Autant être clair, le genre des jeux de combat doit tout à Street Fighter II. Dès sa sortie, le titre de Capcom est assailli par les fans japonais et connait ensuite un succès retentissant de par le monde. Pour preuve, demander à n'importe quel trentenaire s'il connait Ryu et Ken. Dans 90% des cas, la réponse sera oui. Quels autres personnages de jeux de baston peuvent en dire autant ?

Street Fighter II : The World Warrior (1991 - Capcom - 2D)

L'incontournable, celui qui a réellement lancé le genre, c'est lui ! On y retrouve la volonté de proposer un casting varié (comme dans Yie Ar Kung Fu) avec 8 personnages jouables. Leurs looks particulièrement différents les uns des autres, ajoutés à une réalisation hors normes pour l'époque, restent une claque monumentale pour tous les joueurs qui ont découvert ce bijou lors de sa sortie en Arcade. Si on retrouve le système de puissance variable des coups à six boutons (Street Fighter), sous une forme différente, c'est surtout la qualité du gameplay qui reste dans les mémoires. Outre les coups spéciaux plus simples à sortir (même si c'était difficile de les exécuter à ce moment là puisque quasiment personne ne les connaissaient), c'est la possibilité de réaliser les premiers enchaînements de coups (combos) qui étonne. En effet, cette idée a révolutionné le genre, puisqu'elle assure à Street Fighter II une marge de progression absolument colossale et, surtout, totalement inédite au début des années 1990.

Art of Fighting (1992 - SNK - 2D)

Si Fatal Fury fût réellement le premier jeu de combat en réponse au phénomène Street Fighter II pour SNK, c'est Art of Fighting qui apporta sans doute le plus au genre. Des graphismes révolutionnaires, des personnages gigantesques à l'écran avec un zoom sur l'action lorsqu'ils s'approchent l'un de l'autre, et des visages qui se dégradent pendant les joutes l'ont rendu très populaire. Mais c'est finalement un autre concept dont on se souviendra, celui des furies. En effet, cette attaque secrète, qu'il fallait découvrir par soi-même, permettait, via une manipulation complexe, de lancer une attaque dont les coups s'enchaînaient automatiquement. Les dégâts de cette technique ultime, propre à chaque personnage, étaient tels qu'ils pouvaient renverser le cours d'un combat, afin de redonner l'avantage au joueur sur le point de perdre le round. Une idée révolutionnaire qui sera reprise par tous les jeux de combat par la suite, même ceux de Capcom, pourtant précurseurs dans le genre...

Mortal Kombat (1992 - Midway - 2D)

Du côté américain, l'engouement pour les jeux de combat a aussi fait des émules. C'est Midway qui s'est attelé à l'expérience et qui a pondu, sans doute, l'une des expérience de jeu les plus marquants de l'histoire. Mortal Kombat profite de personnages digitalisés, d'un univers extrêmement sombre et de coups particulièrement gores avec ses fameuses "Fatalities". Trois originalités qui viennent se greffer sur un système de combat particulier fonctionnant au moyen de cinq boutons (poings et pieds faibles, poings et pieds forts, garde) assurant une touche toute particulière au titre. Soulignons par la même occasion le système de déplacement un peu robotique des personnages, qui offre un cachet très spécial mais qui autorise des combos qui s'enchainent de manière logique.

Virtua Fighter (1993 - Sega - 3D)

Pas du genre à se laisser molester par la concurrence, Sega sort, deux ans après Street Fighter II, le premier jeu de combat en 3D temps réel de l'histoire. Il faut bien comprendre qu'à l'époque personne n'avait jamais joué à un jeu sous cette forme. Plus qu'une révolution, Virtua Fighter apportait, et c'est le cas de le dire, une toute nouvelle dimension au genre. Développé par Yu Suzuki (Space Harrier, Shenmue, etc.) et les équipes de l'AM-2, Virtua Fighter dispose, en plus, d'un gameplay aux petits oignons, particulièrement technique, qui vaut encore aujourd'hui dans les derniers volets de la saga tant il est fin, pointu, et tactique à la fois.

Samurai Shodown (1993 - SNK - 2D)

Alors que SNK mène de front déjà deux séries de jeux de combat, Art of Fighting et Fatal Fury, le développeur tente encore de se diversifier, en opposition à Capcom qui signe des suites à succès de Street Fighter II. Samurai Shodown (ou Samurai Spirit au Japon) voit donc le jour pour proposer, pour la toute première fois, des combats à l'arme blanche dans un japon médiéval superbement animé. Grâce à une identité graphique unique et des combats qui se jouent à la fois sur la distance et les enchaînements, Samurai Spirit connait un succès retentissant, qui inspirera d'autres développeurs les années suivantes, mais aussi des séries magistrales dont The Last Blade (1997 - SNK).

Tekken (1994 - NamcoT - 3D)

Alors que du côté de la 2D, SNK et Capcom se font une guerre à coups de suites plus séduisantes les unes que les autres, Sega s'impose sans mal sur le jeu de combat 3D jusqu'à l'arrivée d'un certain Tekken. Profitant de personnages 3D, et surtout texturés, le jeu de Namco remporte un certain succès. Notamment par le biais d'une jouabilité unique pour l'époque : chaque bouton correspondant à un membre du personnage utilisé. Tout comme Mortal Kombat, Tekken bénéficie de combats assez logiques et surtout, calqués sur de véritables arts martiaux, facilement reconnaissables.

Killer Instinct (1994 - Rareware - 2D)

Toujours en avance sur son temps, Rare se lance dans la bataille en 1994. Killer Instinct nous propose un jeu avec des personnages 3D modélisés, et animés sur les puissants ordinateurs d'imagerie de synthèse Silicon Graphics, puis réintégrés sous forme digitalisée, et un système de combat original qui fait la part belle aux enchaînements à rallonges spectaculaires. Il reste dans les mémoires de certains pour ses combos (les fameuses Ultra, voire certaines infinies) ou encore son côté légèrement gore.

The King of Fighters '94 (1994 - SNK - 2D)

SNK joue, là encore, la carte de la diversité en proposant, cette fois, un best of des combattants de toutes ses séries dans un même titre. Ce concept séduit évidemment les fans, d'autant que le soft se joue par équipes de trois personnages. Il ne suffit donc plus de maitriser un seul combattant mais bien trois pour avoir une chance de remporter la mise. Ce premier titre incontournable ouvrira la voix aux cross-over et à de nouvelles mécaniques de jeu telles que les strikers (intervention éclair d'un autre personnage), aux systèmes de furies avancés et à un gameplay renouvelé à chaque volet (de KoF 96 à KoF 2002 UM).

Taisen, mon amour...

Si Street Fighter II est l'élément déclencheur de l'intérêt pour la baston, il a été accompagné lors de sa sortie par une nouveauté de taille : les bornes d'Arcade Taisen. Il s'agit de deux cabinets d'Arcade reliés entre eux et qui se font face. De cette manière, le joueur qui s'oppose à vous ne peut voir votre manette et vos boutons, ceci afin d'éviter toute triche ou anticipation inconvenue. Ce système permet aussi de se défier sans échanger de parole avec son adversaire. On met, tout simplement, sa pièce dans la borne et on lance le combat. Le système est si bien pensé qu'il est devenu un standard dans le domaine et fût exploité dans toutes les salles de jeux du Japon !