Les spin-offs sont légion, et beaucoup d'entre eux deviennent des séries à part entière, une démarche qui a donné naissance à une pléthore de franchises, en particulier chez Nintendo. Cependant, nombre d'entre elles partent avec un bagage plus massif que le Captain Toad, tout juste connu pour sa nature précautionneuse. Cela se traduit par une intrigue des plus légères, en l'occurrence le kidnapping à tire d'ailes de Toadette par la piaillante Wingo. Pourtant coutumier de la chose, notre héros n'en reste pas moins écrasé par le poids de sa mission, et de son paquetage, au point d'être incapable de sauter. Une hérésie pour un jeu de plateforme, dont découle le gameplay de Treasure Tracker, posé dans tous les sens du terme. Il n'y a donc point de plombier moustachu bondissant ici, ou presque, même si cet univers issu directement des contrées de Super Mario 3D World fleure bon le Royaume Champignon. Chaque stage forme à lui seul un petit monde, une sorte de diorama qui flotte dans les cieux, de façon à le contempler sous tous les angles par le biais du stick analogique ou du gyroscope. Car il s'agit d'aller jusqu'à la sortie, matérialisée par une étoile, en ramassant si possible des super diamants et éventuellement quelques pièces au passage.

Trésors d'ingéniosité

Sans atteindre la cupidité de Wario, probablement en train de se reposer sur ses montagnes d'or, le Capitaine Toad est un avide chercheur de trésors, d'autant plus que l'accès aux niveaux dépend du stock de pierres précieuses amassées. Et comme il ne peut pas bondir, notre héros forcément terre à terre doit se servir de l'environnement pour avancer. L'exploration commence ainsi par l'observation de la topographie des lieux, souvent plus complexe qu'il n'y paraît. Leur structure ne doit en effet rien au hasard, puisqu'elle joue habilement sur les perspectives afin de dissimuler des tunnels, portes dérobées et autres trous de souris dans lesquels il faudra se glisser. Le level design joue également avec la gravité, quitte à parfois la défier, si bien que l'élaboration du parcours nécessite de prendre en considération les trois dimensions de l'espace. Enfin, divers mécanismes automatisés ou non viennent animer ces ingénieuses machines de précision, tels que les "virevolants", actionnés par le biais du GamePad. Dommage d'ailleurs que cette manoeuvre tactile s'accompagne d'un affichage du rotor sur l'écran, assez gênant pour la lisibilité. En somme, chacun des stages s'apparente à un casse-tête que l'on manipule dans tous les sens, histoire de déterminer la manière dont il fonctionne.

Temps (géo)logique

Naturellement, ceux-ci comportent aussi des pièges délicieusement retors, et moult ennemis. Or le Capitaine Toad dispose de peu d'armes pour s'en débarrasser : leur tomber sur la caboche, leur lancer des navets ou les estourbir avec la pioche, qui constitue son seul véritable Power-Up, temporaire en prime, tout comme la possibilité d'immobiliser une créature hostile du bout du doigt. Heureusement, il a loisir de prendre son temps, une lenteur reflétée par sa course à peine plus rapide (et toutefois très utile). Pas question de s'endormir pour autant, puisque certaines opérations calculées à la seconde près demandent du doigté, notamment avec le contrôle de plusieurs Toads en simultané, double cerise à l'appui. En outre, des phases plus dynamiques accélèrent savamment le tempo grâce aux turbos, glissades et grisants tirs au canon. Les virées de rail shooter à bord d'un wagonnet s'imposent comme les séquences les plus trépidantes, à l'instar des Boss. Hélas leur faible nombre et la similarité de leurs méthodes s'avèrent un tantinet décevants, malgré le comique de répétition qui en résulte. Surtout qu'ils ne résistent guère longtemps, cette impression de facilité s'appliquant à l'ensemble de l'aventure. Il arrive régulièrement que l'on finisse un stage avec tous les diamants du premier coup, des trouvailles conservées même quand on perd une vie. Et pour couronner le tout, un champignon d'invincibilité apparaît après cinq échecs d'affilée - un petit exploit en soi.

Kinopio à la loupiote

Captain Toad : Treasure Tracker s'apparente par conséquent à une promenade de santé, mais ce n'est pas une mauvaise chose. Cela permet de se concentrer sur la réflexion, sans subir les frustrations qu'auraient pu susciter les mouvements intensifs de caméra, quasiment gérés à la perfection néanmoins. De plus, chacun des 64 niveaux est doté d'objectifs optionnels autrement plus ardus à accomplir, qui dévoilent la face cachée de ces fabuleuses oeuvres d'architecture. Alors qu'une petite dizaine de minutes suffit en moyenne pour mettre la main sur l'étoile, il faut davantage se creuser la tête afin de ramasser toutes les pièces, de déplacer un minimum de fois les blocs tactiles ou d'éviter de se faire repérer. S'y ajoutent les niveaux bonus, également destinés à explorer d'autres voies. Outre les moissons de pièces, ce programme comporte des courses poursuites fatalement haletantes avec un Momimoi à ses trousses, ainsi que des missions de sauvetage. Celles-ci consistent à trouver les autres membres de la brigade qui suivent ensuite Toad à la queue leu leu, un exercice délicat vu l'étroitesse de certains chemins. Et en attendant d'éventuels DLC, les ballades au Royaume de Libella donnent l'occasion de revisiter des niveaux de Super Mario 3D World selon le point de vue moins acrobatique du Capitaine Toad. Ces excursions se cantonnent au rôle de sympathique curiosité, à l'image de celles de notre héros dans la dernière épopée du plombier moustachu. Qui aurait cru que Toad puisse ainsi lui voler la vedette ? Désolé Mario, la princesse se trouve dans un autre château...