En choisissant de mettre en scène une lapine cartoonesque chargée de sauver sa moitié en traversant des niveaux remplis d'ennemis, et en profitant de quelques transformations à base d'autres animaux, Kaze and the Wild Masks ne cache pas franchement ses intentions, et choisit d'embrasser pleinement les codes du genre, même à l'heure de la distanciation sociale imposée. Mais à chercher à tout prix à se complaire dans le bouillon des années 1990, la formule ne risquerait-elle pas de finir dans le formol ?

Babs les masques

Kaze and the Wild Masks emprunte au genre du platformer 2D bon nombre de ses poncifs, puisqu'une lapine ne portant rien entre ses chaussures et son gilet devra parcourir plusieurs dizaines de niveaux pour sauver son bellâtre des griffes d'un antagoniste un rien caricatural. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour tenter de marteler la corde nostalgique comme un bassiste funk en plein solo.

Saut, rebond sur la face d'ennemis et collecte d'items à gogo : l'aventure de PixelHive prend le soin de ménager sa colonne vertébrale, quitte à passer pour un bon élève du genre. Il faut dire que derrière ses environnements super 16 bits du plus bel effet et sa farandole de couleurs, Kaze and the Wild Masks n'est pas des plus inventifs, puisqu'il emprunte sans vergogne et sans rougir à la trilogie la plus culte du Rare de la grande époque.

Flawless Viktory

Entre la collecte de quatre lettres, le point de vie supplémentaire matérialisé à l'écran, les stages bonus conditionnés à une complétion totale, le compte est bon. Ah, n'oublions pas les buddies de rigueur, ici remplacés par les transformations des masques éponymes, puisque l'aigle et ses projectiles en cloche font furieusement penser à... Squawk, tout à fait. Ajoutez à cela des niveaux à ronces, et il ne manque pour ainsi dire plus que les douces mélodies de Grant Kirkhope pour obtenir un score parfait sur l'échelle de l'hommage.

Le problème avec les flatteries, c'est que si elles offrent aux vieux nostalgiques une bonne raison de replonger en enfance, on ne peut s'empêcher de se demander où elles se terminent, et où commence la bête copie. Et l'enchaînement des différents niveaux, aussi variés et jolis soient-ils ne permet pas toujours de lever le doute. C'est peut-être le premier boss, en déroulant un pattern de projectiles strictement calqué sur King K. Rool à la sauce Donkey Kong Country 2 qui apportera un élément de réponse.

Hase-been

Heureusement, les différentes transformations proposées offrent une expérience sympathique, certes assez peu surprenante, et qui semblent avoir été quelque peu sous-exploitée, tant la plupart des stages ne les intègrent finalement pas. Certes, cela permet de varier les situations et de ne pas tomber dans la monotonie, mais l'impression que la mécanique des masques, qui s'invite pourtant dans le titre, reste sous-exploitée.

En revanche, les artistes et animateurs s'en sont donné à coeur joie, et le joueur un brin esthète profitera de bien belles idées de backgrounds, ce qui motivera les assidus de la complétion à refaire certains stages pour y trouver les zones cachées (et leurs épreuves bonus express, CQFD), afin de débloquer un niveau inédit dans chacun des quatre mondes proposés. Dommage que les lettres K-A-Z-E et les 100 diamants à récolter n'opposent avant la toute fin aucun challenge.

Rabbit season

Si les ennemis profitent d'un chara-design cartoonesque et penchant vers le comique, difficile de ne pas rapidement voir les limites de leur I.A., qui se contente presque du minimum, et malgré la satisfaction qui résulte d'une phase de rebonds réussie, leur masque de collision semble parfois avoir quelques trous dans la raquette. Les boss qui ponctuent logiquement chacun des quatre mondes proposés ne brilleront pas par leur originalité, mais offrent un vrai challenge pour s'en sortir sans le moindre dégât, une catégorie optionnelle dans laquelle seuls les mordus de plate-forme en manque chronique se jetteront.