Malgré un modèle économique discutable qui, encore aujourd’hui, peut amener à se faire des nœuds au cerveau, la dernière trilogie Hitman est tout simplement mémorable à plein de niveaux. En attendant un éventuel retour du divin tueur à gages chauve affublé d’un code barre derrière la tête, IO Interactive a décidé de pousser leurs recherches dans le domaine de la réalité virtuelle pour la troisième fois avec l’arrivée d’Hitman World of Assassination sur PSVR2.
La relation entre Hitman et la VR semble être pour le moins compliquée, mais on ne peut pas dire qu’IO Interactive ne fasse pas d’efforts pour que cela fonctionne. Après des versions PSVR et Meta Quest en demi-teinte, il en revient à la PS5 et à son casque PlayStation VR 2 de faire mieux et on va voir ensemble si ce nouveau contrat est rempli à 100%.
NDLR : ce test prend en compte l’installation de la mise à jour déployée le 10 avril 2025. Bien que les images qui figurent dans l'article soient des visuels officiels, veuillez aussi noter qu'elle ne représentent pas la version VR et donc ce que vous verrez une fois le casque sur la tête.
Hitman World of Assassination revient sur PSVR2
Vous pensez avoir tout fait et tout vu dans Hitman Saison 1, Hitman 2 et Hitman 3 ? La nouvelle version PSVR2 de World of Assassination, disponible via une mise à niveau à 9,99€ si vous possédez cette anthologie, va mettre à mal cette croyance. Car si les jeux sont dans le fond les mêmes que sur un écran plat, ils sont aussi totalement différents dans la forme et offrent une expérience sans commune mesure. Cette fois, il n’est plus question d’incarner mais d’être l’agent 47. Et ce sans avoir à traîner les trop grandes limitations de l’édition PSVR1 qui pouvaient tourner la chose en ridicule et briser l’immersion, malgré des qualités déjà présentes. Au lieu d’une DualShock 4 trop contraignante, on se retrouve avec une manette PlayStation VR2 Sense dans chaque main et ça change évidemment tout !

Même si vous avez déjà retourné les trois jeux, il faut réapprendre presque entièrement à jouer pour se créer de nouveaux repères et éviter de paniquer dans le feu de l’assassinat. L’immersion déjà appréciable précédemment fait un énorme bond en avant avec un vrai body awareness ainsi qu’une gestion complète et indépendante des deux mains pour décupler les possibilités et la précision des interactions. Ouvrir une porte en la poussant du bout de la main, subtiliser un costume d’un ennemi sonné en mimant un arrachement brusque, pirater une caméra en tapant au clavier, empoisonner quelqu’un en déversant un flacon de poison au-dessus d’un verre, observer un coin de mur en inclinant sa propre tête mais pas trop pour ne pas se faire détecter, empoigner un corps d’une main tout en reculant pour le traîner ou encore s’approcher discrètement d’une cible jusqu’à ce que les deux mains se crispent pour signaler qu’on peut choper son cou et agiter avec ferveur les manettes pour le neutraliser… tout est plus réaliste. Même le plus basique des dialogues formulé par un personnage autre que 47.
Et c’est bien là où Hitman World of Assassination est fort, voire très fort. C’est sur sa capacité à s’emparer de la dimension roleplay des titres de base, et à l’emmener un autre niveau, pour repousser les limites de l’immersion. C’en est presque perturbant lorsqu’on essaye de saluer un PNJ et qu’il nous répond, quand bien même notre action n’a dans les faits aucune conséquence. Mais l’illusion de cette fausse réaction est suffisante à nous satisfaire. De même, j’ai été bluffé par l’ambiance du Club Hölle dans la destination de Berlin, surtout lorsqu’on se faufile au milieu de la fosse devant le DJ. Le sentiment d’être enveloppé par le son et la foule est plus réel que jamais, d’autant plus quand les manettes PSVR2 Sense se mettent à vibrer en rythme avec la musique.

