La guerre a changé. Et les hommes qui la font aussi. Un credo bien connu des jeux de tir à la première personne retraçant les conflits armés d'aujourd'hui, un credo surtout vu, revu et re-revu, sans jamais avoir l'impression de mettre correctement le doigt sur la bonne dose de tension et d'authenticité du monde réel tel que nous le connaissons. Un credo surtout archi usé, jusqu'à la moelle même, du côté de la saga Call of Duty. Du moins le pensait-on. Avec Advanced Warfare et Infinite Warfare, largement décrié par les fans de CoD, Infinity Ward semblait condamné à revenir à l'essence même de son succès, à savoir Modern Warfare, avec un épisode 4 des plus attendus. Sauf que...

D'épisode 4, il n'y aura pas. Un reboot, en revanche, oui. Ou plutôt, comme nous l'a rappelé à plusieurs reprises Taylor Kurosaki, le Studio Narrative Director, ce nouvel opus n'est autre qu'une réécriture de la saga Modern Warfare, une façon de réinventer la guerre et les conflits armés de l'époque, en les transposant dans notre bon vieux monde réel. Cela nous donne ? Un jeu travaillé, mûri, pensé et élaboré durant trois ans de développement, centré sur des enjeux internationaux, avec un terrain de jeu bien plus large que par le passé. Et avec des figures anciennes, propres à arracher une larme - si ce n'est plus - aux plus nostalgiques. Si le Captain Price, cher aux amoureux de MW, est ainsi toujours de la partie, il devra composer aussi bien en terrain ouvert, que couvert et aussi bien de jour que de nuit.

Les règles du jeu ont changé. Et elles s'annoncent impitoyables

Surtout, la façon de vivre les missions va radicalement changer au sein de ce nouveau Modern Warfare. Si par le passé, Infinity Ward avait déjà mis un point d'honneur à soigner la narration et à forcer le trait niveau émotion, bien que de façon séquentielle, là, l'odeur de la guerre, son atmosphère, ses choix et ses conséquences seront au coeur de l'action. Lors des deux missions qui nous ont été proposées, le caractère dramatique des gunfights a été poussé à un niveau rarement atteint jusque-là. Au point de nous rappeler, malheureusement, de funestes événements survenus il y a peu de temps sur notre sol national... Inutile de vous faire un dessin.

La guerre est impitoyable. On a pu le ressentir dans ce Modern Warfare revisité donc, au logo totalement changé - adieu le blanc et le vert, place au blanc et violet - dans lequel on voit des soldats tuer d'une seule balle ou presque leurs assaillants, les achever d'une balle ou au contraire, les laisser gémir et agoniser durablement au sol. La guerre dans MW n'épargne personne : on a pu voir des femmes prendre les armes dans une des missions présentées, feindre de se rendre pour mieux tenter de vous surprendre, ou littéralement se jeter devant vous pour protéger d'autres terroristes. Sans oublier de soulever un bébé (le sien ?) pour provoquer la pitié du soldat et épargner sa vie. Là où le jeu nous a paru fort en émotions, c'est ce moment de latence, d'hésitation de ce même soldat, arme pointée sur ladite terroriste, au moment de soupeser le danger face à elle et la prise de décision qui en découle. Eh oui la guerre est ainsi, au point de vous faire douter de chacun de vos actes.

La guerre dans MW a aussi changé de format, de place, de lieu. On l'a dit plus haut, ce reboot mise fort sur l'immersion et la réalité de la lutte anti-terroriste. C'est donc dans une maison londonienne, tout ce qu'il y a de plus contemporain - vous savez, ces maisons à plusieurs étages, avec une chambre ou une pièce différente à chacun d'entre eux - qu'un groupe de soldats d'élite ont démantelé sous nos yeux ébahis tout un réseau, dont le chef n'était autre qu'une... femme.

Une guerre totale, sans camps désignés mais au ressort scénaristique et émotionnel profond

La guerre a un bruit, un son. Dans Modern Warfare, un soin tout particulier a été mis sur l'esthétique du jeu, tout simplement somptueux - on y reviendra - mais aussi et surtout sur son acoustique. Le bruit des balles ne sera jamais le même en fonction du lieu dans lequel vous serez et de la qualité de l'environnement sur lequel vous tirerez. Un tir en extérieur sera fuyant, un tir en intérieur assourdissant, renforçant encore une fois la brutalité de vos affrontements. Une brutalité appuyée par l'apport de nouvelles technologies et notamment, du son Dolby Atmos.

La guerre a un visage, et elle est totale. On vous parlait du Captain Price. Il ne sera pas le seul protagoniste en jeu. Comme le communiqué officiel, paru à la fin de l'embargo média, nous le précise et comme les équipes d'Infinity Ward nous l'ont rappelé à plusieurs reprises, Modern Warfare placera sur le champ de bataille des opérateurs de premier rang, "un groupe varié de forces spéciales internationales" mais aussi des rebelles et des combattants de la liberté. On a parlé de Londres, vous aurez donc compris que l'action se passera en Europe. Une autre mission, déroulée sous nos yeux dans une ville du Moyen-Orient, nous a teasé l'export du champ de bataille, également, dans ce continent.

