Avec une telle brochette de célébrités vidéoludiques qui se castagnent dans la joie et la convivialité, PlayStation All-Stars : Battle Royale rappelle la série Smash Bros. dès le premier regard, rendant du même coup la comparaison inévitable. D'ailleurs son directeur Omar Kendall ne nie pas l'influence de l'oeuvre de Masashiro Sakurai, sans se risquer non plus à défier ouvertement le maître de la discipline. Le challenger de SuperBot se distingue en effet à de nombreux égards, à commencer par le vivier de personnages à disposition. Il est bien sûr toujours délicat de rassembler des héros issus d'horizons aussi différents, toutefois le look enfantin de la plupart des membres de la famille Nintendo facilite la tâche, à quelques exceptions et "infiltrés" près. Chez Sony en revanche, mettre face à face la bouille duveteuse de Sackboy, le faciès d'enragé de Kratos, les rictus hollywoodiens de Nathan Drake et la mine déconfite de Sir Daniel Fortesque a irrémédiablement... un air grotesque. Plutôt que de tenter de lisser ces contrastes, le studio a par conséquent décidé de les exacerber. Cette démarche se traduit d'abord dans les arènes, qui mêlent toutes des univers assez éloignés.

Dissidia : Final Sony

Les Patapons s'attaquent ainsi au royaume d'Hadès, pour un choc visuel frontal entre le style épuré de Rolito et l'aspect divinement sophistiqué de God of War. Et ces grands écarts n'ont pas qu'une valeur esthétique, puisqu'ils s'accompagnent d'interactions à l'impact non négligeable sur les hostilités. Par exemple, les comparses d'Everybody's Golf profitent du gazon verdoyant du village de Jak & Daxter pour travailler leur swing en bombardant les belligérants depuis l'arrière-plan. L'incollable Buzz s'invite lui au beau milieu de LittleBigPlanet afin de soumettre quelques questions aux participants, et gare à ceux qui se trompent ! En prime, le rôle des environnements ne s'arrête pas à ces pièges, car leur structure change souvent au cours d'un match. Les décors comportent une multitude d'éléments mobiles, et parfois fragiles, au point que ces théâtres se disloquent progressivement. Au fil de ces évolutions, le champ de bataille tend donc à s'élargir, surtout en association avec un défilement horizontal ou vertical. Or l'espace alloué définit en grande partie la nature des joutes, de même que les combattants présents. Là encore, SuperBot a su capter l'identité propre à chacune de ces franchises, fan service à l'appui.

V.I.P. Fighters

En sus de réinterprétations plus ou moins inspirées des musiques originales, PlayStation All-Stars : Battle Royale comporte pléthore de clin d'oeils, comme la vingtaine d'objets qui apparaissent ponctuellement sur le ring. Ces armes n'ont cependant qu'une utilité limitée et font quelquefois office de doublons, tant nos guerriers sont déjà bien équipés. Leurs coups se répartissent sur trois boutons, le quatrième servant à sauter, tandis que le stick droit est voué aux projections. De plus, la direction dans laquelle on appuie (ou pas) modifie le type d'attaque, étoffant d'autant le panel d'actions de ces fameux personnages. Et à l'image des arènes, les développeurs ont fait preuve d'une incroyable ingéniosité dans l'art de décliner les mouvements typiques de nos héros en techniques de combat. Si cette transposition coule presque de source avec des bagarreurs innés de la trempe de Ratchet ou Nariko, transformer des êtres aussi pacifiques que Parappa et Toro en gladiateurs tient de la gageure ! C'est pourtant l'exploit qu'a accompli SuperBot, non sans le précieux concours des créateurs de ces sommités du "gamebiz", y compris celles provenant de galaxies à des années lumières de la planète PlayStation.

Smash Cross

En faisant abstraction de leurs animations spécifiques, on retrouve néanmoins des coups aux fonctionnalités similaires d'un personnage à l'autre. Telle est la condition d'une certaine cohérence, et oserait-on dire d'un équilibre parmi les élus du roster, ce qui ne les empêche pas de présenter de réelles particularités en plus des typologies traditionnelles. Qu'ils s'axent sur la vitesse, la puissance, le combat au corps à corps ou à distance, nos guerriers disposent tous d'un twist unique, histoire de tirer leur épingle du jeu et de remplir la jauge dédiée aux "Supers". Car ces Smashs revisités façon SuperBot constituent le seul moyen de se débarrasser des adversaires, les propulser dans le vide n'ayant quasiment pas d'incidence. Lancés via la gâchette de droite, les Supers s'étalent sur trois niveaux proportionnels à leur pouvoir de destruction. Alors que le premier requiert un timing précis et se cantonne généralement à une cible, le plus élevé récompense la patience en permettant d'éradiquer aisément la totalité des concurrents, voire d'enchaîner les victimes quand il s'appuie sur l'intervention du joueur. Evidemment, ces attaques jubilatoires expriment toute leur force à plusieurs, chose qui s'applique à PlayStation All-Stars : Battle Royale dans son ensemble.

Local Kombat Alpha Prime

Une fois le mode Arcade terminé pour chacun des héros, les épreuves solo n'ont pour vocation que d'optimiser leur maîtrise, avec l'habituel cortège d'éléments de personnalisation à la clé. Et ces costumes, icônes et autres "cheer-serviteurs" font pâle figure par rapport au contenu à déverrouiller dans Super Smash Bros. Brawl, un écart qu'illustre la brièveté des biographies du casting Sony à côté du recueil d'informations encyclopédique des trophées chez Nintendo. Heureusement, les parties en réseau local ou en ligne se déroulent sans accroc, du moins tant que les compétiteurs bénéficient tous d'une connexion de bonne qualité. Dans le cas contraire, le lag occasionne de disgracieuses téléportations qui entachent quelquefois ce rutilant affichage en 60 images par seconde. Une chose est sûre, la compatibilité entre les versions PS3 et PS Vita garantit de trouver facilement des camarades. Surtout que les choix de configurations, notamment les matchs en équipes, aident à renouveler l'intérêt de ces pugilats en attendant les futurs DLC. Faute de désigner un champion emblématique, PlayStation All-Stars : Battle Royale prouve donc que l'union fait la force.