Ah, Miss Croft ! Ses galipettes improbables dans des tombes anciennes où seuls résonnaient les échos de ses cris d'effort. Ses deux guns terrassant un T-Rex sans qu'elle ne laisse s'échapper la moindre goutte de sueur ou émotion. Ses bonds enchaînés à la perfection sur des plateformes chancelantes à des hauteurs vertigineuses. Canon. Insolente. Invulnérable. Eh bah vous pouvez tout oublier. C'est ce que vous hurle littéralement au visage la séquence d'introduction de ce reboot. On y découvre la petite lady à 21 ans, très vite dépassée par les évènements. Océan Pacifique, le Triangle du Dragon, un navire baptisé l'Endurance. Une violente tempête s'abat. Le naufrage débute. Lara qui manque de se noyer, que l'on imagine reprendre le dessus lorsqu'ils s'agit de sauter - avec effet de ralenti hollywoodien - pour attraper la main d'un membre de l'équipage... avant de chuter lourdement dans une eau déchaînée. Ouch. Plus de demi-déesse, vous disais-je. Ce n'est qu'un début.

Lara outragée !

Après un court passage sur une plage où sont massés les quelques rescapés paniqués - faisant pas mal songer à Lost - voilà la belle qui se réveille pendue par les pieds et emmitouflée dans une grotte lugubre. Le moment où l'on prend le contrôle. Aucune difficulté à se débattre et se balancer. Oui mais pour quoi ? Enflammer des éléments auxquels Lara va se frotter pour se libérer de son carcan. Et tomber. La caméra se place au niveau d'un drôle d'objet au sol. Une tige en métal sur laquelle elle atterrit et qui vient se ficher dans la région abdominale. Horreur, malheur. L'héroïne souffre. Le joueur avec. Il faut retirer le corps étranger. La douleur est presque palpable. Visible, le flou brouillant notre vue pour signifier l'état de faiblesse alors qu'elle progresse dans ce sous-terrain crasseux et qui pue le sacrifice humain. Il faut trouver la sortie. Un premier casse-tête, où Lara doit à l'aide d'une torche embraser certains objets qui lui libèreront le passage. La grotte commence à trembler, le plafond à tomber. Un olibrius tente de l'agripper lorsqu'elle se faufile dans une étroite ouverture. Lara court, aperçoit la sortie. Les QTE, simples et permettant de ne pas perdre de vue l'action, s'enchaînent, le rythme s'accélère et la tension est à son comble. La lumière au bout du tunnel, encore quelques efforts : la voilà à l'extérieur. Une plage désolée et un panorama magnifique s'offrent à ses yeux, comme une récompense des efforts fournis ces dernières minutes. Notre souffle est coupé. Mais il ne faut pas s'attarder, la liberté n'est pas pour tout de suite.

Lara brisée !

Toujours seule, blessée, tremblotante, notre exploratrice ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle retrouve le sac d'un de ses compagnons d'infortune. Un talkie-walkie, des allumettes pour préparer un feu de camp qui réchauffera son corps meurtri, une caméra. Elle visionne le reportage d'une certaine Sam, qui l'accompagnait dans son expédition, se remémore qu'elle venait simplement chercher l'aventure, enquêter sur la légende de la Reine Himiko, appelée aussi fille du soleil, capable de commander les éléments. Le périple continue et la mène dans une forêt. Les animaux se baladent, paisibles. Ils ne savent pas que Lara a faim. Comment se sustenter ? La solution se trouve en hauteur. Un arc, toujours collé à son propriétaire, décédé depuis fort longtemps, pendu à un arbre. Un peu d'escalade. L'arme est en sa possession. Nouveau gadin. Un cerf se balade dans le coin. Un tir bien placé, plus efficace en maintenant le bouton assigné, et voilà la pitance, découpée au préalable à la pointe d'une flèche. Un peu gore et inhabituel pour la série. Ces derniers instants apportent de l'expérience. Une dizaine de compétences peuvent se débloquer au coin du feu dont une meilleure perception de la faune, plus de matériaux (pour renforcer les objets en sa possession) récupérés sur les corps sans vie, des flèches plus faciles à trouver, une agilité ou une tolérance à la douleur accrues. Contrairement à l'ancienne Lara, celle-ci va évoluer pour mieux répondre à tout ce que cet environnement hostile lui prépare.

