Alors que le studio Deck Nine se prépare à annoncer officiellement Life Is Strange 4, l'excitation au sein de la communauté des fans est palpable. La franchise est connue pour sa narration profonde et ses représentations respectueuses des personnes marginalisées. L'annonce du nouveau titre est donc attendue avec impatience, tant par les fans de longue date que par les nouveaux venus. Mais hélas, le studio se retrouve encore dans la tourmente. Une nouvelle enquête risque bien de ternir son image et de refroidir plus d'un joueur.

Life is Strange 4 dans la tempête

IGN a mené une enquête de fond (reposant sur les témoignages d'une douzaine d'employés) sur le climat au sein des nouveaux développeurs de la licence Deck Nine Games et c'est loin d'être rose. Alors que le studio s'apprêterait à annoncer très prochainement Life is Strange 4, le climat est plus que tendu en coulisses. Pendant le développement du jeu, plusieurs employés ont découvert des symboles et références nazies intégrés au sein même du jeu en question. Parmi eux le nombre 88 et d'autres éléments évoquant des memes racistes ou des runes nazies, notamment des insignes de la SS, sans plus de précision. Forcément, ces découvertes ont suscité une inquiétude croissante parmi l'équipe, laissant craindre une intention délibérée de diffuser des messages de haine dans un jeu comme Life Is Strange, réputé pour sa représentation respectueuse des minorités.

La révélation de ces symboles n'a été que le point de départ d'une série de révélations sur une culture d'entreprise problématique au sein de Deck Nine, marquée par des accusations de toxicité, de discours de haine, de surmenage (crunch) et d'inaction de la direction face à des problèmes sérieux. Des témoignages d'employés actuels et anciens ont mis en lumière la façon dont la direction aurait laissé persister une culture de travail toxique, protégeant des leaders abusifs intimident « ceux qui militent en interne pour une représentation plus authentique dans Life is Strange » et faisant pression pour des heures supplémentaires intensives.

Life is Strange
Max et Chloe, icônes de la série Life is Strange ©Square Enix

Un rapport conflictuel avec Square Enix

Dans le viseur de ces plaintes, Zak Garriss, ancien directeur de la création de la licence qui aurait malmené ses équipes et aurait été au cœur de nombreux conflits internes. Celui qui était devenu l'un des visages de la licence ces dernières années allait même jusqu'à s'opposer à tout ce qui avait attrait à la représentation et les messages qui ont fait la réputation de Life is Strange. «On s'est ardemment battu pour tout ce qu'il a été salué par la communauté queer dans True Colors. Il avait dans son équipe des auteurs qualifiés de la communauté, mais refusait de leur faire confiance. Le thème du jeu est l'empathie, le pouvoir c'est l'empathie, mais il n'en avait pas vraiment lui-même », explique l'une des anciennes développeuses. Garriss a quitté Deck Nine Games depuis quelque temps maintenant, mais des frustrations persistent, notamment vers Square Enix, qualifié de « tyran » par l'un des employés.

Les relations entre l'éditeur de Life is Strange et les développeurs sont tendues. Beaucoup pointent du doigt la branche londonienne de Square Enix, ses délais intenables et ses changements de planning de dernière minute desquels découlent énormément de crunch. « Square Enix a toujours mis beaucoup de pression sur nos équipes, donc cette toxicité s'est installée dans notre environnement aussi », confie un employé. Pour ne rien arranger, l'éditeur ferait également pression sur le scénario des jeux, faisant preuve d'hostilité à l'égard des thèmes appréciés par la communauté de Life is Strange. Square ne souhaitait pas que sa licence ne devienne « le jeu gay », au point d'empêcher les développeurs de communiquer sur certains sujets avant la sortie de True Colors. 

life is strange true colors
Alex, première héroïne ouvertement bisexuelle de Life is Strange ©Square Enix

Une culture d'entreprise à l'opposé des messages du jeu

Les équipes avaient par exemple interdiction de dire que la protagoniste, Alex, était officiellement et ouvertement bisexuelle, là où les autres jeux de la licence laissaient le « choix » aux joueurs. L'éditeur a finalement retourné sa veste lorsque la presse et les joueurs ont pu mettre la main sur Life is Strange True Colors et ont justement salué cette approche. « Après ça, Square Enix était en mode on plaisante, Alex est absolument et officiellement 100% bisexuelle », commente l'un des développeurs.

Ces révélations sur Deck Nine mettent en lumière sur les défis plus larges auxquels l'industrie du jeu vidéo doit faire face en termes de culture d'entreprise, de représentation, et d'éthique dans la création de contenu. Si l'on ajoute à cela les récents licenciements du mois de février, avec tout de même 20 % de ses effectifs en moins, le studio Deck Nine se retrouve tout de même sur une pente descendante assez effrayante. Ces nouvelles révélations n'ont en tout cas pas manqué d'inquiéter la communauté. « En tant que fan de Life is Strange, c'est super dur de lire tout ça », commente par exemple une internaute. Un sentiment partagé par beaucoup de joueuses et des joueurs frappés par la dissonance entre la philosophie de la licence et la réalité en interne.