Du multijoueur promis par MachineGames en août dernier, il n'était ici point question, l'éditeur Bethesda ayant préféré mettre l'accent sur les nouveautés de la Campagne. A juste titre, tant celles-ci sont nombreuses, et diablement intéressantes, que vous ayez ou non savouré le millésime 2016. Après un bref tutoriel, cette démo nous plonge mid-game dans une action frénétique, alors que le Slayer tente par tous les moyens de rejoindre la planète Mars et ses hordes de démons. Après avoir réquisitionné un fusil plasma, l'ineffable héros casqué se lance dans la bataille, alors que de gigantesques BFG 10000 exécutent en fond des tirs de barrage démesurés. A l'instar de ce décor ou rien ne semble jamais statique, DOOM Eternal se veut (presque) aussi vif que son aîné, respectant la charte du fast-FPS où l'action ne saurait souffrir du moindre temps mort. Mais au-delà du décorum volontairement déraisonnable et de ses graphismes saillants, c'est par son mélange de mécaniques que le jeu passe vraiment à la vitesse supérieure.

La Gloire de mon Kill

A l'heure où tous les développeurs répètent que les choix doivent avoir des conséquences, DOOM Eternal tape du poing sur la table et propose un système rapidement abordable d'arbitrage permanent. Désormais, chaque mob plus ou moins balèze pourra potentiellement devenir une source d'items corrélée en fonctions de vos choix. Le Glory Kill fait évidemment son retour, et vous permet après avoir affaiblit un ennemi de récupérer de la vie tout en profitant d'un finish toujours plus gore et fournit en détails, dont on ne se lasse décidément pas. La Tronçonneuse est aussi de la partie, et one-shot les ennemis les plus faibles tout en générant des munitions pour l'arme équipée. Enfin, le nouveau lance-flammes se charge de relever le niveau de votre armure, histoire de ne pas voir le Game Over tomber devant les plus gros démons.

Simple sur le papier, mais diaboliquement efficace dans le feu soutenu d'une action permanente, cet enchevêtrement de mécaniques complémentaires fait de DOOM Eternal une partie d'échecs d'une surprenante intensité, où chaque micro-décision doit se pendre en dashant de tous les côtés pour ne pas plier sous les balles ennemies, incessantes. Jonglant entre les différentes jauges et les ennemis à l'écran, le regard ne se pose jamais bien longtemps, trop occupé à engloutir les informations qui arrivent de toutes parts. On ne va pas vous mentir, c'est pour l'instant un régal : une fois la palette de mouvements bien intégrée, chaque joute se vit comme un combat aux possibilités assez folles.

La Terre brûlée

La Tronçonneuse, bien pratique pour faire parler des armes qui ne nécessitent toujours aucune recharge, réclame du carburant, et si les plus gros ennemis vous rechargeront plus généreusement, ils consomment également bien plus de jus. Il faudra donc bien vite repérer les barils rouges de chaque arène pour ne pas vite se retrouver à plat, obligeant à passer sur une arme de second choix. Le lance-flamme est au contraire inépuisable, mais demande un temps de recharge après chaque utilisation, ce qui rend rapidement son utilisation plus propice aux groupes d'ennemis, même s'il faudra les nourrir de balles à la régulière une fois le niveau de votre armure renforcé. Bien entendu, les quelques secondes nécessaires à la récolte n'auront pas manqué de laisser le temps à tous vos adversaires de se jeter sur vous pour vous réduire à néant...

La batterie d'armes offerte par cette première démo a également tout pour plaire, et procure une fois de plus de bonnes sensations de tir tout en offrant un arsenal vraiment diversifié de solutions pour faire face à chaque situation. On regrettera cependant que seule la roue permette de choisir librement ces dernières, puisque le bouton de tranche permettant le défilement se cantonne à alterner entre les deux dernières équipées, un problème évidemment inexistant avec le combo clavier/souris de la version PC. Au-delà de leur portée, des dégâts infligés et autres paramètres stratégiques qu'il faudra constamment garder à l'esprit, le choix de l'arme équipée est crucial lorsque vous choisirez de faire parler le lance-flamme, puisque seules les munitions de cette dernière joncheront ensuite le sol. Il devient ainsi vite courant de se retrouver à court de munitions et de devoir patienter jusqu'à ce que la jauge de votre canon incendiaire se remplisse de nouveau.

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Mais avec la batterie d'outils à votre disposition, la pénurie n'est jamais qu'une question de temps, et les problématiques qui se posent pendant les combats sont si nombreuses qu'y répondre vous permettra de gagner les précieuses secondes nécessaires à la résolution du premier problème. Pendant que vous straffez au fusil à pompe pour viser le point faible d'une Spiderdemon, les mobs environnantes entament votre armure, ce qui vous oblige à les arroser de napalm pour faire remonter la jauge, quitte à en tronçonner un pour ne pas rester en rade de chevrotine. Mais entre-temps, la Spiderdemon s'est rapprochée, et il vous faut ainsi fuir à base de double-sauts, non sans au passage vous équiper d'une nouvelle arme plus concentrée et propice au tir à distance, grâce à laquelle vous arroserez copieusement la vilaine bête, avant de constater que votre trajectoire vous aura conduit au milieu d'une nouvelle mêlée qui nécessitera une nouvelle fois de changer votre fusil d'épaule, non sans jeter au passage un coup d'oeil vif aux autres jauges laissées de côté durant les quelques secondes qu'il vous aura fallu pour exécuter cette petite chorégraphie. Le temps est parfois si compressé qu'on croirait du Togashi dans le texte, période infiltration du palais de Meruemu. Carrément.

Et lorsque vous ne passez pas votre temps à enchaîner dashs et autres double-sauts pour tenter de rester en vie, DOOM Eternal fait du Doom, et s'amuse à dépeindre un conflit trans-dimensionnel aux proportions démesurées oscillant entre premier et second degré qui marche toujours aussi bien. The Slayer s'exécute toujours sans un mot, préférant agir plutôt que d'expliciter quoi que ce soit, ce qui offre un peu de respiration à une époque où aucune aventure ne saurait se passer des conversations téléphoniques destinées à faire avancer l'intrigue, ou simplement à l'expliciter pour les plus distraits du lot, histoire de rester poli. La démesure où l'absurdité de quelques situations rencontrées dans cette démo nous aura véritablement fait sourire, et c'est encore là un point positif, au beau milieu de cette débauche de gore assumé. Seules les phases de plate-forme paraissent un peu plus dispensables : destinées à séparer entre elles certaines zones sans passer par de vieillots temps de chargement, elles sont parfois prétexte à quelques ratés, surtout lorsque le jeu n'explicite jamais certaines mécaniques et les possibilités qu'elles ouvrent, comme celle du dash qui permet de se passer d'une pression de stick pour s'accrocher sur les parois le permettant. Dommage, mais ces quelques digressions n'auront pas mis à mal notre enthousiasme.

ON L'ATTEND... IMPATIEMMENT !
C'est peu dire que cette première prise en main sur DOOM Eternal nous aura fichu une jolie claque. Encore plus dense, nerveux, riche et ouvert que le reboot réussit de 2016, cette suite en reprend toutes les bonnes idées pour proposer des combats vraiment rythmés servis par une action intense. En attendant de découvrir si le multijoueur redresse la barre, les fans de la licence ont d'ores et déjà toutes les raisons de se réjouir du retour du Slayer.

DOOM Eternal sort le 22 novembre 2019 , déjà disponible en précommande sur Amazon et Fnac