Lara martyrisée !

Mais avant de montrer ses qualités de guerrière, la gamine crapahute encore, court, escalade, joue les équilibristes. Une musique l'attire dans un étrange bunker. Des bestioles dépecées et pourries. Encore un lieu de sacrifice, dans lequel elle déniche un piolet qui va l'autoriser à ouvrir certaines portes et coffrets un peu trop résistants. Elle retrouve des amis. S'accorde un peu de répit, somnole, se réveille seule avant de réaliser que des loups rôdent. Un piège se referme sur sa jambe. Les bêtes vont profiter de son immobilité. A nous de viser juste, sans paniquer, avec l'arc, lorsqu'elles lui bondissent dessus. D'autres camarades la retrouvent, l'aident à se dégager. En compagnie du docteur Whitman, elle trouve un temple. Des inconnus leur tendent un guet-apens. Qui sont ces hommes ? Une chose est sûre, il ne lui veulent pas du bien. Elle doit profiter d'une légère confusion pour s'échapper. Furtive, elle évite les lampes-torches, se faufile derrière des murets. On la croit à l'abri. Puis celui qui semble mener le groupe l'aperçoit. Il la tient en joue et commence à la l'agripper de façon inappropriée. Un genou dans les valseuses, le flingue qui atterrit au sol, Lara qui s'en empare et le coup qui part. Une scène violente, choquante, lorsque l'on connaît un tant soit peu la licence. Et qui marque clairement le début de la transformation.

Mais Lara libérée !

La suite sera plus musclée : des affrontements à l'arc ou au flingue, avec un système de visée collant plus aux standards actuels ; des assassinats sournois, des petites stratégies, en observant les lieux, pour faire voltiger ou cramer les ennemis. Même chose niveau acrobaties, très souples, sans avoir à craindre l'échec au moindre bond non-millimétré. On commence par de l'escalade d'arbres ou de collines pour finir au piolet, sur des surfaces précises, ou sur un vieux coucou ou un tronc chancelant, avec des plans de caméra contrôlés et parfois ingénieux, vertigineux. Surtout lorsqu'il s'agit de grimper à une tour radio en très sale état. Et des secrets et endroits à explorer en pagaille, notamment lorsque l'aire de jeu va s'ouvrir en différents hubs... Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser à un Uncharted sur certains éléments de gameplay, mâtiné d'une ambiance qui fait se rencontrer Lost et Die Hard et balayant du revers de la main le côté "Indiana Jones avec des seins". Cette fois, c'est du sérieux. C'est "actuel". Sacrément plaisant à regarder, bien cadencé, varié, immersif. Bref, la nouvelle identité de Lara, qui en bave mais reprend peu à peu les choses en mains, intrigue. Après un peu plus de deux heures en sa compagnie, on a plus que hâte de savoir où elle se dirige.

Scotchant. Ce premier contact - car oui, je m'étais jusqu'ici totalement préservé - avec la renaissance de Tomb Raider m'a épaté tant par son approche adulte que par sa maîtrise des éléments de mise en scène et de gameplay. Crystal Dynamics manifeste de fort belle manière sa volonté de remettre Lara au goût du jour. Son physique beaucoup plus réaliste traduit parfaitement... leurs desseins : la rendre humaine, attachante, en la faisant passer par de vraies épreuves qui la feront changer. Le jeu possède une réalisation solide, se montre très agréable dans le maniement et son ambiance, avec des bruitages et un voice acting, en V.O., de qualité, vise juste. Et accessible, avec un système d'instinct pour mettre en surbrillance les éléments avec lesquels interagir. Reste à voir la suite, si les promesses de l'aspect survie, des quelques zones ouvertes et du scénario se concrétisent. On l'espère fermement pour la sortie du titre le 5 mars prochain sur PS3, Xbox 360 et PC.