Autant le dire de suite : si la mise en scène accuse son âge, grosso modo, Halo : Combat Evolved Anniversary Edition prouve, en conservant à la lettre tout ce qui relève du gameplay et du game design de l'original, que Bungie avait véritablement frappé très fort. Alors, évidemment, pour ceux qui n'avaient pas découvert la série à l'époque, il paraîtra sans doute un peu à la traîne à côté des dernières productions du genre, mais ce n'est pas nécessairement à cause de son gameplay, de son univers, ou de son aventure.

Le pouvoir de l'anneau

Même s'il est presque étrange de replonger dans ce Halo qui n'a pas de sprint, pas d'objets spéciaux ou de capacités secondaires, et dont les Warthogs sont indestructibles, le constat s'impose dès les premier niveau à bord du Pillar of Autumn : la maniabilité lunaire d'origine et le feeling armes en mains, restés identiques jusqu'aux tréfonds du code à l'original, fonctionnent comme en 40. Enfin comme en 2001. Bref. Nous n'avions pas rêvé : Halo CE avait bel et bien posé les bases essentielles du shooter console, avec une jouabilité impeccablement réglée et soutenue par une IA et un level design en concordance. Alors, oui, certains défauts de l'époque qui ont été vite éclipsés par le gigantesque coup de pied au cul qu'était ce titre à sa sortie, sont plus visibles aujourd'hui. Une certaine répétitivité dans les phases en intérieurs (la Bibliothèque...), moins réussies que les fantastiques séquences extérieures, les passages contre le Flood trop longs, et au final les reliquats d'une époque où il était plus important d'afficher un compteur de durée de vie assez haut que de proposer une aventure au rythme parfait. De même, si le travail de remasterisation visuelle va considérablement plus loin que tous les autres remakes du marché de titres de cette époque (qui se contentent en général d'un passage en HD), le moteur ne propose pas pour autant un niveau digne de Reach, et certains éléments restent même plutôt laids. Mais en parallèle, l'IA, époustouflante à l'époque, continue de satisfaire au répondant qu'on exige d'un shooter ouvert, dans lequel la liberté d'approche du joueur dans de larges fusillades a toujours été un critère important de différenciation par rapport au style rollercoaster à la Call of. Et l'aventure elle-même, avec la découverte de cet univers alors insoupçonné, ce gigantesque et mystérieux anneau qui a donné son nom à la série, et l'affrontement héroïque du Chief face aux légions Covenant fonctionne toujours aussi bien.

Master Plus

En bonus, on pourra en profiter à présent en coopératif via le Xbox Live, ce qui n'était pas possible à l'époque, en plus de l'écran partagé. On hérite également d'un multijoueurs utilisant le moteur de Halo : Reach, sur certaines cartes plutôt cultes des précédents épisodes. Tout comme avec le solo dans lequel il est possible de passer du rendu d'époque à celui du remake en une pression sur un bouton (j'y reviendrai), ou encore avec les musiques réorchestrées mais toujours écoutables également en version d'origine, on pourra aussi profiter de ces cartes (Haut et Court, Arrête, Solitaire, Beaver Creek, Pénitence, et Tête Brûlée) avec le level design d'antan, ou en version remasterisée (avec quelques subtils changements dans les emplacements d'armes, des raccourcis, etc.), ainsi que choisir entre la jouabilité de Halo CE et son arsenal, et celle de Halo : Reach. Reste l'ajout des Succès (mais curieusement, ceux du multi sont crédités sous Reach), des crânes modificateurs pour les tordus du replay, et, surtout, des terminaux à trouver pour approffondir l'histoire (et dénicher d'éventuels indices sur le futur Halo 4). Ah, si, j'ai failli oublier : il est jouable en 3D stéréoscopique et propose quelques options Kinect (scanner en disant "scan" les objets de l'univers pour débloquer des entrées dans une base de donnée, par exemple), mais il s'agit plus de cocher des cases sur une jaquette que de proposer quelque chose de très important. Ceux qui possèdent Halo : Reach pourront aussi exploiter les cartes de ce remake directement dans ce dernier titre, ce qui est un petit bonus appréciable, tout comme la disponibilité d'un nouvelle carte (celle du plus fameux niveau de la plage du jeu) pour le mode Baptème de Feu.

Certains souvenirs sont mieux à leur place dans notre mémoire, mais dans le cas de ce tout premier Halo, Microsoft et 343 Studios ont produit les efforts nécessaires pour raviver ceux des joueurs le mieux possible. Même s'il n'est plus aussi magique aujourd'hui qu'en 2001 sur certains points, donc, vu le prix, le travail effectué et l'offre complète, difficile de ne pas craquer quand on est fan, ou de passer à côté quand on a raté le début et aimé la suite.