IO Interactive eu à cœur d’implémenter une fonctionnalité très demandée, l’ambidextrie, afin d’être aussi habile de la main gauche que de la main droite et de pouvoir réaliser plusieurs actions en même temps. Par exemple, il est maintenant possible de tirer sur un adversaire, tout en balançant une canette de soda pour arrêter un PNJ qui aurait voulu se faire la malle et alerter de notre méfait. Ça donne lieu à des séquences encore plus lunaires et drôles qu’avec les jeux sur écran plat.
Une expérience en réalité virtuelle bien meilleure mais imparfaite
L’autre gros changement se trouve du côté de la partie action, qui est le seul vrai talon d’Achille de la trilogie Hitman. Bien qu’on déconseille toujours l’affrontement direct, il y a une belle évolution. Avec l’arrivée de l'ambidextrie, on peut tenir deux pistolets Silverballer ou d’autres armes dans chaque main. Le rechargement des pétoires est désormais actif, ce qui veut dire qu’on doit éjecter le chargeur vide, en saisir un plein à la taille, l’insérer dans l’arme et réarmer le chien. Les gunfights en deviennent plus funs, mais puisqu’on n’est pas sur un jeu pensé de A à Z pour la VR, il y a des limitations. On ne peut donc pas s’amuser à balancer un chargeur dans les airs et à le rattraper en vol comme dans d’autres jeux en réalité virtuelle.

Si la mise à jour du 10 avril 2025 a amélioré la visée des armes à feu, ça reste parfois encore imprécis, même si l’on peut compter sur le laser pour rendre les tirs plus faciles. De plus, il n’est pas rare qu’il y ait encore des ratés si vous jouez assis par exemple. Dans la mesure où vous devrez récupérer les chargeurs au niveau du bassin et ranger les armes sur les côtés, il faut prévoir de jouer sur une chaise pour éviter tout désagrément. On a aussi rencontré des difficultés à ranger une arme dans notre dos, alors que l’emplacement était vide. Et ce sont loin d’être les seuls soucis.
Si on prend Hitman World of Assassination pour ce qu’il est, à savoir un jeu sur écran plat porté en VR, c’est une réussite. Mais il est impossible d’occulter tous les défauts induits justement par ce format, d’autant que cette édition PSVR 2 embarque des restes de la version originale comme les retours à une vue à la troisième personne lorsqu’on essaye de se dissimuler (sur un banc, derrière un microscope etc.) ou de monter à une échelle. Contrairement à des productions comme The Climb ou Horizon Call of the Mountain, il n’y a pas d’escalade qui sollicite le joueur. Certes, ça peut s’expliquer par le fait qu’on contrôle un personnage entier, mais c’est dommage. On se voyait bien se hisser jusqu’à une fenêtre pour agripper un ennemi et le jeter dans le vide. Certaines actions comme le fait de cacher un corps est automatique, ce qui enlève de l’interaction et de l’immersion. Il est impossible de mettre les mains derrière le dos pour simuler une arrestation. Et les limitations de ce type ou les imprécisions de gameplay sont nombreuses.

On se dit qu’IO Interactive aurait également dû offrir beaucoup plus de tutoriels pour bien expliquer les actions réalisables, mais aussi prendre plus au sérieux les manettes PSVR2 Sense car c’est décevant autant sur le retour haptique que les gâchettes adaptatives. L'étranglement à mains nues ou avec la corde à piano est moins grisant qu’il aurait pu l’être, même si c’est déjà cool en soi. Malgré les différents manquements, Hitman World of Assassination reste une compilation toujours extrêmement généreuse sur PSVR2. On a ainsi accès à l’ensemble des missions de la trilogie et avec de très bons graphismes globalement. Évidemment, c’est moins détaillé et la qualité de l’image en prend un coup, mais on ne peut pas tout avoir. D’autant plus qu’encore une fois, ce ne sont pas des jeux optimisés à la base pour la réalité virtuelle. Un dernier mot pour celles et ceux qui seraient sujets au motion sickness ou autre, n’hésitez pas à faire un tour dans les menus pour activer ou désactiver les différentes options de confort (vignettage…).