Ceci est une republication de la critique parue le 7 février 2011, désormais agrémentée de nos impressions multijoueurs.

Pour ne rien vous cacher, Killzone est une de mes séries préférées du genre. Pour la simple et bonne raison que les combats y sont plus censés qu'ailleurs. Au coeur de la mêlée, foncer dans la tas n'est pas une solution et il faut exploiter au mieux les possibilités offertes par la jouabilité sous peine de finir au cimetière. S'ajoutent à cela une certaine lourdeur dans les contrôles, qui renforcent le sentiment d'être un soldat suréquipé au front, et une ambiance, ainsi qu'un design, qui vous plongent directement dans le coeur de l'action. Eh bien sachez qu'avec Killzone 3, vous ne serez pas dépaysé. Néanmoins, Guerrilla, son développeur néerlandais a écouté la communauté et propose aujourd'hui, une campagne plus maîtrisée et variée, tant sur le fond que sur la forme.

Voyage au bout de l'enfer

La plus grande force de Killzone 3 ? Si ce n'est sa réalisation alors ce sera, à n'en pas douter, sa variété. En effet, l'ISA tente toujours de se sortir du guêpier Helghast et nous suivrons ce scénario à deux moments différents : à la fois directement après les évènements de Killzone 2 et six mois plus tard au travers de flashbacks bien convaincants. Des effets de styles plutôt réussis que l'on retrouve aussi dans les décors puisque la monotonie esthétique des lieux de KZ2 est cette fois abandonnée au profit de nombreuses régions encore inexplorées. Ainsi, on traverse une ville dévastée par la guerre sur un char suréquipé, une jungle à la nature hostile en mode infiltration, des montagnes enneigées avec un jet-pack, des laboratoires de tests, un croiseur Helghast en perdition, l'espace en vaisseau spatial façon Star Wars ou encore une mémorable décharge abandonnée mais pas désertée...

Vous l'aurez compris Killzone 3 joue clairement la carte de la diversité pour se renouveler en terme de décors, d'ambiance et de jouabilité. Oui, tout ça à la fois. Une prouesse car avec autant de gameplay différents, il eut été facile de s'éparpiller. Ce n'est finalement pas le cas en jeu, ni même en ce qui concerne l'histoire, même si ce n'est pas forcément celle-ci qui vous encouragera à le terminer, malgré une narration plus maîtrisée et immersive. Quoiqu'il en soit, il faut bien admettre que certaines phases sont un peu plus réussies, voire plus jouissives, que d'autres. On pense notamment aux manques de crédibilité durant certains passages dans la séquence d'infiltration ou encore aux exceptionnelles sensations, en vol comme en combat, avec le Jet Pack dans les pleines enneigées d'Helghan. Je ne m'étendrais pas sur la réalisation globale du titre qui s'avère époustouflante à tous points de vue, avec des effets spéciaux (particules, fumée, détails par milliers, feu, certains éléments destructibles, etc.) et ceci malgré un aliasing persistant caractéristique de la PS3, ou encore quelques ralentissements dont on s'accommodera sans mal. Bien entendu, cette beauté s'avère transcendée en 3D pour peu que vous soyez équipé.

Gunplay

Pas de test d'un shooter sans un petit passage critique de la sacro-sainte jouabilité. Si on retrouve les mêmes sensations que dans KZ2, nous avons remarqué un certain assouplissement dans la réalisation des actions. Ainsi, le système de couverture permet-il désormais de se décaler avec plus d'aisance pour tirer. Les commandes répondent aussi avec une plus grande vivacité et l'arrivée de la glissade, façon Vanquish, ou encore de la possibilité de transporter deux armes au lieu d'une, assurent une plus grande polyvalence face aux situations. Détail amusant, vos comparses, Rico et Naville sont désormais capables de vous relever en combat. Tout dépend des circonstances mais s'ils peuvent le faire, ils n'hésiteront pas un instant. Des ajouts intelligents qui augmentent la frénésie en jeu et qui s'accompagnent, en plus, d'une I.A encore plus convaincante, tant chez les Higs que du côté de l'ISA. En effet, vos ennemis fuient en cas de danger et vos comparses tentent, tant bien que mal, de vous coller au train dans les moments difficiles. Tant mieux car vous verrez qu'il y en a pas mal !

