Après un rapide break feat. Parappa, Lammy poursuit tant bien que mal sa marche forcée vers le bonheur en tentant par tous les moyens de convaincre son bien-aimé de l'absolue nécessité de faire un enfant. Comme tout bon parent qui se respecte, elle déborde d'objectivité quant au devenir de son rejeton : « Time for you and me to have a family!/With a baby, we should live so happily!/Could be a boy or girl whichever we don't mind at all!/Our newborn treasure shall bring tons of love, and peace to all! ». Rien que ça ! Et c'est finalement après trois interludes respectivement planant, délicieusement débile et promotionnel que déboule dans vos esgourdes engourdies le climax, le pinacle - que dis-je ?, l'instant de grâce exquise de We're MilkCan : « TASTE OF TERIYAKI ». Débutant dans une atmosphère lancinante - presque hallucinée, cette composition divine cherche d'abord à perdre l'auditeur en faisant complètement fi du rythme pour mieux entamer une fabuleuse marche vers un refrain explosif de musicalité : Lammy se lâche alors complètement et endosse pour de bon le statut de Guitar Heroin. Et que dire de l'outro, un délicieux maelström de phrasé posé sur un choeur aux accents de gospel pour lesquels une basse slappée et un synthé psychédélique se la donnent grave.

Et alors que le trio déjanté craque complètement ses culottes sur le déjantesque « WE'RE MILKCAN!! » (un diamant brut de déconstruction et de saturation), l'album se referme sur ce qui serait sans doute un single sauvagement amputé de son pont pour passer ad nauseam en radio dans la vraie vie : « GOT TO MOVE! (Millenium Girl) » (même le sous-titre se la joue FM-pour-les-moins-de-20-ans). Une fois goulûment léché jusqu'au bâtonnet, We're MilkCan laisse sur la langue le doux parfum d'une sucette acidulée et délicieusement pétillante. Son approche originale, sa fraîcheur estivale et sa folie toute nippone nous rappellent une certaine forme de liberté qui soufflait sur le jeu vidéo à la fin des années 1990. Le simple fait de considérer cet album d'un faux groupe de rock tiré d'un spin-off vidéo-ludique d'un jeu de rap sur PlayStation devrait suffire à vous en convaincre. Alors, si vous n'avez pas complètement mis de côté votre fausse rage adolescente et que la déesse à six cordes ne vous rebutent pas, on en peut que vous conseiller sans réserve l'écoute de We're MilkCan.