Depuis son annonce lors de l'E3 2015 dans une courte vidéo, Sea of Thieves fait figure de véritable OVNI, à tel point qu'il aura fallu attendre la bêta fermée du mois de janvier 2018 pour se rendre enfin compte de ce qu'il est réellement, de ce qu'il veut proposer concrètement aux joueurs.

Pour les quelques personnes au fond de la salle qui ne savent pas du tout de quoi il retourne, sachez donc qu'il s'agit d'un jeu multijoueur coopératif dans un monde ouvert ambiance Pirates, faisant la part belle aux batailles navales et aux chasses aux trésors. Seul, à deux, trois ou à quatre. Et quand on parle "d'ambiance pirates", on fait bien entendu référence à cet univers un peu cliché qui fait marcher l'imaginaire des petits et des grands depuis des siècles.

Il ne faut pas s'attendre à quelque chose de purement historique, on est plus proche de l'attraction Pirate des Caraïbes des parcs Disney, et donc plutôt dans un monde fantastique et caricatural comme il pourrait être décrit dans Peter Pan, les enfants en moins.

Sea of Thieves, c'est un peu tout ce que vous imaginez lorsque le mot "pirate" traverse votre esprit : jambes de bois, perroquets sur l'épaule, abordages, canonnades tonitruantes... et du rhum, beaucoup de rhum !

F.R.I.E.N.D.S

N'attendez surtout pas des quêtes principales, annexes, et tout un système de scénario avec un fil conducteur, car il n'y en a pas. Sea of Thieves tient un peu du Minecraft-like pour son côté bac à sable. C'est au joueur de vivre son aventure ou son épopée navale, avec certes des missions comme des chasses au trésor pour animer l'univers et offrir quelques perspectives d'avenir, mais rien qui ne viendrait créer un chemin tout tracé. La route, c'est à vous de la créer.

Le vice est poussé tellement loin qu'il n'y a même pas d'interface, tout fonctionne par le biais d'outils que vous avez sur vous (carte, boussole, etc.) et c'est à vous de chercher durant les premières heures l'utilité de tel ou tel instrument. Autant qu'une envie de liberté, c'est aussi pour Rare le désir d'avoir et de proposer un titre photogénique que l'on prend plaisir à admirer. "Aussi agréable à jouer qu'à regarder" : voila les mots que les développeurs croisés au studio avaient aux lèvres.

C'est un jeu à haut potentiel pour le streaming mais qui n'a évidemment aucune (mais alors aucune) prétention sur le plan compétitif.

Le monde est composé à 100% de pirates joueurs (pour l'instant, nous y reviendrons plus loin) et c'est à vous de former vos équipages avec vos amis ou compagnons d'un jour. Mais très clairement, si vous êtes du genre loup solitaire, le jeu risque de perdre beaucoup de son intérêt. Certes un navire "1 place" existe, mais l'expérience globale reste pensée pour être jouée à 2 minimum et à 3 ou 4 pour une aventure optimale.

Tonnerre de Brest !

Graphiquement, c'est une vraie claque et une véritable ode à l'esthétique Pixar. Grosse surprise, s'il tourne sous Unreal Engine 4, Sea of Thieves n'a plus rien du célèbre moteur graphique. On dirait quasiment un moteur maison de A à Z et le travail accompli, en particulier sur le rendu des mers sur lesquelles on navigue, se révèle tout bonnement EXTRAORDINAIRE.

Si vous ne jurez que par la vitesse et que vous êtes un éternel impatient, alors fuyez ce jeu comme la peste car il n'est pas pensé pour vous et n'ira jamais dans votre sens. Tout est fait pour vous faire prendre le temps, admirer un simple coucher de soleil sur le pont du navire devient un véritable passe-temps entre deux destinations. Et cerise sur le gâteau : malgré sa beauté, le jeu peut tourner "sur une patate" (ce sont les mots de Ted Timmins, le PC Lead Designer). Il s'agit du premier jeu PC de Rare et pourtant, quelle optimisation...

On a vu tourner le jeu sur une vieille Surface Pro avec un i3 et un chipset graphique intégré, et cela demeure extrêmement fluide.

