Mais nous n'avons pas traversé la France pour seulement vous décrire la joyeuse et studieuse ambiance qui émane du studio DigixArt. Après avoir fait connaissance avec la petite troupe dirigée par Yoan et Anne-Laure Fanise, nous voici installés face à une toute nouvelle démo issue de la version finale du jeu.

Veni, Vidi, Vimy

La séquence s'intercale entre les deux phases qui étaient jouables à Cologne il y a quelques semaines, quelque part entre le départ de Harry et Kurt pour le front et la fameuse bataille de la crête de Vimy. Avant les explosions et les dérives du militarisme, nous voici donc aux commandes de Kurt, l'allemand à la recherche de son fils dont le bataillon reste porté disparu. Le saxon fait preuve d'une patience à toute épreuve, puisqu'il nous faut comme chaque jour qui passe interroger la pauvre piétaille à la recherche d'informations sur l'unité en question.

La tranchée exiguë dans laquelle les troupes de l'Empire tuent le temps comme ils peuvent, est aménagée tant bien que mal, avec quelques planches qui contiennent la boue environnante, et permet de se déplacer assez rapidement d'une partie à l'autre, le temps de remplir une jauge de renseignements, qui n'avance pourtant pas le Vater pour autant. Mais alors que cette journée s'apprête à ressembler à toutes les autres, un signal radio vient redonner un peu d'espoir à l'ex-fabricant de Zeppelin, qui n'aura alors de cesse de demander jour après jour son transfert pour se rapprocher de son fils, ou de ce qu'il en restera...

Si les interactions étaient quelque peu limitées côté allemand, le changement est radical alors que l'action s'ouvre bien plus côté canadien. Harry, le photographe doublé par Elijah Wood profite en effet d'un semblant de liberté pour explorer la base reculée, même si son supérieur vient rapidement lui réclamer quelques services. Le décor est en effet propice à la photographie, et l'arrière-front réclame semble-t-il des images d'Épinal.

Anti-militariste jusqu'au bout des ongles, votre serviteur aura tout tenté pour ne pas accoucher d'un cliché propagandiste, mais rien n'y fait : sans canon phallique et sans drapeau, il n'est pas possible de poursuivre l'histoire. Mais selon François Rizzo, le personnage n'est pas si manichéen qu'il le laisse croire :

Je pense que c'est le personnage auquel les gens vont le plus s'identifier : il est attachant parce qu'il est un peu taré, mais il peut se montrer très humain dans les moments calmes. Pour lui, ses hommes ne sont pas de la vulgaire chair à canon.

Les vues de l'esprit

Ledit sergent nous laisse heureusement plus de liberté une fois la séquence du canon terminée, et l'on découvre alors qu'Harry dispose de quelques plaques pour capturer ce qu'il souhaite, en dehors des objectifs principaux. Si cette option satisfera les joueurs curieux qui souhaitent explorer à fond l'univers impressionniste de 11-11 Memories Retold, les quelques vues conservées serviront également la narration avec Julia, restée au pays :

En fonction de la photo que l'on envoie à Julia, on reçoit plus tard une lettre de sa part qui commente ce que l'on a envoyé, et la partie devient assez personnelle. Cette mécanique fait exister le personnage alors qu'on ne le voit qu'un quart d'heure en début de partie. À plus long terme, nous réutilisons les photos que le joueur à réalisées. FireWatch faisait ça avec un appareil jetable qui te montrait à la fin du jeu les vues de la personne qui l'avait eu en main, et j'avais trouvé ça vraiment génial.

Nous avons perdu ça avec le numérique, il n'existe plus de décalage. Je voulais que l'on puisse redécouvrir quelque chose qu'on avait créé. Parfois, le sens même de la photo change : l'image est en soi neutre, mais ce que les gens voient et perçoivent sera très personnel, et il n'existe plus de barrière de la langue.

Et justement, après avoir exploré ses environs et rencontré un soldat indien qui témoigne de la volonté de traiter entre autres des "premiers de cordée" du front allié, Harry se retrouve face à ce choix. Quel cliché envoyer à sa belle ? Celui des soldats canadiens oeuvrant à la tâche comme le souhaite a priori la population, ou celui d'un goéland photographié lors de la traversée, forcément moins héroïque, mais aussi moins angoissant ?

Malheureusement, la très courte session ne nous aura pas permis de connaître le retour de la belle, n'y d'essayer l'une des phases collaboratives qui amèneront Kurt et Harry à travailler ensemble "à la Lost Vikings" cher à Trazom, comme le mentionnait François.

11-11 Memories Retold promet sur le papier beaucoup de choses, mais il faudra patienter encore quelques semaines pour découvrir le résultat final, qui aura profité d'une communication tardive pour s'annoncer, un bon moyen de ne pas dévier de sa ligne de conduite selon le game designer :

Nous avons eu la chance d'avoir une réception tardive, car personne ne connaissait vraiment l'existence du jeu. Pour moi, c'est une bonne approche, car cela permet d'en faire un jeu plus personnel. Même si l'on cherche à ne pas être influencé par les remarques, c'est difficile de s'en détacher une fois qu'on les a en tête.

ON L'ATTEND... AVEC BEAUCOUP DE CURIOSITÉ !

Nous quittons 11-11 Memories Retold avec encore bien des questions en tête, et beaucoup de promesses sur le papier. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour juger de la version finale et de ses 10 à 15 heures de jeu promises, puisque la première aventure de DigixArt sur consoles débarquera très logiquement pour célébrer le centenaire de l'armistice de la Première Guerre Mondiale le 9 novembre prochain, sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.