacés, peu touchés par l’activité gravitationnelle des grandes planètes, contiendraient des indices précieux sur la manière dont la matière s’est organisée autour du jeune Soleil.

Le télescope Subaru, grâce à sa capacité à balayer de larges zones du ciel, joue un rôle crucial dans cette quête. Les chercheurs espèrent désormais découvrir d’autres objets similaires pour dresser une carte plus complète de la périphérie du Système solaire. Contrairement aux autres objets connus, son orbite ne semble pas alignée avec celles censées pointer vers cette hypothétique Planète Neuf. Ce décalage pourrait signifier que le phénomène est dû à un événement ancien, et non à la présence actuelle d’un astre caché. Certains chercheurs avancent même une idée plus audacieuse, celle d’une planète disparue, jadis membre du Système solaire, mais éjectée dans l’espace après une série d’interactions gravitationnelles.

Source : iflscience