K/DA est un groupe de champions du jeu, créé juste pour la finale.

Une cérémonie d'ouverture sur mesure pour les coréens

Le samedi 3 novembre, c'est jour de match. Les fans affluent dans le Stade Munhak, une infrastructure gigantesque qui peut accueillir jusqu'à 50 000 spectateurs. La moitié du stade a été réquisitionnée pour les écrans et ce sont plus de 26.000 spectateurs qui font le déplacement. Après les plus grandes stars coréennes du baseball, il accueille pour la première fois le plus grand match de l'année sur League of Legends. Ses gradins sont tellement grands que placés tout au bout, les présentateurs sur la scène sont de la taille d'une fourmi et il offre une vue surplombant la ville d'Incheon.

Cette finale s'annonce énorme, bien qu'un peu moins que celle de 2014, la dernière s'étant déroulée en Corée du Sud. Elle avait pris place dans le Stade de la Coupe du Monde de Seoul et avait accueilli pas moins de 40 000 spectateurs, où les coréens de Samsung White avaient triomphé. Cette année, pas d'équipe coréenne pour représenter le pays hôte, mais une cérémonie d'ouverture spécialement concoctée pour la communauté du pays.

Autour du stade, de nombreuses animations sont organisées pour les fans. Il y a les traditionnels arrière-plans pour prendre des photos à thème, des pancartes, la boutique qui sera prise d'assaut jusqu'à la fin et une tonne de camions pour se restaurer. Certains font aussi la queue pour des skins gratuits. Au milieu des manteaux d'hiver, on aperçoit des cosplayers courageux qui ont cousu des costumes à l'effigie de leurs champions préférés (et de tous âges). Certaines ont déjà leur costume des skins K/DA...

À côté des fans coréens, de nombreux chinois ont fait le déplacement pour soutenir Invictus Gaming : dans le stade, leurs drapeaux ondulent sur les parterres près de la scène, qui affichent le logo des finalistes avec la légende « L'espoir de l'Asie ». Tous ne viennent pas de Chine ; beaucoup sont expatriés ou étudiants en Corée du Sud et se rendent à Incheon pour l'occasion. C'est la même chose pour un bon nombre de fans occidentaux, comme Josh, 26 ans, qui porte un jersey Cloud 9 : « Je viens de Caroline du Nord. Mais j'étais en vacances ici, alors j'en ai profité pour venir ! ».

Tour d'horizon des cosplays.

16h30 : il est temps de passer aux choses sérieuses. Un décompte démarre à 59 secondes. La hype monte à chaque instant, jusqu'aux 10 dernières secondes incroyablement longues. Et au lancement, ce n'est pas l'hymne des Worlds que l'on entend, mais des voix coréennes féminines qui entament une chanson inédite.

Il s'agit de la musique de K/DA, un groupe fictif où les membres sortent tout droit de Runeterra, l'univers de League of Legends : Akali, Evelynn, Ahri et Kai'Sa. Les personnages en réalité augmentée s'avancent sur la scène et volent la vedette aux chanteuses bien réelles. L'année dernière, c'était le dragon ancestral qui avait pris vie dans le Stade National de Pékin. Cette année, c'est une véritable ode à la communauté coréenne qui est offerte au public : la chanson a tous les codes de la K-Pop (pop coréenne).

Riot Games a vu les choses en (très) grand : les deux artistes coréennes, Miyeon et Soyeon, font partie d'un groupe très tendance dans le pays, (G)I-DLE. Les deux autres artistes sont américaines, Madison Beer et Jaira Burns, et représentent bien le mélange entre les cultures coréenne et américaine. Sur l'écran principal, le clip musical (aussi créé pour l'occasion et qui a atteint 20 millions de vues à l'heure où nous écrivons) est diffusé, alors que la performance apparaît sur deux autres écrans sur le côté. Tout est fait pour éblouir : une floppée de danseurs accompagne les vedettes et les personnages, il y a des percussions et... des feux d'artifice. Oui oui.

La popularité de la performance dépasse les communautés K-Pop et League of Legends.

Après cette performance, il y a une transition, puis la performance de RISE. C'est l'hymne officiel de la compétition, avec une fois de plus un invité sud-coréen de marque : Bobby, rappeur du groupe iKon, qui fera une performance très suivie dans la communauté de fans sud-coréens. La performance est plus classique, mais les artistes transmettent une énergie folle aux spectateurs. Sur place, le calme des spectateurs asiatiques est déconcertant : nous sommes loin de la folie européenne. Malgré tout, le public offre une ovation digne de ce nom aux artistes... et c'est avec « Hypeman », de son nom Jeon Yongjun, qu'elle va vraiment se réveiller.

Cet animateur est un des seuls qui connaît le secret pour animer les foules de sa communauté. Déjà en 2014, à Seoul, il enflammait le public en faisant les présentations de Samsung White et Star Horn Royal Club. Au Munhak Stadium, quand il présente chaque joueur de Fnatic et Invictus Gaming, la foule s'anime. Même si Fnatic gagne les ovations des spectateurs, rien n'égale l'enthousiasme de la communauté chinoise pour les joueurs d'Invictus Gaming et de la coréenne pour TheShy et Rookie. Pour la finale, les fans ont remballé leurs jerseys de SKT T1 et KT. Ils sont là sous une seule bannière : celle d'Invictus Gaming.