Après avoir été directeur éditorial de Mondes Persistants et travaillé à la mise en place du salon Montpellier in Game (MIG), Guillaume Jamet a monté sa boite Is This Art afin de soutenir des artistes locaux et monter des événements en gardant sa passion pour la création et les jeux vidéo. Le dernier gros bébé ? Le salon Pix & Tech qui se greffe au festival Lord of the Geeks à Nîmes les 24 et 25 mai prochains. Petite interview du pourquoi et du comment d'un tel projet !

GAMEBLOG : Déjà, quelles sont les étapes de la création d'un salon à partir de rien ?

Guillaume Jamet (IsThisArt) : Pix & Tech c'est l'aboutissement de plus d'un an de travail. Nous nous sommes décidés à créer ce salon en mars l'année dernière, pour avoir un événement de printemps en complément du Montpellier In Game que nous organisons en Novembre pour Montpellier Agglomération.

Contrairement au MIG qui est une commande d'une collectivité qui apporte le budget, décide du lieu et des dates, du timing et des orientations du contenu, là nous partions de zéro à tous les niveaux. Il fallait trouver avant tout un lieu, monter un budget, s'assurer de l'intérêt pour le projet de quelques exposants clefs...

Nous nous sommes rapidement fixés sur le Parc Expo de Nîmes qui présente plusieurs avantages pour nous, notamment un coût raisonnable, et une localisation au carrefour de la Région Languedoc Roussillon et PACA qui rendent l'accès facile autant depuis Montpellier que depuis Avignon ou Aix/Marseille. Et puis nous étions déjà en discussion avec l'équipe de Lord of the Geek qui souhaitait prendre un peu plus d'ampleur après deux premières éditions réussies. Nîmes a donc été un choix naturel.

Ensuite nous avons passé de nombreux mois à monter le budget : recherche de partenaires, de sponsors, d'exposants... C'est compliqué pour la première édition d'un salon. Les sponsors potentiels sont frileux. Ils basent leur décision sur les chiffres de fréquentation que forcément on ne peut pas fournir. Plusieurs se sont engagés à nous soutenir... l'année prochaine ! Sur cette édition on est donc essentiellement sur de l'autofinancement en comptant sur les recettes de vente des stands et des entrées. Surtout que les collectivités locales nîmoises n'ont pas souhaité soutenir le projet.

Quelle importance a revêtu l'association avec Lord of the Geek. C'était incontournable pour que Pix & Tech voit le jour, ou c'était une bonne occasion de se soutenir l'un l'autre ?

L'association avec Lord of the Geek part à la fois de la volonté de ne pas se faire concurrence puisqu'ils avaient prévu leur 3ème édition à peu près aux mêmes dates que nous et surtout de la volonté d'associer nos contenus, que nous pensons complémentaires, pour proposer à nos visiteurs un super salon. Mieux vaut un gros ensemble que deux petits. Cela a été un peu compliqué à expliquer par moment, aux exposants et aux partenaires. Ça a parfois troublé le message, mais au final, et c'est le plus important pour nous, c'est ce qui nous permet de proposer aux visiteurs autant d'animations dans un même lieu, de l'eSport au Grandeur Nature.

Quel est l'impact pour la région ?

Il est difficile à évaluer pour Pix & Tech. Si nous atteignons nos objectifs, c'est près de 10.000 visiteurs qui viendront à Nîmes ce week-end. Il y a forcément un impact en terme d'hôtellerie, de restauration... Beaucoup de jeunes de la région nous remercient aussi de proposer pour une fois à Nîmes autre chose que de la Corrida ou des animations sur l'Antiquité, surtout que le salon Japanîmes n'existe plus. Il y a un vrai engouement et cela fait vraiment plaisir.