On vous a parlé de l'implication des femmes plus hauts. La guerre dans Modern Warfare sera totale. Elle ne sera pas noire ou blanche, comme n'ont cessé d'insister les équipes techniques à Los Angeles, elle sera grise, floue, avec des enjeux mouvants, des intérêts peu clairs, un positionnement non tranché. Pour preuve, cette mission dans laquelle des militaires russes fondent sur une ville du Moyen-Orient et pillent, cassent et tuent presque tout ce qui bouge. Un clin d'oeil à l'invasion russe en Afghanistan il y a 30 ans ? A un conflit plus récent ? Toujours est-il que ladite mission nous a placé de l'autre côté du miroir, pas du point de vue des forces spéciales mais celles... d'enfants, voués très tôt à tuer. Puisqu'il s'agit d'une fille et de son petit frère, Farah et Haddir nous ont donné pendant une dizaine de minutes une leçon de survie, d'abord initiée par leur père, rythmée par un raid - certes assez linéaire - au coeur de la ville, sur fond d'exécutions à chaque coin de rue, avant que ce dernier ne décède sous les balles d'un militaire russe un peu trop musclé.

La campagne mettra l'accent sur une jouabilité unique, fruit de vos choix stratégiques

C'est là qu'on a pu voir la richesse du rythme de ce Modern Warfare. Si la mission à Londres nous a coupé le souffle par sa mise en tension, les morts successives des terroristes et son froid réalisme - une balle, pas plus, on le répète, pour tuer tel ou tel terroriste - celle dans ce village n'a cessé d'alterner les changements d'ambiance. Une fois dans la maison de famille, avec le militaire russe aux trousses, l'action verse dans le huis-clos et dans le QTE dynamique, sans jamais nous avoir paru répétitif. La cruauté du militaire est prégnante, la peur et la montée d'adrénaline chez Haddir et Farah également, au point de nous immerger tant et si bien... qu'on aurait presque pu achever ledit militaire nous-mêmes. Et pas ces deux jeunes victimes de guerre, que l'on a vu fuir, avant de devoir s'en prendre à d'autres militaires. Comment ? En prenant les armes, pardi.

Bref, le parti pris et la promesse d'une campagne riche en immersion, à ce stade, nous a paru rempli. Il devrait l'être sur la durée puisque les missions très rythmées et scénarisées que l'on a pu voir devraient être répétées tout au long de l'arc narratif, qui oscillera très certainement entre les forces spéciales et les combattants de la liberté. Il faudra voir en revanche la portée de la richesse du gameplay puisque certains choix pourront changer le cours de l'action. Infinity Ward s'est voulu clair, il veut offrir une expérience quasi unique à chaque joueur. Une volonté déjà vue ici et là et qu'il faudra juger sur pièces et les heures de jeu aidant. On a pu néanmoins avoir un petit aperçu de ce gameplay, avec l'escapade nocturne londonienne, que l'on peut choisir de vivre sous le feu des ampoules de la maison... ou dans le noir le plus absolu, avec la vision nocturne ou thermique adéquate. En clair ? La jouer fine ou rentre-dedans - matérialisée notamment par le fait de pouvoir jeter un oeil rapidement sur une pièce en entrouvrant la porte ou en décidant de l'ouvrir en grand - , privilégier l'approche furtive ou miser sur le shoot longue distance, on aura le choix, le but étant de pousser au maximum la réflexion tactique et le pouvoir de décision du joueur lors de chaque mission.

Enfin et c'est le plus important, la guerre a de la gueule. Oui. Et même beaucoup. Si ce dernier n'a pas de nom précis - il ne nous a surtout pas été révélé - Modern Warfare proposera un nouveau moteur, à même de sublimer l'usage abondant de photogrammétrie, un procédé permettant à partir d'images réelles, d'offrir un graphisme à la fois immersif et photo-réaliste. Le rendu à l'écran est somptueux... mais il nous faudra nous en montrer un peu plus pour avoir la garantie d'un CoD beau comme un sou neuf. Après tout, nous n'avons vu que deux niveaux de jeu et pas pu explorer plus en profondeur les méandres d'une campagne qui ne manquera pas de rebondissements, c'est certain.

Multi, mode Coopératif, Cross-play mais pas de Season Pass au programme

Mais c'est avec une certaine excitation désormais et beaucoup d'impatience qu'il nous tarde de mettre la main sur une version jouable de ce Modern Warfare. Outre les promesses que ce reboot pouvait légitimement nourrir, nos premières impressions laissent à penser que CoD pourrait être en mesure, dans les mois à venir, de renouer avec un solo épique, dantesque. Prenant. La guerre a changé oui, elle sera aussi multi-plateforme : Modern Warfare sortira sur PC (via Blizzard Battle.net), Xbox One et PS4.

Autre bonne nouvelle, MW sera Cross-play : les équipes d'Infinity Ward souhaitant unir la communauté des joueurs PC et consoles. Le compte est bon ? Pas tout à fait. Pas de Season Pass au programme, le but étant d'offrir des cartes et d'alimenter le jeu en contenu gratuit de manière régulière après sa sortie. Une initiative à saluer - car très rare désormais - et qui devrait convaincre bon nombre de joueurs.

Enfin, on vous voit venir avec vos pancartes et banderoles "mais est-ce qu'il y a de la coopération dans ce Modern Warfare ? Et le multi, ça donne quoi ?". Les deux modes de jeu seront bel et bien de la partie, mais il faudra patienter un peu pour en connaitre les contours. Tout ce que l'on peut en dire tient dans le communiqué officiel du jour, à savoir "une expérience multijoueur classique et un tout nouveau mode de jeu coopératif, comprenant un ensemble de missions stratégiques en coopération et accessible à tous les niveaux de compétence".

Le plus important pour la fin : la guerre a une date. Modern Warfare sortira le 25 octobre prochain. Et autant vous le dire tout de suite, il est d'ores et déjà très attendu.