C’est une découverte qui change notre regard sur le pôle Sud. Une équipe internationale de chercheurs vient de révéler qu’un vaste réseau de plus de 300 canyons sous-marins se cache sous les glaces de l’Antarctique. Ces vallées, invisibles depuis la surface, racontent une histoire bien plus mouvementée que celle d’un simple désert de glace.

L'Antarctique est plus vivant qu’il n’y paraît

On a souvent l’image d’une calotte blanche immobile. Mais sous cette apparente immobilité se cache un relief spectaculaire. À l’aide de données bathymétriques de très haute résolution, les scientifiques ont pu dresser une carte inédite du socle antarctique, révélant des vallées longues de plusieurs centaines de kilomètres, creusées par les anciens glaciers au fil des âges. Certaines atteignent des profondeurs vertigineuses, plus de 4 000 mètres, parfois même 5 000 dans certaines zones. Le canyon le plus imposant, repéré dans la mer de Weddell, s’étend sur près de 860 kilomètres. Ces structures gigantesques sont le résultat de torrents de sédiments, d’éboulements et de courants puissants qui, au fil des millénaires, ont sculpté un véritable labyrinthe sous la glace.

Ce nouveau relief révèle un contraste saisissant entre l’est et l’ouest du continent. L’Antarctique oriental abrite les réseaux les plus anciens, complexes et profonds, des canyons ramifiés, aux profils arrondis, témoins d’une glaciation stable et millénaire. À l’ouest, les vallées sont plus abruptes, plus jeunes, creusées par des glaciers encore instables. Ces différences traduisent deux histoires géologiques bien distinctes, qui reflètent l’évolution du climat sur des millions d’années.

Antartique

Des artères vitales pour les océans

Au-delà de leur beauté géologique, ces canyons jouent un rôle décisif dans la circulation des eaux. Ce sont de véritables conduits reliant la surface et les profondeurs. En hiver, ils canalisent les eaux froides et salées qui plongent vers les abysses, participant à la formation des grands courants marins mondiaux.
Mais ces mêmes couloirs peuvent aussi servir de voie d’entrée à des eaux plus chaudes venues du large, capables d’atteindre la base des plateformes de glace. Résultat : une fonte accélérée et une fragilisation des glaciers en Antarique.

Ces nouvelles cartes pourraient bien changer la donne pour les modèles climatiques. Jusqu’ici, le relief sous-glaciaire restait largement approximatif, ce qui limitait la précision des projections sur la fonte des glaces et la montée des eaux.
Les chercheurs plaident désormais pour une cartographie encore plus fine de l’Antarctique, notamment dans les régions les moins explorées de l’Est.

Source : Université de Barcelone