L'écume des jours

Liberté et beauté ne suffisent pas à faire un bon jeu, loin de là. Le studio a donc travaillé l'atmosphère pour vous rendre l'expérience la plus immersive possible. Entendre une vague s'abattre sur le pont, la coque craquer en pleine tempête, ou encore la pluie s'écraser sur vos voiles, ravit les oreilles.

Sans conteste - et en pesant nos mots - Sea of Thieves propose la meilleure atmosphère marine de l'histoire du jeu vidéo. Clairement le jeu de Rare est le patron dans le domaine. Malgré tous ces points positifs, il est légitime de s'inquiéter concernant la durée de vie et l'intérêt sur le long terme. Les développeurs ont voulu nous rassurer sur ce point et nous annoncer l'arrivée de gros contenus supplémentaires dès le troisième mois suivant la commercialisation. Avec l'arrivée dans le même temps d'un système de micro-transactions, cosmétiques uniquement. L'habit ne fait peut-être pas le moine, mais la jambe de bois fait clairement le pirate !

Il est ainsi possible au début de l'aventure de créer son personnage et de le customiser comme bon nous semble. Il en sera de même pour les navires, sur lesquels on pourra changer la figure de proue, la couleur de la coque, la couleur des voiles et le drapeau, ainsi que d'autres éléments dont on ne nous a pas encore parlés.

À terme, le jeu ajoutera des familiers comme des perroquets, qui pourront interagir avec le reste de l'équipage.

De base, il est vrai, le jeu manque un peu de vie terrestre et marine. Sur les îles, à part des mouettes et quelques oiseaux, il n'y a pas beaucoup de vie. Mais les développeurs nous ont assuré (et montré) que des serpents seront de la partie et pourront même vous empoisonner. Certaines quêtes vous demanderont même de transporter des animaux comme des poules et des cochons, qui pourront servir de monnaie d'échange avec les joueurs et certains PNJ.

"Parez à l'abordage Papa ! Souquez les artimuses !"

Certains dangers guettent toutefois, et outre les traditionnels squelettes que l'on a pu voir en long, en large et en travers dans les différentes vidéos, le jeu aura aussi son Kraken. Une monstruosité marine qui aura très vite fait de vous envoyer par le fond. A demi-mot, Craig Duncan, big boss de Rare, nous a fait comprendre que des équipages squelettes pourront voguer et menacer les joueurs... mais pas à la sortie du jeu. En parlant de squelettes, sachez qu'une faction vous demandera de lutter contre eux en récupérant les crânes magiques de pirates anciens, et que des événements réguliers auront lieu pour faire tomber des forteresses aux mains des morts. Avec à la clef de nombreux trésors, si nombreux qu'il faudra coopérer avec d'autres équipages pour pouvoir tout emmener. Eh oui... les développeurs rusent pour vous forcer à de la coopération.

Enfin, Sea of Thieves proposera un système de "Pirate Légendaire", une nouvelle zone s'offrira alors à vous, avec nouvelles quêtes et nouveaux contenus. Pour devenir pirate légendaire il faudra monter en réputation dans l'une des guildes du jeu. Malgré tout, difficile en l'état de savoir ce que vaudra le jeu sur la longueur. En on saura déjà un peu plus lors de notre test fin mars/début avril !

ON L'ATTEND... IMPATIEMMENT !
Malgré certains doutes qui peuvent subsister, Sea of Thieves se montre diablement prometteur et a parfaitement de quoi charmer un très large public. Rare a promis de suivre attentivement son jeu sur le long terme, avec des premiers gros contenus à venir assez rapidement, et on a vraiment hâte de voir ce que cela va donner. Le principe fonctionne, l'atmosphère est extraordinaire, mais il est difficile d'oublier l'éternelle question du contenu : est-ce qu'on s'en lassera rapidement ? Si les qualités sont là, nul doute que les joueurs resteront très attentifs à cet aspect et qu'il sera d'ailleurs essentiel à la durée de vie du jeu au fil des mois et, on l'espère, des années. Il ne reste plus qu'à attendre le 20 mars prochain pour avoir une idée un peu plus précise sur les zones d'ombres précédemment évoquées. D'ici là, souquez ferme, moussaillons !