L'industrie du jeu vidéo a récemment été secouée d'une façon inattendue. Jim Ryan, le PDG de la branche jeux vidéo de Sony, a annoncé qu'il allait prendre sa retraite. Après 30 ans de bons et loyaux services, l'homme à la tête de PlayStation depuis 2019 va passer le flambeau. Une telle nouvelle n'est évidemment pas passée inaperçue, surtout pour les détenteurs de la PS5. Néanmoins, certaines personnes semblent plutôt contentes de ce départ. Quels aspects de la politique de Ryan ont pu provoquer ce genre de réaction ?

Une politique qui ne plait pas concernant les jeux PS5

Tout d'abord, il faut bien comprendre que cette information ne sort pas de nulle part. Elle nous vient notamment du journaliste fort respecté Jason Schreier. Il a essayé de retracer les mesures prises par le CEO qui ont soulevé quelques inquiétudes. Ces dernières expliquent en partie le soulagement ressenti par une partie des fans à l'idée de le voir partir en retraite. L'un des plus gros changements ayant touché PlayStation et la PS5, c'est la volonté de Jim Ryan de tourner la firme vers les jeux service. Des titres qui sont censés rapporter de l'argent en continue sur de longues périodes. Le problème, c'est qu'il n'est pas si facile d'en créer et tous les studios ne sont pas forcément partants ni aptes à le faire.

Bon nombre de studios appartenant à PlayStation sont plutôt des spécialistes des jeux solos. Comme le dit Schreier, ils ont « cultivé un certain style ». Un style que Jim Ryan demande à changer pour créer également des jeux service. L'idée n'est pas seulement de proposer une histoire principale, mais aussi et surtout de créer un contenu régulier qui va maintenir l'intérêt du joueur sur plusieurs années. Cela demande donc du temps et de l'investissement à des équipes qui n'ont pas l'habitude de concevoir ce genre de jeux. Il y a d'ailleurs fort à parier que les difficultés rencontrées par Naugthy Dog pour mettre sur pied son The Last of Us multijoueur ne soient pas anodines.

Il suffit de prendre l'exemple de Bungie pour se rendre compte du défi que ça représente. Le studio, historiquement connu pour avoir donné naissance à la série Halo, a mis un temps fou à développer la formule idéale pour populariser Destiny. C'est finalement devenu un jeu service à succès, mais la route a été longue et épineuse. Aujourd'hui, Bungie appartient à PlayStation, car Jim Ryan espérait justement accélérer le processus de sa nouvelle politique en acquérant des studios. Mais tous ses efforts n'auront pas réussi à faire de PlayStation une entreprise profondément tourné vers les GAAS (Game As A Service).

Jim Ryan

PlayStation a deux trains de retard

Cela prend du temps, sauf que les tendances elles, n'attendent pas. Si les jeux service marchent toujours, le fait est que la compétition est extrêmement rude. Les jeux service se sont rapidement multiplié à toutes les sauces et tout le monde à voulu sa part du gâteau. D'ailleurs, de grandes entreprises et des studios réputés s'y sont cassé les dents, comme Bioware avec Anthem, Crystal Dynamics avec Marvel's Avengers ou encore Platinum Games avec Babylon's Fall. Pourtant, il fut un temps où c'était un modèle en vogue avec des titres comme Fortnite. Mais même celui-ci commence à perdre en intérêt auprès des joueurs. PlayStation aurait donc déjà un train de retard. Comme le souligne Jason Schreier, Jim Ryan aurait probablement mal placé ses pions, ou du moins au mauvais moment.

La question qu'il faut également se poser, c'est ce qu'il adviendra de l'entreprise et de la PS5 suite à son départ qui prendra effet en mars 2024. Nous ne connaissons pas encore la stratégie qui émergera avec la nouvelle direction. La firme semble éparpillée. Les jeux service ne sont pas le seul problème rencontré par PlayStation. Certains insiders et autres spécialiste ne voient pas vraiment où veut aller la société avec la VR et son PSVR2 encore considéré comme un accessoire de niche, ou sa nouvelle PlayStation Portal qui ne semble pas vraiment parler au grand public. Il manque vraisemblablement une « vision cohérente » de l'avenir.

Tout n'est pas à jeter ?

Malgré ça, le travail de Jim Ryan aura tout de même eu des conséquences positives sur PlayStation. La PS5 s'est vendue à plus de 40 millions d'unités malgré un lancement chaotique dû à la Covid19 et aux pénuries de semi-conducteurs notamment. Et c'est sous sa direction que de gros succès comme God of War Ragnarok ou Horizon Forbidden West ont vu le jour. De gros AAA prometteurs sont aussi prêts à débarquer sur la console dans les mois à venir.

Des acteurs majeurs de l'industrie ont également salué le personnage, qualifié notamment de leader féroce par son concurrent direct Phil Spencer. On se souviendra d'ailleurs que Jim Ryan a fait des pieds et des mains pour empêcher Microsoft d'acquérir Activision Blizzard. Il faut dire que Jim Ryan n'a jamais vraiment eu la langue dans sa poche, quitte à s'attirer les foudres des joueurs, voire même de l'industrie.