Preuve que de l’eau a coulé sous les ponts depuis la sortie d’Other M en 2010, Metroid Dread commence par consciencieusement resituer cet épisode annoncé comme conclusif dans la chronologie de la série : alors que tout le monde pensait la menace enfin éteinte avec l’explosion de la station BSL à la fin de l’épisode Fusion, voilà qu’un nouveau parasite X a été aperçu à la surface de la planète ZDR. Cela ne finira-t-il donc jamais ? Ni une, ni deux, c’est une Samus désormais immunisée qui se lance une fois encore à l’aventure, précédée par un septuor de robots chargé de préparer le terrain, voire d’éradiquer la menace. Mais vous l’avez vu venir : rien ne va se passer comme prévu.

Ellipse et images

Les habitués de la série ne tomberont pas de leur chaise en apprenant que la plus célèbre des chasseuses de primes voit son attirail fondre comme neige au soleil en arrivant sur le théâtre des opérations. Comment ? C’est encore à l’heure actuelle un mystère, puisqu’une énigmatique ellipse vient jeter le doute sur la chronologie des événements. Les Chozos, brillante civilisation que l’on pensait disparue, sont-ils finalement devenus des antagonistes comme les autres ? Que se trame-t-il sous la surface de ZDR ? Il est encore bien tôt pour le dire. Pour l’heure, il nous faut tenter de regagner la surface par tous les moyens, ce qui implique évidemment de traverser un certain nombre de zones toujours plus labyrinthiques, un game design établi dès 1986 par Yoshio Sakamoto.

Ce galop d’essai réalisé sur Switch OLED aura d’abord été l’occasion d’admirer la plastique de Metroid Dread, qui peut marcher la tête haute : en jouant sur les contrastes et la brillance des textures, l’aventure de Samus est visuellement très aboutie, bien plus que ne le laissaient suggérer les premières vidéos aperçues cet été. L’armure de Samus comme les décors fourmillent de détails, et l’action profite d’une mise en scène plus dynamique que jamais, qui voit s’enchaîner à la (quasi-)perfection gameplay et cut-scenes, pour un résultat épatant. On sait à quel point l’affaire est importante aux yeux du producteur, et son influence se fait sentir dès les premières minutes, quand bien même le titre serait développé par les espagnols de Mercury Steam.

Le zèle d'Oméga

Ce qui étonne, c’est également la fluidité de l’expérience : à 60 fps constant, l’action ne souffle d’aucune saccade, et ce simple détail couplé à une héroïne plus mobile que jamais achève de faire de Metroid Dread l’épisode le plus agréable à jouer de toute la série. Samus bondit, s’agrippe, glisse, esquive avec une grâce forcément appréciable, et les salles s’enchaînent dans un flot ininterrompu de missiles et de sauts périlleux. On en redemande. À l'instar de ce que l'on avait seulement pu observer dans Samus Returns, les décors jouissent désormais d'une plus grande profondeur, et s'amusent même à teaser des événements (ou ennemis) à venir, à condition de leur prêter un peu d'attention. Les développeurs se sont d'ailleurs permis quelques fantaisies en optant pour des salles au plafond cathédrale, quand bien même il n'aurait rien à explorer au-dessus de nous, comme pour nous signifier à quel point ils espèrent cette dernière aventure grandiose.

Les biomes à la faune bien différenciée sont aussi l'occasion de s'amuser avec une nouvelle mécanique, celle des fluides, qui permet de vider ici et là des salles de l'eau qui y croupit, ou de la lave qui empêche évidemment la progression. L'astuce n'a évidemment rien de révolutionnaire, mais elle oblige à ne pas négliger l'agencement des salles entre elles, histoire de comprendre ce que l'on attend de nous. Toutes les phases ne sont pas aussi exigeantes, puisque des tuyaux redirigent ici et là l'énergie vers de nouvelles zones, et aiguillent la progression grâce à un conduit bien visible. Après tout, l'aventure ne fait que commencer, et Nintendo entend comme toujours ne laisser personne sur le carreau.

"One is a percent"

Malgré cette grandiloquence qui profite évidemment des contrastes pour faire briller l'écran de la Switch OLED, notre héroïne finit immanquablement par devenir une frêle proie. Vous le saviez sans doute déjà : face aux E.M.M.I., Samus ne pèse pas bien lourd. Les robots rendus fous patrouillent inlassablement certaines zones fermées, et massacrent sans ménagement la moindre forme de vie qui y pointerait le bout de son nez. L'équation est simple : si Samus ne fait qu'effleurer leur carcasse colorée, c'est la mort assurée. Enfin... presque : dans sa grande bonté, l'ordinateur de bord estime vos chances de survie à... 1%. Le contre de l'épisode 3DS est en effet de retour, et il fonctionne aussi contre les E.M.M.I., à condition de posséder des réflexes hors du commun, tant la fenêtre est infime, et évidemment aléatoire.

Heureusement, la grâce avec laquelle la belle se déplace permet d'éviter quelques trépas, mais il faut aussi compter avec un nouveau pouvoir : le camouflage spectral, qui rend Samus invisible le temps que se vide (rapidement) une jauge dédiée. Encore faut-il ne pas avoir fait trop de bruit, sans quoi la traque commence, et il devient bien difficile de trouver son chemin. Malgré les promesses initiales, ce ne sont ni le stress ni la peur qui dominent, mais plutôt la concentration, histoire de ne pas y passer trop vite. La mort n'est de toutes façons pas si terrible, puisque l'on recommence généralement juste avant la zone promptement surveillée.

La mort lui va si bien

L'équilibre est donc assuré pour tous les profils de joueurs : si la mort nous tombe dessus bien souvent (pour un jeu estampillé Nintendo), on retente l'opération quelques secondes plus tard, et la répétition fait que l'on finira bien par réussir, où trouver un chemin plus aisé. Les robots peuvent même finalement être défaits grâce au canon Oméga, une arme qui se volatilise après chaque utilisation, mais qui permet de concentrer un tir si puissant qu'il suffit à enfin retrouver une certaine forme de quiétude. En revanche, sa charge nécessite de prendre suffisamment de recul, un exercice pas si aisé au vu de l'ergonomie discutable dont il a déjà été question. Heureusement, il n'y a rien de plus satisfaisant qu'un headshot réussit, et il nous tarde évidemment de croiser les guerriers Chozos déjà dévoilés par Nintendo, histoire de voir si la difficulté sera une nouvelle fois au rendez-vous. Ah, et autant prévenir les chasseurs d'items : si les réserves d'énergie salvatrices sont toujours de la partie, un dérivé emprunté à The Legend of Zelda, puisqu'il faudra en réunir quatre avant de voir sa jauge de vie vraiment augmenter. Pas de doute, il va y avoir de quoi faire.

ON L'ATTEND... LA FLEUR AU CANON !

Difficile de cacher notre enthousiasme après ces quelques heures de chaleureuses retrouvailles en compagnie d'une héroïne si iconique. Si les bases n'ont pas bougé d'un iota, Metroid Dread entend profiter à fond de son statut d'épisode conclusif pour nous offrir un bouquet final à la hauteur des attentes. Plus fluide et plus maniable que dans toutes ses aventures en 2D, Samus nous a rappelé en l'espace (vous l'avez ?) de deux petites heures pourquoi la licence a marqué tout un médium de son empreinte, et c'est avec une impatience encore plus grande que nous attendons désormais la sortie de Metroid Dread (et de la Switch OLED) pour le 8 octobre prochain.