Une rentrée des classes digne de ce nom s'accompagne toujours de son petit Madden NFL des familles. Et cela fait bien une petite poignée d'années que les amateurs de football américain n'avaient pas été aussi excités à l'idée de recevoir leur nouvelle fourniture. Même l'édition anniversaire, sortie à l'automne 2014 pour célébrer les 25 bougies d'une franchise sacrée, n'avait pas fait honneur à la qualité générale de cette simulation. Dès-lors, comment redorer son blason et titiller à nouveau la fibre des aficionados ? En pointant le curseur sur les forces intrinsèques du foot US: son sens du show, sa mise en scène grandiose et son incroyable variété d'actions. Le teaser rassemblant Dave Franco (21 Jump Street, Insaisissables...) et certaines vedettes de la Ligue, qui donnait dans le WTF total, a attisé la curiosité de certaines âmes rebutées par la politique trop conservatrice d'Electronic Arts.

Un spot à la sauce hollywoodienne beaucoup plus fort que l'habituelle campagne annuelle pour choisir la tête d'affiche du titre, qui n'a jamais obtenu le succès populaire escompté en dehors des frontières américaines. Sauf qu'EA a su profiter en cette intersaison de l'hystérie créée par l'action de l'année -une réception phénoménale du rookie Odell Beckham Jr - pour promouvoir son titre et orienter une de ses principales features sur les qualités du receveur des NY Giants, ambassadeur de ce Madden NFL 16. Un gros travail a en effet été porté sur le combat aérien et les possibilités de prendre en main ces spécialistes du genre. En appuyant sur l'une des différentes touches, notre joueur pourra opter pour une tactique particulière, plus ou moins risquée (po ssession, gain de terrain ou geste spectaculaire), et ainsi influer sur la physionomie de la rencontre. A vous d'analyser au mieux la situation et d'agir dans le bon tempo.

Du foot pour tous les goûts

Si les receveurs ont été chouchoutés, les quarterbacks et les défenseurs n'ont pas non plus manqué cette session de rafistolage grand luxe. Ainsi, les meneurs de jeu peuvent exécuter de nouveaux types de passes et de lancers en mouvement (passe lobée, dosée ou laser, envoyée dans la course ou dans les pieds) pour offrir d'autres options en attaque, plus intuitives, et varier les stratégies pour prendre à rebours le bloc adverse. Mais les éléments de ce dernier ne se laisseront pas manipuler si facilement puisqu'ils disposent également de nouveaux atouts dans leur palette, comme la possibilité de tenter l'interception ultime, le plaquage immédiat ou la réception hasardeuse. Ces différents types d'action apportent un vrai plus en terme de réalisme, de rythme et rajoutent de la complexité au gameplay, sans pour autant déstabiliser le débutant, accessibilité des mouvements oblige.

Mais ces améliorations appréciables et bienvenues ne seraient pas qualifiées comme telles si elles n'étaient pas escortées d'une fluidité exemplaire dans les courses et les gestes des héros de nos nuits blanches. Ce désagréable sentiment d'inertie, ressenti sur certaines phases de jeu dans les précédents volets, a complètement disparu. Une évolution due en partie à la meilleure maîtrise du moteur graphique Ignite qui, sans atteindre des sommets, renforce considérablement l'immersion. Cela se ressent notamment sur des petites scènes d'interaction entre joueurs sur le terrain (enfin du trash-talking !), sur les avant-matches beaucoup plus captivants ou sur la modélisation des visages, qui ressemblent enfin à quelque chose d'humain. Vous me direz que c'est la moindre des choses pour ce qui se prétend être l'une des simulations sportives reines -et vous n'avez pas tort-, mais faute de concurrence sérieuse, Madden n'avait jamais poussé le bouchon jusque-là.

Y'en a sous le casque !

Cela serait mentir de dire que la saison régulière de NFL mérite une attention de tous les instants. Comme toutes les ligues de sports collectifs US, elle est longue, mal structurée et on se languit vite des phases finales pour connaître les véritables forces en présence et vibrer au fil des qualifications. Avec Madden NFL 16, vous aurez de quoi tenir jusqu'aux play-offs. Autrefois assez radins lorsqu'il fallait proposer des modes de jeu novateurs et sortir de son petit cocon, les développeurs ont enfin sorti les mains des poches en soumettant à son public l'aventure "Draft Champions". L'idée ? Cumuler l'expérience "Fantasy Football" et les caractéristiques propres du titre. En gros, vous décidez du style de votre formation, composez votre armada selon les choix de la Draft (un marché des transferts de jeunes talents pour les moins avertis) et affrontez d'autres joueurs réels ou gérés par l'IA pour glaner des récompenses en vue du mode Madden Ultimate Team. Chaque épreuve se termine par un retour en "War Room" pour bâtir une autre équipe prête à relever d'autres défis.

Là-encore, c'est vous, et vous seul, qui menez votre destinée en jouant les "playmakers", les meneurs de jeu. Décidément, le mot d'ordre de ce cru 2016 que l'on pourrait coupler avec l'adjectif "rafraîchissant". Les habitués retrouveront avec un certain plaisir les modes "MUT", inspiré de FIFA, "Connected Franchise" -avec l'apparition de nouveaux challenges-, qui vous permet d'embraser la carrière d'un joueur, d'un coach ou d'un propriétaire, et le "Skill Trainer", série de défis délirants. Du classique mais il faut bien qu'EA Sports se garde quelques cartouches sous le coude pour continuer à conquérir un marché déserté par les autres éditeurs. Mais il faut déjà louer sa volonté de faire bouger les lignes, ce qui était sorti de leurs habitudes automnales depuis un bon moment.