On savait que Denis Dyack et l'ensemble de Silicon Knights avaient particulièrement mal vécu les nombreuses critiques qui avaient suivi la présentation de Too Human, leur prochain titre 360, pendant l'E3 2006. En effet, le jeu, pourtant bénéficiaire du fameux Unreal Engine d'Epic, semblait techniquement à la ramasse, même en tenant compte du fait qu'il s'agissait d'une version très peu avancée... et d'autant plus lorsque non loin de là, Gears of War crevait l'écran et décrochait les mâchoires.

On apprend tout juste que Silicon Knights intente un procès à Epic, les accusant d'avoir retenu une version beaucoup plus stable de leur moteur afin de favoriser la présentation de Gears of War, livrant cette version en novembre 2006 au lieu de mars comme c'était apparemment prévu à la base.

Les dommages encaissés par Silicon Knights à la suite de la conduite d'Epic sont manifestes, car les visiteurs de l'E3 ont été en mesure de comparer Too Human avec un autre jeu tournant ostensiblement sur le même moteur, Gears of War, avec des résultats immensément supérieurs.

C'est certain, c'était le jour et la nuit... Pour ces raisons, Silicon Knights réclame une annulation du contrat de licence signé avec Epic, les droits illimités d'altérer le moteur, et surtout (attention c'est fort), la confiscation des bénéfices engendrés par Gears of War pour qu'ils soient reversés au titre des dommages et intérêts à Silicon Knights !

Too Human aurait donc connu la tourmente d'un changement de moteur en cours de route, la plainte stipulant que "des mesures et l'augmentation des délais et des coûts du développement du jeu de Silicon Knights causés par un moteur inexploitable" sont à imputer à Epic. D'ici à la sortie du jeu, le code d'Epic sera abandonné. Quant on connaît le nombre de jeux qui font eux aussi usage du moteur d'Epic et semblent parfaitement s'en accomoder, une telle offensive de la part de Denis Dyack et sa bande paraît pour le moins curieuse, et, du point de vue juridique, assez peu solide. Pourtant la plainte fait aussi mention d'autres développeurs tiers ayant dû abandonner l'utilisation du moteur. Pour sa part, Mark Rein, patron d'Epic, déclare :

Nous estimons que ces revendications contre nous sont infondées et sans mérite, et nous avons l'intention de nous défendre pleinement contre elles. Nous aimerions vous en dire plus à ce sujet, mais malheureusement nos avocats souhaitent que nos commentaires soient réservés à la Cour, et nous ferons donc de notre mieux pour leur donner satisfaction.

De son côté, Dyack (dont le tempérament et la logique fait déjà l'objet de pas mal de critiques dans le milieu), précise que c'est bien entendu à contre-coeur que sa société se lance dans cette bataille :

Nous préférerions grandement nous focaliser sur la création de jeux, plutôt que d'aller au tribunal. Malheureusement, comme l'explique notre plainte, nous avons rencontrés d'importants problèmes avec l'Unreal Engin 3, qu'Epic n'a pas voulu ou pas pu rectifier. Pendant plus d'un an, nous avons essayé de conclure un arrangement avec Epic pour résoudre ces soucis sans en venir au contentieux, mais n'avons pas pu parvenir à un compromis raisonable avec Epic.

Enfin, la plainte fait état de l'incapacité d'Epic à fournir en temps et en heure la version PlayStation 3 du moteur :

Les kits de développement finaux pour cette console ont été livrés aux alentours de mi-août 2006, avec une promesse de disponibilité d'un moteur fonctionnel à Silicon Knights pour février 2007. Silicon Knights n'a pas reçu ce moteur d'Epic.

Bref, c'est parti pour se fritter grave, et Too Human, pourtant mentionné pendant la conférence de presse Microsoft de l'E3 2007 semble plus que jamais dans la tourmente.