Pour bien évaluer l’évolution d’une franchise, c’est du côté de ses nouveautés qu’il faut aller regarder en premier. Et si NBA 2K24 reprend le même moteur que les dernières versions développées par Visual Concepts, ce nouveau cru a tout de même son lot de fraîcheur pour tenter de renouveler une formule à succès certes, mais qui pourrait s’éroder dans le temps. L’une des premières nouveautés de NBA 2K24 est plutôt un choix, surprenant d’ailleurs, en ce qui concerne le nerf de la guerre du jeu : le mythique Mode Carrière.

Un peu de Lebron (mais aussi de Victor) dans le texte…

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Bâti depuis des années autour d’une mise en scène, d’un scénario et de la volonté d’immerger le joueur dans l’ambiance des débuts d’un jeune rookie en NBA, ce dernier est désormais un peu économe. Exit les débuts sur les playgrounds fatigués, exit aussi la Draft Combine, la G League et donc la Draft et son cérémonial. Dans NBA 2K24, l’idée est de placer le joueur directement dans le vif du sujet. On incarne MP, la troisième génération d’une grande lignée de stars de la NBA et on doit se frayer un chemin vers les sommets dans un environnement calqué sur le nôtre, donc très friand des réseaux sociaux et d’une surmédiatisation à outrance (interviews à la volée, conférences de presse, podcasts).

Le jeu ne s’en cache pas : cette histoire à écrire s’inspire de celle de la superstar des Los Angeles Lakers, LeBron James et les défis secondaires à remplir tout au long de votre progression dans le mode seront là, de manière plutôt explicite d’ailleurs pour vous le rappeler. Mais pas que. On sent aussi que l’arrivée du Français Victor Wembanyama a aussi beaucoup marqué les équipes de Visual Concepts. Les habitués au scénario immersif seront déçus devant cette carrière épurée, plus directe, à l’image du calendrier des matchs, qui nous permettra de simuler une grande partie de la saison, pour ne jouer que les rencontres ayant un impact sur l’avenir de MP. Ou ne serait-ce que de votre choix d’équipe, à effectuer sitôt votre archétype de joueur bâti.

Mamba, mais pas comme ça

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On aurait pu penser, vu l’édition et l’hommage rendu à Kobe, que la carrière s’inspirerait plus de ce dernier. Mais la gloire éternelle des Lakers n’est pas en reste, avec un mode dédié, les Mamba (son surnom) Moments. Pour les habitués, il ne s’agit ni plus ni moins du pendant des Jordan Challenge proposé lors du dernier épisode, mais version Bryant cette fois. Au nombre de sept, ils revisitent des moments forts de sa carrière ou plutôt certains de ses hauts faits, avec la même mécanique : pour chaque défi, il y aura trois challenges à remplir, comme gagner (classique), mettre un certain nombre de points ou de passes ou de rebonds…

Si la patte visuelle de l’époque est respectée - on incarne à chaque fois une version rajeunie ou plus vieillissante de Kobe, avec des intros constituées d’images de l’époque -, on n’atteint pas le niveau d’engagement des Jordan Challenge, peut-être parce que le “Black Mamba”, ayant directement rejoint la NBA après le lycée, n’a pas de prouesses universitaires à faire valoir. Ou peut-être parce que des prestations légendaires de Bryant - ces 81 points inscrits contre les Toronto Raptors - manquent aussi à l’appel. Sans compter, et ce ne sera peut-être qu’un petit détail pour nombre d’entre vous, que l’on ne peut même pas visualiser les Moments suivants sans avoir débloqué le précédent.

Les princes de la Ville

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Revenons-en à la Carrière de NBA 2K24, puisque c’est tout de même l’un des gros points forts de la saga 2K. Toujours dans un souci d’accessibilité et de choix, le jeu permet désormais au joueur de déterminer sa propre expérience dans le mode : soit il se concentre purement et simplement sur son objectif de briller en NBA et dans ce cas précis, une fois dans la salle de sa franchise, il ne la quitte plus, celle-ci étant un hub pour tout (entraînement, sponsors, rapport avec les médias, discussion avec le coach et les matches), soit il mise sur l’immensité de la Ville, qui a des vraies allures de Los Angeles, et sur le basket de rue, le streetball, en allant défier d’autres joueurs en ligne dans les autres modes proposés (REC, StreetPark 2vs2 et 3vs3, avec deux zones pour autant d’affiliations, Rise ou Elite, qui permettent d’obtenir des récompenses). Sans compter les défis flashback, qui permettent de revivre les heures de gloire de vos aïeuls, histoire de vous en inspirer. Sous le soleil de Floride et sa plage, il est désormais possible d’affronter des joueurs d’autres consoles, avec un crossplay qui invite les joueurs PS5 et Xbox Series X à en découdre entre eux. 

Dans tous les cas, les matchs joués vont vous rapporter des VC, la monnaie virtuelle du jeu (on y reviendra plus tard, gros bémol en vue mais chut, on ne vous a encore rien dit) et de l’expérience. Ces deux éléments vont être déterminants dans l’évolution de votre avatar, indispensable pour évoluer dans MyCareer. Pour devenir le plus grand, il vous faudra grimper au classement du GOAT et pour cela, il vous faudra obtenir et faire évoluer un tas d’insignes, qui correspondent toujours à des compétences utiles et activables en cours de match (passes plus précises, meilleure précision au shoot, gâchette à trois points…). En début de partie, vous pourrez vous attribuer deux Insignes à leur plus bas niveau - bronze - que vous pourrez améliorer en réalisant toutes sortes de défis lors des matchs, comme juste tenter quatre fois de tirer à trois points.

