D'abord attendu pour l'hiver dernier Riders Republic aura comme tant d'autres nécessité un temps de préparation supplémentaire, histoire de ne pas louper son entrée en campagne. À deux petits mois de sa sortie, nous avons eu la chance de dévaler les pistes et d'enchaîner les figures en passant d'une discipline à l'autre, puisque le jeu de sport en monde ouvert selon Ubisoft s'offrait ces derniers jours un premier galop d'essai.

Riiiiiiidge Riders !

Ceux qui ont déjà pu découvrir les quelques bandes annonces de cette nouvelle licence à la croisée des chemins savent à quel point les annéciens entendent s'appuyer sur une mise en avant permanente des joueurs : dès les premières minutes, nous sommes ainsi invités à créer un avatar de toutes pièces, histoire de se distinguer parmi les dizaines de participants, sans parler des fantômes destinés à remplir un terrain de jeu vaste et ouvert, prétexte à tous les défis. Comme tant d'autres productions de l'éditeur français, Riders Republic n'entend pas nous laisser librement expérimenter grabs et gamelles sans avoir validé une longue série de prérequis, et découvert le hub central qui prend ici le nom de Riders Ridge.

Avant de pouvoir chausser quoi que ce soit, il faudra donc en passer par la phase de présentation faussement cool, alors que la très enthousiaste Suki nous amène à la rencontre de Brett, la légende locale des sports extrêmes reconvertie en restaurateur, qui distribue burgers et punchlines un peu éculées depuis l'intérieur de son food truck.

Le ton se veut proche de ce que la télévision américaine sait faire de plus insupportable, entre plans de coupe face caméra et hystérie collective injustifiée. Heureusement, nous n'aurons plus à adresser la parole aux locaux une fois cette étape passée, et au vu du ton rapidement fatiguant de l'aventure, c'est un véritable soulagement. C'était sans compter sur un animateur omniprésent qui allaient rendre certaines épreuves bien pénibles...

Rocking mountains

Cette phase de bêta aura donc été l'occasion de tester en profondeur les épreuves de VTT et de glisse, les autres disciplines n'étant pour l'heure accessibles que lors de certaines épreuves bien identifiées. C'est donc au volant d'un guidon que l'on dévale les premières pentes du parc de Yosemite, histoire de faire grimper un compteur d'étoiles propre à chaque épreuve, et qui permet de débloquer toujours plus de défis sur une gigantesque world map.

C'est en dévalant les reliefs que l'on découvre une sensation de vitesse bien retranscrite (et même grisante à la première personne), et un véritable souci du revêtement : que l'on pédale sur l'herbe, la roche, le sable ou contre la gravité, notre monture ne se comporte pas exactement de la même manière, et l'on accueille avec joie l'arrivée progressive de nouveaux vélos aux statistiques variées.

La boucle de gameplay est à ce titre relativement simple : une épreuve remportée en débloque de nouvelles, et l'on prend du galon tout en accumulant les montures, du VTT taillé pour le trail au vélo de courses réservée aux routes bitumées. Le freinage sec permet de changer rapidement de trajectoire, et il faut comme à l'époque de l'antique Sega Extreme Sports faire un usage raisonné de sa jauge de stamina pour accélérer au bon moment, et coiffer ses adversaires sur la ligne d'arrivée. Souci du détail oblige, les éléments du décor défilent même dans les oreilles, mais le filtre alors appliqué à la bande-son n'est pas des plus habiles, tant il sonne faux. Heureusement, on pourra comme dans la série Tony Hawk's Pro Skater rapidement exclure les pistes les moins heureuses d'une bande-son qui brasse large, d'Aphex Twin à une reprise malhabile de Gangsta's Paradise.

Une bonne descente

C'est d'ailleurs sur fond d'All I Want, vraisemblablement emprunté à Crazy Taxi, que l'on grimpe rapidement sur des skis ou un bon vieux snowboard pour découvrir que Riders Republic est également un jeu de tricks. Via les boutons de façade ou le stick droit sortent flips et autres rotations qui vont bien, le stick gauche et la gâchette droite permettant d'y glisser un petit grab supplémentaire. C'est peu dire que la physique semble très clémente durant les sauts, mais l'on accueille rapidement avec bienveillance ce choix de game design pousse-au-crime. Même en vélo, le moindre tremplin est ainsi prétexte à toutes les figures, qu'il faudra rapidement maîtriser pour tenter de briller lors des Tricks Battle en équipes de six.

