Les RTS se traînent depuis trop longtemps, c'est pourquoi tous les accros du genre attendent patiemment des bêtes de scène, comme StarCraft II, par exemple. Mais avant cela, nous aurons droit à quelques perles, dont le très intriguant R.U.S.E. D'abord, c'est dans la forme que ce titre tranche avec la concurrence. Les parties débutent sur un plateau aux décors synthétisés. Même si le tout est joli, cette énorme maquette étonne par sa simplicité. Mais d'un petit coup de molette, on zoome dans la zone pointée à la vitesse de l'éclair, pour voir apparaitre les détails florissants des environnements, des troupes à l'aspect réaliste et des explosions dignes des meilleures films de guerre. Vous l'aurez compris, ce moteur graphique, taillé pour zoomer (et sûrement pour durer !), permet de passer d'une vue d'ensemble synthétique au cœur de la bataille en un clin d'œil ; et ceci même avec une config' moyenne. Voilà déjà une bien belle arme pour monter vos stratégies dans les meilleures conditions.

Le nerf de la guerre

Chaque partie de R.U.S.E débute avec une unique base centrale. A vous d'aller coloniser les dépôts de réapprovisionnement, disséminés sur toute la carte, afin de renflouer votre compte en banque et commencer à construire d'autres bâtiments ainsi que des troupes supplémentaires. Assez classiques, celles-ci devraient tout de même avoisiner les deux cents au final. Une variété conséquente néanmoins régie par des codes de puissance ultra connus. Pour exemple, une batterie anti-aérienne fera un carton dans le ciel mais ne pourra pas grand-chose face à un tank lourdement armé. Des poncifs éprouvés mais poussés à l'extrême qui s'avèrent fatals durant les affrontements. Cet axiome de base a son importance car R.U.S.E se distingue aussi par son système de victoire. Si on peut gagner de manière classique, en rasant la base ennemie, sachez que la moindre troupe détruire rapporte un certain nombre de points de victoire, qui feront la différence lors du bilan d'une partie en temps limité. Un fonctionnement qui favorise les attaques éclairs pour augmenter son score, là où d'autres jeux tentent de vous impressionner avec leurs grandes batailles rangées et composées de centaines de troupes. Ainsi, R.U.S.E offre une vraie dimension tactique, avec ses bases de RTS lambda, mais joue aussi l'a carte de l'originalité avec des fronts réduits un peu partout sur la carte et des parties limitées dans le temps.

Ruser, c'est bien jouer !

Malgré son interface épurée de tous boutons superflus, R.U.S.E fait apparaitre, à votre demande, un menu défilant en haut de l'écran pour déployer votre armée et construire de nouveaux bâtiments. C'est d'ailleurs là qu'on y découvre une option inédite dans le genre : les ruses ! Ces coups de bluff imposent une dimension tactique grâce à des actions très spéciales. Il est possible de lancer de fausses troupes à l'opposé de la carte pour faire stresser l'ennemi, de profiter de boost temporaire de vitesse pour se déplacer plus rapidement, d'augmenter l'agressivité de ses armées ou même de les rendre indétectables pendant un déplacement (une bonne dizaine étaient disponibles sur cette bêta).Il s'agit là de véritables coups de Poker pour harceler moralement votre adversaire mais aussi, et surtout, pour dévoiler votre stratégie au dernier moment. Autant dire que les parties à haut niveau ne manquent pas de surprises ni de rebondissements. Du coup, vos tactiques sont en perpétuelles évolutions en fonction des informations (vérifiées ou non) qui vous sont dévoilées au fur et à mesure de la partie. Une bien belle idée qui apporte une réelle fraîcheur dans un genre figé depuis trop longtemps.

Quand la ruse devient confuse

Si R.U.S.E profite d'un moteur graphique étonnant, d'idées vraiment innovantes et d'une interface simple dans la forme, et évidement destinée aux joueurs consoles, il ne faut pas se tromper : ce jeu demande d'être hyper réactif tant les informations qui arrivent continuellement durant les parties sont capitales pour monter votre stratégie. Un manque d'attention de quelques secondes peut vous couter la victoire (et c'est du vécu !). De plus, au cœur des escarmouches, il est difficile de s'y retrouver tant il y a de troupes qui se chevauchent à l'écran. Alors autant être sur d'avoir prévu toutes les éventualités avant chaque affrontement sur le terrain. Enfin, certains joueurs en ligne sont de redoutables tacticiens et vos premières parties risquent de se terminer en quelques minutes si vous êtes débutant. Tous ces éléments combinés font que le titre d'Eugène (Eugen Systems) n'est finalement pas très accessible malgré un côté très accueillant dans la forme.

Malgré ses joutes élitistes, R.U.S.E a de jolis atouts dans sa manche, grâce notamment à des parties nerveuses et toutes en finesse, laissant la part belle au bluff et à l'anticipation, surtout en multijoueurs. Reste à savoir si ce titre prévu chez nous pour le premier trimestre 2010 sur PS3, PC et Xbox 360, aura un mode solo consistant pour ceux qui ne supportent pas le harcèlement stressant subi lors des parties en ligne.