Des employés d'Ubisoft ont écrit une lettre ouverte adressée à ceux d'Activision Blizzard protestant après la réponse de leurs dirigeants face aux accusations de harcèlement et discrimination.

Aux travailleurs d'Activision Blizzard,

Nous vous entendons et voulons déclarer haut et fort notre solidarité avec vous. Au cours de la semaine dernière, l'industrie du jeu a de nouveau été secouée par des révélations qui sont depuis longtemps connues par trop d'entre nous. Des révélations qui, il y a un an, concernaient Ubisoft.

Il est clair, d'après la fréquence des faits rapportés, qu'il existe une culture répandue et profondément enracinée de comportements abusifs au sein de l'industrie. Cela ne devrait plus être une surprise pour personne - employés, cadres, journalistes ou fans - que ces actes odieux se produisent. Il est temps d'arrêter d'être choqué. Nous devons exiger que des mesures concrètes soient prises pour les empêcher. Les responsables doivent répondre de leurs actes.

Nous vous croyons, nous sommes à vos côtés et nous vous soutenons.

Cette missive partagée sur Twitter par Stephen Totilo, ex rédacteur en chef de Kotaku maintenant journaliste d'Axios, on la doit à environ 500 personnes travaillant ou ayant travaillé dans l'un des 32 studios d'Ubisoft. Les signataires expliquent ici vouloir que certaines pratiques cessent et que l'impunité ne soit plus la norme.

Les révélations sur Activision Blizzard, pour lesquelles les réponses apportées ont été jugées insuffisantes, motivant une grève sur le campus du groupe, font écho à celles qui concernaient l'entreprise française. Cette dernière est aussi visée par une plainte, déposée il y a quelques jours, suite aux révélations l'an passé du journal Libération. Plusieurs cadres importants étaient partis, et une grande réorganisation avait été entamée.

La deuxième partie de la lettre est justement adressée à la firme d'Yves Guillemot :

À la direction d'Ubisoft,

Nous soussignés, en avons assez. Cela fait plus d'un an que les premières révélations de discrimination systémique, de harcèlement et d'intimidation au sein d'Ubisoft sont sorties. À l'époque, vous avez été surpris d'entendre parler de ces actes au sein de votre propre entreprise et nous vous avons accordé le bénéfice du doute. Cependant, nous n'avons rien vu de plus qu'un an de paroles aimables, de promesses creuses et d'une incapacité ou d'une réticence à renvoyer les agresseurs connus. Nous ne faisons plus confiance à votre engagement à traiter ces problèmes à la base. Vous devez faire plus.

Il est ici question d'aller plus loin que des paroles rassurantes, des sessions de groupes ou des entretiens, déboulonner les "piliers complices", les personnes moins médiatisées qui, lorsqu'elles n'auraient pas démissionné pourraient avoir simplement changé de studio ou avoir eu une promotion. Demandons une place à la table des discussions sur ces sujets, les cosignataires élargissent à nouveau :

Nous avons fondamentalement besoin d'un changement réel, au sein d'Ubisoft, d'Activision Blizzard, et de toute l'industrie.

Est proposé que les acteurs majeurs de l'industrie se réunissent et s'entendent sur des règles et des processus à suivre face à des faits de harcèlement ou de sexisme, en conviant des employés dans des positions moins élevées hiérarchiquement et des représentants syndicaux.

Réaction sans précisions

Ubisoft a répondu quelques heures plus tard.

Nous avons lu attentivement la lettre signée par les anciens et actuels employés d'Ubisoft. Nous avons un profond respect pour l'engagement de nos équipes qui font pression pour des changements au sein de notre industrie. Nous voulons être très clairs sur le fait que nous prenons cette lettre - et les problèmes qu'elle soulève - très au sérieux. Au cours de la dernière année, nous nous sommes engagés à collaborer avec nos employés pour mettre en oeuvre des changements fondamentaux. Bon nombre de ces changements ont été motivés par des commentaires internes et des idées partagées par nos équipes et nous sommes reconnaissants pour cette communication continue.

Ubisoft a apporté des changements importants et significatifs qui visent à créer un environnement de travail sûr et inclusif pour tous, et il reste encore du travail à faire. Nous soutenons absolument ces efforts et l'impact positif qu'ils ont eu sur notre culture d'entreprise, tout en reconnaissant que nous devons continuer à nous engager avec nos employés à assurer un espace de travail où ils se sentent valorisés, soutenus et, surtout, en sécurité.

Il y a fort à parier que les prochains jours devraient être encore très agités. Un mouvement est en marche et il sera intéressant de voir si d'autres sociétés veulent s'inscrire dans un changement durable qui ne peut qu'être bénéfique, en répondant à des revendications qu'on ne peut qu'approuver.