À chaque début de saison sa rengaine et son type de préparation ; l'équipe cycliste est divisée en deux groupes entre celui prévu sur les grands Tours et l'autre concentrant les spécialistes des classiques. Autant dire que les deux collectifs font bande à part et empruntent des routes bien différentes. Le parallèle entre la réalité et le virtuel est tentant puisque les deux protégés de Cyanide, Pro Cycling Manager et Tour de France, évoluent sur des braquets opposés. Le premier, aguerri dans le peloton depuis des années, semble en roue libre dans son domaine de simulation de gestion ultra complète. Le second a plutôt le profil du stagiaire prometteur qui doit démontrer son potentiel pour espérer prolonger son bail. Malheureusement, au grand dam des accros au cyclisme, l'évolution du jeune poulain demeure bien trop lente pour jouer les cadors sur le circuit.

Petit plateau, grand frisson

Tel un capitaine de route usé par les saisons, on renfile son maillot, son casque et son courage pour emprunter les routes tortueuses de la Grande Boucle, édition 2021, mais aussi celles de quelques courses majeures (Paris-Roubaix, Critérium du Dauphiné, Paris-Nice). Il s'agit alors de jouer les tacticiens hors pair plutôt que l'as du timing pour noircir le palmarès de son coureur. Un doigt sur la gâchette droite pour contrôler la vitesse, et un oeil sur les deux jauges de stamina (une pour l'effort d'endurance et l'autre pour l'effort intense), et roule ma poule ! Rien de bien compliqué dans les faits -rien de nouveau non plus-, il faudra surtout faire appel à sa science de la course (prendre l'aspiration des coureurs, bien utiliser ses ravitos, gérer ses objectifs de course) pour tirer son épingle du jeu et apparaître le plus frais possible en vue de l'arrivée. D'autant que vos adversaires ont gagné en jugeote, attaquant dans les moments opportuns et se comportant comme leurs homologues réels. Les résultats se montrent donc cohérents, tout comme la physionomie de la course semblable à celle que l'on voit sur Eurosport (France TV, c'est péché).

D'ailleurs, pour coller encore plus à la réalité d'un coureur dans le peloton, il est possible, d'une simple pression sur le stick, de se plonger dans la vue à la premier personne pour un rendu plus grisant. Les sensations de vitesse sont agréables, et on prend plaisir à prendre les bonnes trajectoires. C'est toujours mieux que de voir défiler les paysages, souvent bien vides, et qui ne reflètent qu'à de rares reprises la beauté de notre territoire. TDF 2021 n'a pas évolué d'un boyau par rapport à sa précédente itération, et les plus contemplatifs devront ronger leur frein avant d'en prendre plein la vue sur la nouvelle génération de consoles.

La fameuse étape de transition

D'une manière générale, et c'est ce qu'on peut lui reprocher principalement, ce nouvel opus manque clairement de nouveautés pour que l'on change de crémerie. D'ailleurs, sur certains points, on frôle la crevaison lente, et même le rétropédalage, avec la suppression de modes de jeux comme le multijoueur en ligne ou la série de challenges addictifs. Le studio français a préféré recentrer les débats sur le mode MyTour, qui permet de personnaliser sa propre épreuve (étapes, équipes, coureurs), et dont l'interface ainsi que le champ des possibilités se révèle beaucoup plus profond.

Des apports trop légers pour viser le maillot jaune, mais peut-être suffisants pour prendre l'échappée matinale et effectuer quelques kilomètres en compagnie de ce Tour de France 2021.