Il faudra tout même faire preuve de patience pour véritablement maîtriser l'art de la figure parfaitement exécutée, la faute à un système pas toujours très clair sur sa gestion des enchaînements et à des atterrissages parfois très contestables. Si les figures s'avèrent a priori variées, même en VTT, difficile de discerner pour l'heure une véritable profondeur dans le gameplay, et Riders Republic devra assurément convaincre sur la durée : certaines épreuves font d'ailleurs la part belle au scoring, sans même pénaliser ceux qui ne franchiront pas la ligne d'arrivée. Un choix pour le moins... curieux. Qu'importe, puisque la profondeur en question se manifestera vraisemblablement à travers l'exploration d'un monde qui s'annonce comme incroyablement vaste, et qui traduit certainement des promesses affichées d'entretien sur la durée. Ceux qui adhèreront à cette vision de la république peuvent être rassurés : Ubisoft Annecy semble déjà viser le quinquennat.

Sixty fouuuuur, OMG

Faute de pouvoir explorer librement l'univers de Riders Republic ou son Riders Ridge qui rassemble en un point des options pourtant souvent accessibles directement via le menu principal, nous avons donc eu l'occasion d'enchaîner les épreuves collectives, du Tricks Battle déjà évoqué au Free-for-All en passant par l'épreuve reine : la Mass Race et ses 64 concurrents (sur new-gen uniquement). C'est d'ailleurs sur la piste de départ que l'on mesure à quel point il est essentiel de se démarquer grâce au milliard et demi de costumes plus fous et colorés les uns que les autres, qui peuvent aussi biens s'acheter grâce à la monnaie in-game maximisée par d'odieux sponsors, ou des espèces bien réelles qui nécessitent (évidemment) de repasser à la caisse. Grinder avec classe un snow park dans un costume de girafe se paye, voyez-vous. Ubisoft entend d'ailleurs tout faire pour pousser au crime, puisque les étals des boutiques locales changeront chaque à chaque jour qui passe...

C'est donc parmi 63 autres riders plus ou moins colorés que l'on s'élance, et c'est peu dire que la confusion règne en maîtresse durant les premières dizaines de secondes d'une cohue généralisée, malgré l'absence (très temporaire) de collisions. Comme durant les épreuves de stunt, qui réclament un habile doigté, la caméra peine à nous montrer efficacement le déroulé de la course, et c'est parfois dans un hurlement de frustration que l'on se voit contraint de rembobiner l'action pour passer ce fichu check point dévoilé à la dernière minute. Heureusement, les Mass Race se démarquent également par leur enchaînement d'épreuves, et l'on passe ainsi du ski à la rocket wingsuit en un claquement de doigt... ou presque. La micro-latence qui sépare les disciplines est sans doute encore plus palpable à la première personne, un affichage qui perd encore plus souvent cette pauvre caméra décidément bien à la peine. Malgré cette diversité et la variété de l'action, pas sûr que ces courses endiablées ou règne parfois le chaos permettent de tenir en l'état sur la durée.

ON L'ATTEND... SUR UNE PENTE GLISSANTE

Après quelques heures passées à dévaler les pistes enneigées ou goudronnées, Riders Republic pourrait ne pas profiter d'une majorité qualifiée. Si les sensations de glisse et de vitesse offrent des sensations agréables qui poussent à enchaîner les tricks en tous genres, son ton faussement cool et sa structure en forme d'éternelle fuite en avant pourraient bien laisser sur le bas-côté ceux qui espèrent avant tout y trouver un titre bien calibré, qui n'a pas oublié qu'avant de tout miser sur un contenu régulier, il faut avant tout offrir une bonne occasion d'y rester. Heureusement, il reste deux mois à Riders Republic pour muscler son programme, et tenter de passer la barre du second tour. Les citoyens rendront leur verdict le 28 octobre prochain, sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series. Ah, et sur Google Stadia aussi tiens.