A feu et à sang

Comme beaucoup, nous avons adoré le sentiment d'être perdus au milieu de la bataille malgré les chemins tortueux, et pour la plupart imposés, de cette campagne. C'est une caractéristique de la série Killzone. Planqué derrière un muret, on tente d'avoir une vision globale du champ de bataille afin d'éviter une balle perdue. Preuve que Guerrilla maitrise parfaitement son sujet. Néanmoins, reconnaissons le sentiment de frustration ressenti lorsqu'on meurt sans trop savoir pourquoi. Souvent, c'est parce qu'on a mal observé les alentours, ou pire, pas identifié les positions ennemies. C'est clairement frustrant, pour ne pas dire agaçant. Mais c'est aussi cela qui procure un réel plaisir lorsque l'on débusque les Helghans pour les terminer sauvagement au couteau. Profitons-en pour souligner que la panoplie de coups au corps à corps s'est largement étoffée pour offrir de véritable petits duels qui dynamisent l'action. Un élément qui ajoute à l'immersion, d'autant que ces scènes sont devenues nettement plus gores avec des égorgements d'une violence absolument inouïe...

Dans le Move ?

Pour avoir tenté l'expérience à la manette comme au PS Move, sachez que la glace de Sony réagit parfaitement et offre une alternative intéressante durant la plupart des phases de jeu. Soulignons, néanmoins, quelques approximations durant les séquences inédites aux commandes des exo-squelettes, des vaisseaux, des canons ou même avec le jet pack. Rien de bien méchant si ce n'est que cela prouve que la manette semble plus efficace pour le moment. Le meilleur moyen de s'en rendre compte consiste à faire la campagne en Coop', avec un ami et en écran partagé (verticalement), à défaut de pouvoir le faire online, afin de constater les différences. Disons que l'expérience est rafraîchissante, sans plus.

Multipot

Après le test du solo, et désormais plusieurs heures de jeu en multijoueurs, ce mode n'en demeure pas moins essentiel . Admettons même que celui de Killzone 3 a tout pour plaire. Le système de progression (on récupère des points de déblocage à chaque victime pour customiser l'arsenal et les compétences, via plusieurs paliers, correspondant à chacune des classes que l'on peut incarner) autorise à passer d'une classe à l'autre pour varier les expériences. L'ajout du Deathmatch, ou encore du jeu scénarisé en équipes (Helghast contre ISA), offrent une certaine variété et toujours plus d'immersion. De petites finesses comme l'infiltration des lignes ennemies avec la classe infiltrateur encore l'ajout du fusil à pompe apportent de belles perspectives, sans compter que les cartes sont, pour la plupart, plus riches en recoins, et en couloirs, malgré leur petit nombre, servant, évidemment, à varier les fronts et les positions. Bref, tout cela nous promet encore de belles heures de tueries entre gens de bonne compagnie sur trois modes de jeu (Guerilla pour le Deathmatch, Zone de guerre pour des missions spéciales et Opérations pour une succession de missions scénarisées) efficaces.

Guerrilla parvient à nous surprendre par tant de variétés, et ceci tout en conservant les acquis qui ont fait le succès de la saga. Killzone 3 en solo est donc une expérience de haute volée qui n'a rien à envier à la concurrence, puisqu'elle s'en inspire clairement. Mais avec seulement 7 ou 8 heures pour être bouclée, cette campagne de qualité ne suffira pas à rassasier les amateurs du genre, c'est pourquoi les nouvelles possibilités offertes par le multi, sans pour autant totalement bouleverser les habitudes des joueurs de Killzone 2 en ligne, ont leur importance. Et de ce que nous avons pu voir, vous ne serez pas déçus !