Avant les années 2000, la science-fiction avait une saveur toute particulière : effets spéciaux pratiques, décors réels et monstres sortis de l’imagination d’artistes visionnaires. C’est dans ce contexte qu’en 1995, un film est venu bousculer les écrans avec l’ambition de marcher dans les pas d’Alien. Son nom : La Mutante. Réalisé par Roger Donaldson, ce long-métrage mélange science, horreur et érotisme, dans la plus pure tradition des thrillers des années 90. Loin d’être un simple pastiche, il s’impose encore aujourd’hui comme une œuvre à part, à la fois fascinante et dérangeante.

Une expérience scientifique qui tourne au cauchemar pour ce concurrent d'Alien

Tout commence par une expérience menée par un groupe de chercheurs fascinés par un message venu de l’espace. Leur idée : fusionner de l’ADN humain avec une séquence extraterrestre. Le résultat est spectaculaire… et catastrophique. L’être qui en résulte, Sil, ressemble à une jeune femme ordinaire. Mais sous cette apparence se cache une créature au pouvoir dévastateur, guidée par un instinct de reproduction incontrôlable. Lorsqu’elle s’échappe de son laboratoire, la traque commence dans les rues de Los Angeles. Façon Alien.

Dans le rôle de Sil, une inconnue fait sensation : Natasha Henstridge. Le film repose entièrement sur son charisme et son ambiguïté. À la fois fragile, séductrice et inhumaine, elle donne au personnage une vraie dimension tragique.
Le casting est d’ailleurs solide pour l’époque, avec Ben Kingsley, Michael Madsen, Forest Whitaker, Alfred Molina et Marg Helgenberger. Et dans un clin d’œil pour les cinéphiles, la jeune Michelle Williams incarne Sil adolescente dans quelques scènes marquantes.

L’ombre de Giger plane sur tout le film

Si La Mutante reste aussi marquant, c’est en grande partie grâce à l’univers visuel imaginé par H.R. Giger, le même artiste qui avait donné vie au xénomorphe d’Alien. Son style biomécanique, à la fois organique et cauchemardesque, donne à Sil un aspect inoubliable. Roger Donaldson, fasciné depuis longtemps par le travail du créateur suisse, a réussi à retranscrire cette esthétique dérangeante, entre beauté et horreur. Chaque transformation du corps de Sil semble tout droit sortie d’un tableau vivant, presque hypnotique.

À sa sortie, La Mutante a connu un joli succès au box-office, récoltant plus de 100 millions de dollars à travers le monde. Un score impressionnant pour un film au ton aussi audacieux. Les critiques, elles, ont été plus partagées, soulignant parfois un scénario prévisible ou un ton inégal.
Mais avec le temps, le film est devenu culte. Il a connu plusieurs suites, dont deux portées à nouveau par Natasha Henstridge, avant de s’éloigner de son concept d’origine.