Pour le MIG, l'impact est je pense assez notable en terme de notoriété dans le monde du jeu vidéo que ce soit pour le grand public ou les professionnels. Au fil du succès des différentes éditions je pense que Montpellier a renforcé sa réputation de ville dynamique et son attractivité. Je connais d'ailleurs plusieurs indés qui sont venus s'installer à Montpellier après avoir découvert la ville à l'occasion du MIG. Qui sait s'il n'y a pas le futur Rovio ou Mojang parmi eux...

Est-ce qu'il n'y a pas une trop forte concurrence de festival jeux vidéo/geek dans le sud ?

Je ne pense pas. Si l'on prend les événements majeurs dans le sud, j'en vois trois ou quatre au maximum cette année. Le Toulouse Game Show bien sûr, en novembre, avec son petit frère, Spring Break, le GoPlay One à Toulon, et peut être le MIG pour lequel nous n'avons pas encore de confirmation. La JapanExpo ne viendra pas à Marseille cette année, le MIG n'a pas eu lieu fin 2013, donc non, la concurrence n'est pas vraiment un souci. Je pense qu'il y a une vraie attente du public. Et puis le Sud c'est grand, quand on est à Marseille ou à Nîmes, ce n'est pas facile d'aller au TGS à Toulouse. C'est presque plus simple d'aller au Geekopolis à Paris. A ce titre, nos événements sont complémentaires.

La section jeux vidéo semble être passée de Lord of the Geek à Pix & tech. En meme temps, LotG récolte une section arts numériques, c'est l'idée de Pix & Tech ?

Lors de ses premières éditions LotG proposait effectivement des animations jeu vidéo. Mais l'Esprit Fantasy, l'association qui a créé l'événement, est surtout composée de fans de BD et de rôlistes, ils cherchaient donc un coup de main sur cette partie. C'est pour cela que l'on s'est rencontré au tout début. Quand on a décidé d'associer nos deux événements, le jeu vidéo est naturellement passé de notre côté, puisque Pix & Tech est conçu depuis le départ comme un événement High-Tech et jeu vidéo.

En retour nous avons développé pour Lord of the Geek tout une partie "Culture Web". Nous amenons dans le salon notre Festival des Webséries, dont on avait fait la première édition lors du précédent MIG. Près de 20 webséries seront présentes, des célèbres Noob à des projets en devenir comme Populaire ou Palladium. On a également invité des Youtubers comme le Fossoyeur du film, le collectif Stupidipo ou Axolot. Bref on leur a fait une jolie petite zone web qui était prévue initialement dans Pix & Tech.

Pour l'expo artistique, c'est clairement un point du cross-contenu. C'est une rencontre entre des artistes plutôt inspirés par l'univers Comics, comme Mr Garcin ou Gum et des artistes qui baignent dans le numérique comme Tohad ou Jessica et Bastien de Wardenlight, un studio graphique montpelliérain qui crée des artworks pour les plus grand éditeurs du jeu vidéo.

Dans ce genre de festival, quels sont les événements faciles à mettre en place et ceux plus difficiles ?

Le plus difficile, c'est le financement. On a envie d'inviter plein de monde mais la prise en charge des invités fait vite exploser le budget. On est très content du plateau d'invités qu'on a réuni cette année, mais aussi un peu frustré de ne pas avoir pu en faire venir plus.

Le budget pèse aussi sur les ambitions initiales côté animations. Mais nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur des partenaires qui connaissent parfaitement leur sujet. Côté Pix & Tech, la zone eSport est géré par South LAN Event, certainement le meilleur organisateur de LAN dans le sud, le Retrogaming par Sud Retro Electro et pour le Festival du jeu Indé nous nous sommes associés à Events for Games.

Côté Lord of the Geek, on a confié l'organisation des espaces extérieurs à des associations de GN comme Terra Ludis, Sommium Bellatore et Les Héritiers de Trancavel qui vont nous faire un super village médiéval avec entre autre du Trollball. Au final c'est beaucoup d'organisation et de relationnel, mais on a la garantie que chaque sous-partie est gérée par des experts.