Après une déclinaison revue et développée jadis sur Super Famicom, une refonte intégrale sur NDS (voir notre TEST), ainsi qu'une publication sur consoles virtuelles depuis, l'épisode initial de Fire Emblem revient sur Nintendo Switch pour fêter in extremis le trentième anniversaire de la série, auréolé d'une toute première traduction en anglais. Cette dernière se montre bien écrite tout en restant fidèle au script original, autrement dit moins littérale mais plus littéraire que les versions non officielles, quoique tranchant nettement dans le vif du sujet en comparaison de la narration parfois prolixe de l'opus portable. Les adieux laconiques de nos ouailles tombant au combat, perdues à jamais, sont là pour en témoigner. Des disparitions qui seront potentiellement nombreuses en raison de la multitude de personnages incorporables, de l'invisibilité des marges de manoeuvre et du caractère impitoyable de l'intelligence artificielle. La succession des chapitres à la chaîne ne laisse en effet toujours guère de répit pour entraîner ses soldats, de sorte que les efforts tendent à se focaliser sur les meilleurs, cruciaux au cours des ultimes batailles, même en l'absence alors du système triangulaire des armes. Les caractéristiques et les principes d'évolution - ou pas - de certaines classes paraissent plus que jamais archaïques (les mages acquièrent de l'expérience en subissant des dommages plutôt qu'en lançant des sorts par exemple), sans oublier la gestion peu pratique des unités ou de l'équipement. Heureusement, l'ajout des options de sauvegarde instantanée, de points de contrôle automatiques et d'accélération du déroulement permettent de rendre les opérations moins pénibles (voire de tricher), surtout avec les musiques qui tournent vite en boucle, nonobstant la qualité des compositions. Il n'en reste pas moins que ce portage a de quoi illustrer les valeurs traditionnelles consciencieusement préservées de Fire Emblem, mais le cru 8 bits de Shadow Dragon & the Blade of Light conserve au final un intérêt essentiellement historique.