À première vue, la nouvelle production d'Acid Nerve commence comme n'importe quelle journée, alors que le jeune corbeau chasseur d'âmes que nous incarnons arrive à la bourre au bureau, et se fait voler dans les plumes par toute la direction. Il faut dire que l'environnement de travail n'est pas des plus rock'n roll, et sa monochromie assumée s'accorde parfaitement avec la morosité ambiante. Pour un peu, on se croirait dans la salle d'attente d'un service public. Ambiance assurée.

Tut tut les grincheux

Quelques prises de becs (promis, j'arrête) plus tard, notre volatile se voit affecter un nouvel ordre de mission, et quitte donc les bureaux bien rangés pour un peu d'action en plein air. L'occasion de justifier le titre du jeu est ainsi toute trouvée, puisque le bureau fait office (...) de hub central : en plus d'y recharger les batteries et d'y monter en puissance, sa galerie de portes permet de rejoindre un monde hostile et interconnecté, via des portes à débloquer.

Une fois débarrassé des grincheux Death's Door prend enfin des couleurs, et permet de profiter un peu plus de sa direction artistique singulière : optant pour une approche isométrique à l'ancienne, le jeu se démarque par un jeu de textures étonnant, peu apte à refléter la lumière, mais qui permet d'immédiatement distinguer les éléments du décor et les ennemis à défaire. Et c'est qu'ils sont nombreux, les zozios.

Oiseaux de bonne augure

Notre représentant de l'administration de l'au-delà peut d'abord compter sur un combo classique conjuguant arc et épée pour défaire ses ennemis aux patterns rapidement identifiable. Contrairement à Titan Souls, Death's Door opte pour un système plus classique de points de vie, ce qui permet d'encaisser quelques coups avant de devoir tout recommencer. Et c'est tant mieux, puisque le vil corbeau a une fâcheuse tendance à trop s'avancer à chaque estocade, un petit problème de réglage qui demande un temps d'adaptation.

Passée cette première surprise, le jeu s'envole rapidement, pour vite trouver son rythme de croisière : au sol ou dans les airs, les ennemis s'enchaînent crescendo, et permettent de tester les deux approches, à distance et au corps-à-corps. Que ce soit pour esquiver d'une simple roulade, ou décocher une flèche, un cooldown obligatoire oblige à penser sa stratégie avec un petit coup d'avance, et assure un bon équilibre. Dans le même ordre d'idée, impossible de spammer tranquillement à distance, puisque les flèches ne rechargent qu'avec des attaques au corps-à-corps. Malin, on vous dit.

Le colosse dérouille

Si les mobs de base dégagent en quelques coups bien placés, les quelques boss qui rythment la progression nécessitent de temporiser : au sein d'une arène fermée, il faudra décoder encore plus rapidement les patterns d'attaque qui se transforment au fur et à mesure des phases, comme à la bonne époque. À l'instar de la mini-Sagrada Familia qui avait tapé dans l'oeil de tout le monde lors de la présentation du jeu, les plus puissants adversaires profitent d'un design très efficace, et voir leur armure se fissurer pour laisser émerger une lumière rose vif qui tranche avec les environnements aux teintes plus discrètes donne de la motivation et un précieux indice sur l'issue du combat.

Et pour ne rien gâcher, l'action comme l'exploration sont portées par une bande-son de TRÈS haute volée - peut-être celle de l'année 2021. Laissant pour le moment le champ libre aux vents, les flûtes et clarinettes s'en donnent à coeur joie pour illustrer la douce désolation qui règne ici-bas. Le jeu n'hésite d'ailleurs pas à jouer sur les oppositions, comme en témoignent les gerbes de sang qui maculent systématiquement le sol alors que les ennemis disparaissent, pour un effet saisissant. Il n'y a pas à dire : question ambiance, nous sommes servis, comme Madame.

L'école des points cardinaux

La formule est peut-être classique, mais diablement efficace, grâce à un level design qui se recoupe sans cesse, entre raccourcis et déverrouillage de portes, qui incite naturellement à la progression grâce à une ingénieuse inclinaison. La dimension isométrique de Death's Door offre même quelques surprises : en explorant le versant caché de chaque structure, le joueur est parfois récompensé d'un quart de bonus qui augmentera vie et pouvoirs magiques. Il faudra sans doute bien cela pour venir à bout des trois ennemis clés de l'aventure, répartis aux quatre vents, et qu'il nous tardé déjà de rencontrer...

ON L'ATTEND... EN ROUCOULANT

À n'en point douter, Death's Door s'annonce au moins aussi nerveux et intelligent qu'escompté. La formule déclinée par Acid Nerve n'est sans doute pas la plus originale, mais l'exécution soignée et le rythme parfaitement maîtrisé de l'aventure nous donne déjà l'envie d'y retourner, sans parler de l'ambiance visuelle et sonore au mois aussi envoûtantes. Heureusement pour nous, la version finale arrivera le 20 juillet prochain sur PC et Xbox One. Bah crôa ?