Bon alors c'est quoi l'histoire sérieusement ? On a nos repères, nos petites habitudes, notre intimité, nos joies, nos frustrations, et tout est chamboulé simplement pour avoir changé d'appart' ? Pourtant par le passé on avait déjà été habitué à lui pardonner nombre de maladresses, incompétences, et / ou paresses. Et la blonde un peu vulgaire du voisin nous avait toujours semblé fade et inappropriée à nos besoins. Alors on s'en contentait. Ca y est, le mot est lâché... On s'en contentait. Mais chaque année de moins en moins... A force, pour continuer de s'amuser avec, on était obligé de lui coller des sextoys imaginés et réalisés par des gamins espagnols ou anglais... Quel gâchis... Les histoires d'amour finissent mal, en général...

Poule de luxe

Attendez, là, on a vraiment la possibilité de jouer d'entrée avec tous les maillots officiels, les vrais chants de supporters, les équipes mises à jour automatiquement et des commentaires satisfaisants (Frank Sauzée et Hervé Mattoux rempilent) ? On a le droit de se lancer, au hasard, dans un championnat portugais complet en aller / retour avec le FC Porto ? Finis les patches sextoys ? Finie la refonte complète (des maillots et sponsors) à la main pixel par pixel ? Finis les transferts avec l'ordi sur les genoux ? Wow... Ce jeu de bourgeois... Incroyable...

Ca cire pas que le banc

Le premier vrai choc lorsqu'on s'essaye à FIFA 08 next gen, surtout si on avait l'habitude de pousser le ballon en face, vient des à côtés. De loin (ou de mi-loin), le jeu est réellement splendide ! Blabla... impression d'assister à un vrai match... blabla... etc. On regrettera simplement une modélisation de joueurs quelque peu approximative. De très près, on a carrément l'impression qu'elle a été confiée à Madame Tussauds et qu'elle a pris pour modèle le cousin germain de chaque joueur. Puis elle les a tous badigeonnés d'huile d'olive pour imiter la sueur... Pas très sérieux, mais on imagine que la majorité des ressources a été consacrée à la remise en question intégrale de la jouabilité.

Viens tâter ma grosse lenteur

On en vient enfin au cœur de la révolution, le gameplay de la bête. Premier constat : grosse lenteur, grosse inertie. On pense manque de punch, de dynamisme, de patate. Puis très vite, de moins en moins. Jusqu'à carrément s'en délecter. Obligé de construire ses actions avec minutie, de faire tourner la baballe, contourner les défenses compactes, ajuster ses passes... En manuel total, c'est du foot ça, papa, de la vraie ligue 1 comme on l'aime. Sauf qu'au bout d'un moment, après une certaine pratique, les scores peuvent très vite finir en 5-3 entre potes avec des grosses écuries... Un peu ballot de ne pas avoir calibré ce paramètre correctement, mais on s'y fera. Comme on devra composer avec ces gardiens limités : pas mauvais sur leur ligne, pathétiques en sortie dans les airs ou dans les pieds. Préparez vous à pester devant les humiliations régulières de votre goal volant. Ce qui l'est désormais moins, c'est l'automatisme des (nombreux et jolis) dribbles au stick droit. Un régal dont on devrait probablement se lasser mais qui pour le moment émerveille encore. Tout comme la possibilité d'orienter la direction des contrôles (tous impeccables) avec le stick droit pour se défaire d'un marquage un peu trop serré, ou lancer plus rapidement sa course.

Des Alonzo partout

En général, l'IA se défend plutôt bien. On peut même lui filer un coup de main gâchette pour lui expliquer gentiment qu'on aimerait énormément que l'attaquant démarre son appel croisé là, MAINTENANT, P****. Terriblement limités, les choix tactiques offerts se révèlent très vite frustrants de simplicité. Pas la peine d'espérer assouvir sa passion pour les réglages au millimètre du milieu central qui ne redescend pas assez par rapport à ses courses d'appel, ou de voir ses ailiers échanger de côtés. Non, Monsieur, ici on fait dans le rudimentaire, le basique même limite. Un peu comme la non-IA des gardiens... Ah... je vous ai déjà parlé des gardiens peut-être... il y a quelques lignes... ah... erm... mais ils sont vraiments cons aussi... c'est de leur faute...

Vis ma vie de Djibril

Tout ça c'est bien joli, mais ça ne vaut pas le mode de jeu fantastique spécial "ruine ma vie sociale et maritale" : Deviens Pro. Allégrement pompé sur une légende du jeu vidéo injouable (Libero Grande), ce mode ultra immersif vous propose d'incarner un seul et unique joueur pendant les matches avec une caméra dynamique brillament pensée. Une jauge oblige à veiller tout à la fois à son placement, sa disponibilité, son repli défensif, ses appels, son pressing et à la réussite de ses passes / dribbles / tirs, etc. Au début, c'est simple, on compatit très vite aux performances médiocres de Djibril Cissé. On voit les ballons passer à gauche, à droite, au dessus, on a le nez en l'air en permanence en s'époumonant pour rien... Et quand un ballon arrive enfin, on se le fait piquer en deux secondes suite à un contrôle du tibia à trois mètres ou d'un dribble exécuté avec la finesse d'un hippopotame. Ici on touche enfin au vrai sens collectif du football : les autres PNJ ne vous abandonnent jamais. On peut bien évidemment participer un peu plus au jeu en déclenchant des passes en profondeur ou dans nos pieds par la simple pression de la bonne touche. Tout comme on peut forcer un camarade (la solidarité tout ça...) à frapper au but lorsqu'on le sent mieux placé.
Ce mode là devrait bientôt être disponible en cinq contre cinq en multijoueurs... Une aubaine ou une malédiction, c'est selon...

Dadaphony, j'aurai ta peau

Toujours aussi bien pensé et efficace, le mode multijoueurs propose en prime du mode Deviens Pro (méchant mode, méchant, maaaal... kssss), le mode classique en un contre un, classé ou non, ainsi que l'épatant Ligues Interactives. Ici, on choisit le club "de son cœur" et on suit le calendrier officiel à la lettre en jouant les exactes mêmes rencontres que lui. Et heureusement, pour éviter les abrutis lâches tricheurs - comme ce misérable "Dadaphony" jouant avec le Milan AC - qui se déconnectent juste avant de perdre, on peut paramètrer des filtres pour éviter de jouer contre les mauvais perdants. Mis à part quelques petits bugs ici et là (rien de bien méchant), le tout fonctionne à merveille.

Effe-que Fifer f'est tromper ?

Alors, la grande question de l'année demeure de savoir si, après un an de batifollages décompléxés, j'aurais réellement envie de retourner à mon amour de sept ans... Peut-être serons nous devenus des étrangers qui ne se comprennent plus. Ou alors qui sait, avec un peu de chance, elle se sera peut-être enfin résolue à se remettre en cause en profondeur. De là, une nouvelle vie commune construite sur des bases plus saines et mieux équilibrées serait-elle de nouveau envisageable ? Mais n'aura-t-elle pas pris trop de retard ? Qui sait ? En attendant, personnellement, le soleil et la vie nocturne d'Ibiza en compagnie de ma bimbo me conviennent parfaitement. Et toc...

N.B. Les versions PS3 et 360 étant identiques, les tests le sont également.