Un modèle économique bon pour… les VC

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Si jouer revient à progresser dans le jeu - on notera avec plaisir que le gain d’expérience des modes MyTeam (l’équivalent du mode Ultimate Team de FIFA sur NBA 2K) et My Career ont été fusionnés, donc plus besoin d’achat/revente pour gonfler vos équipes - jouer revient aussi à dépenser de l’argent. Les fameux VC que l’on a. Et ceux que l’on va devoir payer pour en avoir.

Comme sur FIFA, NBA 2K24 a son modèle économique et ce dernier a beau être critiqué tous les ans, et de manière de plus en plus virulente, rien n’y fait : payer plus et tout de suite sera encore et toujours le leitmotiv du mode. Le phénomène est d’autant plus compréhensible que monter son joueur - qui démarre au niveau 60 - sans passer à la caisse relève du supplice, sans vouloir faire offense à la très large durée de vie du jeu dans sa globalité. La réalité cruelle du mode MyTeam y joue aussi pour beaucoup : comment ne pas craquer quand, après quelques semaines de sortie, bon nombre de joueurs avaient déjà poussé leur avatar en mode machine de guerre.

Comptez environ 260 000 VC pour faire monter la note générale de votre joueur d’une quinzaine de points. Soit 60 euros, que vous rajoutez au prix d’achat du jeu, déjà bien conséquent si vous avez opté pour la Black Mamba Edition et les VC offerts dans celle-ci. A cela, a été rajouté un Battle Pass, avec différents niveaux de récompense selon le pass que vous aurez choisi de prendre. Ce dernier va de 2 à 20 euros. Inutile de vous faire un dessin sur celui qui offre le plus de progression et les meilleures récompenses.

Ces VC, une fois de plus, sont le gros point noir d’un titre qui cumule bon nombre de bonnes idées. L’arrêt de l’achat/revente des cartes dans le mode MyTeam en est une, tant l’abus avait pris place dans ce dernier. A la place, un système de salary cap - comme dans la vraie NBA - a été mis en place pour obliger le joueur à sélectionner l’équipe qu’il souhaite aligner, en veillant à obtenir le meilleur équilibre de notes, tout en tenant compte des zéros sur la fiche de paie des uns et des autres. Surtout, un marché des transferts est disponible mais totalement régi par le jeu qui déterminera le prix des joueurs que vous souhaitez obtenir.

Une NBA version lite… mais pas light pour autant

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Toujours présent dans NBA 2K24, le basket féminin n’a subi aucune refonte majeure et ne fait qu'acte de présence - ce qui finit par se voir un peu -. Espérons que les éditions à venir soient plus créatives pour The W, le pendant masculin de MyCareer. Il ne suffirait pourtant pas de grand-chose pour redonner un coup de fouet à cet aspect, comme celui administré à Ma NBA, qui permet toujours à tout un chacun de personnaliser la ligue comme il le souhaite (Draft complètement fantaisiste ou totalement réaliste), avec une version Lite qui ne se concentre que sur les matches et la santé des joueurs à gérer… et plus sur les sponsors, les transferts et les égos démesurés de vos stars.

On arrive à la fin et on ne peut pas conclure sans aborder l’autre élément central du jeu, à savoir le gameplay. Celui qui détermine la qualité des 2K depuis des années et en fait une référence en la matière. Déjà un mot sur l’aspect graphique. Pas de changement notable à ce niveau et les années commencent un peu à se ressentir sur le moteur de jeu, avec des animations un peu rigides parfois et des expressions faciales pas toujours authentiques. On ne parle évidemment pas des attitudes des joueurs pendant les matchs, mais plus pendant les cinématiques d’introduction des matchs, voire pendant certains shows après chaque quart-temps. D’ailleurs, ces derniers sont toujours aussi variés. Et plutôt bien fichus.

Exigeant au tirage

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Ce qui est bluffant, toujours et encore aujourd’hui, c’est le rendu des joueurs sur le parquet. Moins de collisions - même si jouer prêt de la ligne est toujours aussi compliqué -, une gestion meilleure et différente des chocs : désormais, un joueur en retombant ne cognera plus un autre sans être sanctionné. Idem s’il rentre dans un autre joueur en fin d’animation. Cela est un peu déroutant au début mais on s’y fait vite, d’autant que cela apporte une touche de réalisme en plus. L’ensemble est bien aidé par le Pro-Play, un nouveau concept de reproduction de mouvements, qui est calqué sur la gestuelle signature de certaines stars (Durant, Curry, Jokic, AntetoKounmpo), pour mieux reproduire leur façon de se mouvoir in-game. Si le rendu n’est pas frappant pour tous, il est suffisamment bien fait pour être reconnaissable, d’autant qu’avec le Pro-Play, c’est tout une ribambelle de gestes, de tirs, de dribbles ou de dunks qui ont été ajoutés.

Tout serait parfait si le système de shoot - bien que paramétrable - n’était pas aussi ardu à prendre en main. S’il est un peu moins exigeant et tatillon dans les autres modes, dans MyCareer, il vous faudra réaliser le tir parfait à chaque fois pour scorer, ce qui va demander un peu de prise en main de votre part. La défense a aussi été revue, avec plus d’options pour freiner un joueur rapide et l’empêcher de faire le show. Dans le même temps, les écrans sont devenus plus complexes à contourner et il vous faudra bien réviser votre manuel NBA avant de vous lancer. Car c’est ça et toujours ça la franchise et NBA 2K24 ne déroge pas à la règle : un excellent jeu de basket, un brin élitiste sur les bords et que l’on ne peut pas mettre entre toutes les mains avec un effet de réussite immédiat.